La silhouette de bronze d’Emily Murphy, qui se dressait depuis des décennies dans le parc Emily Murphy, n’était pas qu’une simple statue — c’était une compagne familière pour d’innombrables Edmontoniens. Lorsqu’elle a disparu au printemps dernier, l’onde de choc s’est propagée dans notre communauté comme un caillou jeté dans la rivière Saskatchewan Nord.
Maintenant, après des mois d’enquête, la Police d’Edmonton a inculpé un homme de 51 ans en lien avec le vol — mais pas pour avoir volé la statue elle-même. Dans un rebondissement inattendu, les accusations concernent le panneau d’adresse du parc qui a disparu en même temps que le monument dédié à l’une des figures historiques les plus importantes de notre ville.
« L’enquête se poursuit concernant la statue elle-même, » m’a confié l’agente Melanie Simard hier lors de ma visite au quartier général du Service de police d’Edmonton au centre-ville. « Cette accusation concerne spécifiquement le marqueur d’adresse qui a été pris sur le site durant le même incident. »
Selon les dossiers de police, Dean Olson fait face à une accusation de vol de moins de 5 000 $ pour avoir prétendument pris le marqueur d’adresse métallique. Les dates d’audience ont été fixées pour début décembre, mais l’effigie en bronze de Murphy — évaluée à environ 36 000 $ — reste introuvable.
Cette absence laisse un vide à la fois physique et symbolique dans l’un des parcs les plus appréciés de la vallée de la rivière d’Edmonton.
« Emily Murphy n’était pas simplement une figure historique; elle a contribué à façonner les fondements mêmes des droits des femmes canadiennes, » explique Catherine Cole, historienne locale et consultante culturelle. « Son absence dans cet espace en dit long sur ce que nous risquons de perdre lorsque nous ne protégeons pas notre patrimoine commun. »
Murphy, décédée en 1933, a gagné sa place dans l’histoire canadienne comme l’une des « Célèbres cinq » qui ont réussi à faire reconnaître les femmes comme des personnes en vertu de la loi canadienne. L’affaire « Personne » de 1929, comme on l’appelle désormais, a ouvert la voie à la nomination de femmes au Sénat et a marqué un moment décisif pour les droits des femmes au Canada.
La disparition de la statue en mai dernier a choqué les utilisateurs du parc et les défenseurs du patrimoine. La figure de bronze se tenait à son emplacement au bord de la rivière depuis 1987, résistant à des décennies de changements saisonniers dramatiques d’Edmonton.
« Je me promène dans ce parc depuis près de vingt ans, » confie Sandra Michaels, résidente de Riverdale, que j’ai rencontrée en visitant le socle vide où Murphy se tenait autrefois. « C’est comme perdre une voisine. On ne réalise pas à quel point quelque chose compte jusqu’à ce qu’il disparaisse. »
Le Bureau de planification du patrimoine de la Ville d’Edmonton indique que cette statue était l’un des rares monuments publics dédiés aux femmes dans notre ville. Son absence met en lumière les discussions en cours sur la représentation dans les espaces publics.
Le vol de mét