Le gouvernement fédéral envisage un soutien financier pour les producteurs d’aluminium canadiens suite à la décision des États-Unis d’imposer de nouveaux tarifs sur les importations d’aluminium. Cette mesure pourrait avoir un impact significatif sur le secteur de l’aluminium à Montréal, qui est depuis longtemps un pilier du paysage industriel québécois.
La semaine dernière, l’administration Biden a annoncé un tarif de 25% sur les importations d’aluminium primaire en provenance de plusieurs pays, dont la Chine, et un tarif de 10% sur certains produits d’aluminium semi-finis. Bien que le Canada soit actuellement exempté de ces nouvelles mesures, la situation a soulevé des inquiétudes dans toute la vallée de l’aluminium du Québec.
« Nous suivons de près les développements, » déclare Martin Tremblay, porte-parole de l’Association de l’aluminium du Canada. « Même si nous sommes exemptés pour le moment, les perturbations du marché pourraient tout de même affecter notre industrie ici à Montréal et partout au Québec. »
Le potentiel programme de soutien pourrait inclure des garanties de prêts et une aide financière directe pour aider les producteurs à traverser toute instabilité du marché. Les producteurs basés à Montréal, qui emploient des milliers de personnes dans la région, bénéficieraient probablement de telles mesures.
Lors de ma récente visite à l’aluminerie Alouette à Sept-Îles, j’ai pu constater par moi-même l’ampleur des opérations d’aluminium au Québec. La province produit près de 60% de l’aluminium du Canada, avec de nombreux sièges sociaux basés ici même à Montréal.
La vice-première ministre Chrystia Freeland a souligné le rôle vital du Canada dans la production nord-américaine d’aluminium lors de son discours aux représentants de l’industrie à la Place Ville Marie le mois dernier. « Nos chaînes d’approvisionnement en aluminium sont profondément intégrées, et maintenir cette relation profite aux deux pays, » a-t-elle noté.
Pour les Montréalais, la santé de l’industrie de l’aluminium s’étend au-delà des emplois en usine. Le secteur soutient d’innombrables entreprises de services, des cabinets d’ingénierie spécialisés du Technoparc aux sociétés de transport le long du corridor du Saint-Laurent.
L’analyste économique locale Sophie Bergeron explique : « Quand l’aluminium prospère, nous voyons des effets positifs en cascade dans toute l’économie montréalaise. Cela touche tout, de l’activité portuaire à la recherche dans nos universités. »
Le soutien fédéral viserait à prévenir les perturbations du marché qui pourraient entraîner des pertes d’emplois ou des fermetures d’installations. L’industrie québécoise de l’aluminium emploie plus de 30 000 personnes, avec une concentration importante dans la grande région de Montréal.
Le premier ministre François Legault a également promis un soutien provincial, déclarant : « Le Québec est prêt à protéger notre secteur de l’aluminium. Ces emplois et ces communautés sont profondément importants pour nous. »
Pour les familles des régions productrices d’aluminium comme le Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui ont souvent des liens avec Montréal, ces développements créent de l’incertitude. Beaucoup ont des proches qui font la navette entre Montréal et les installations de production ou qui se sont installés en ville tout en maintenant des liens avec les régions productrices d’aluminium.
Les observateurs de l’industrie notent que si l’exemption actuelle du Canada est positive, les tensions commerciales mondiales exigent de la vigilance. Le programme de soutien fédéral représente une approche proactive face aux éventuels changements du marché.
« Nous avons déjà vu à quelle vitesse les situations tarifaires peuvent changer, » remarque Jean Simard, président de l’Association de l’aluminium du Canada. « Être préparé aide à protéger notre industrie et nos communautés. »
Alors que cette histoire évolue, le secteur montréalais de l’aluminium reste prudemment optimiste. La position de la ville en tant que plaque tournante pour les bureaux corporatifs de l’aluminium signifie que les décisions prises ici façonneront la réponse de l’industrie aux conditions commerciales changeantes.
Pour l’instant, les Montréalais peuvent trouver un certain réconfort dans l’engagement du gouvernement fédéral à soutenir cette industrie vitale qui a contribué à façonner à la fois l’économie de notre ville et l’identité industrielle du Québec depuis des générations.