Le Successeur du Directeur Parlementaire du Budget Incertain alors que Giroux Attend une Décision Future

Sara Thompson
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Le silence est assourdissant pour le chien de garde budgétaire du Canada alors que son mandat approche de sa fin. Le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, dont le bureau fournit des analyses financières indépendantes aux législateurs, affirme n’avoir reçu aucune indication quant à son éventuelle reconduction lorsque son mandat expirera en septembre prochain.

« Personne ne m’a parlé de ce qui vient après, » m’a confié Giroux lors d’une récente entrevue dans son bureau d’Ottawa. « Je ne sais pas s’ils veulent que je continue ou s’ils cherchent quelqu’un d’autre. »

Giroux, qui occupe ce poste depuis 2018, a gagné le respect de tous les partis grâce à ses évaluations directes des finances gouvernementales. Les rapports de son bureau remettent souvent en question les narratifs gouvernementaux, fournissant aux parlementaires des analyses indépendantes cruciales sur tout, des projections budgétaires au coût des principales politiques.

Le Bureau du directeur parlementaire du budget a été créé en 2008 dans le cadre de la Loi fédérale sur la responsabilité sous l’ancien premier ministre Stephen Harper. Il est depuis devenu un contrepoids essentiel aux affirmations financières du gouvernement, quel que soit le parti au pouvoir.

« Ce rôle nécessite quelqu’un capable de dire la vérité au pouvoir, » explique Sahir Khan, vice-président exécutif de l’Institut d’études fiscales et de démocratie de l’Université d’Ottawa. « Giroux a réussi à maintenir sa crédibilité auprès de tous les partis tout en présentant des réalités financières parfois inconfortables. »

Le processus de nomination du DPB exige une consultation avec les partis d’opposition, ce qui en fait l’un des rares postes de haut niveau nécessitant un soutien multipartite. Cette disposition aide à garantir que le bureau maintient son indépendance vis-à-vis du gouvernement en place.

« Ce qui rend le DPB efficace, c’est que l’analyse financière arrive sans empreintes partisanes, » note l’ancien directeur parlementaire du budget Kevin Page. « Les Canadiens méritent de connaître les coûts réels des décisions gouvernementales, pas seulement les arguments politiques. »

Le mandat de Giroux a couvert des périodes financières turbulentes, notamment la période de dépenses massives liées à la pandémie et les défis inflationnistes qui ont suivi. Les analyses de son bureau sur la trajectoire du déficit fédéral et de la dette ont fréquemment fait les manchettes, contredisant parfois les projections plus optimistes du gouvernement.

Le bureau de la ministre des Finances Chrystia Freeland a refusé de commenter sur la reconduction potentielle de Giroux, indiquant seulement que « le gouvernement valorise le travail des agents indépendants du Parlement » lorsque contacté pour cet article.

Le critique en matière de finances du Parti conservateur, Jasraj Singh Hallan, a déclaré que son parti estime que le rôle du DPB « doit rester farouchement indépendant » et que tout processus de succession devrait être transparent. « Les Canadiens méritent une responsabilité financière, peu importe qui détient le pouvoir, » a affirmé Hallan.

Cette incertitude survient alors que le Canada fait face à d’importants défis fiscaux. La dette fédérale a dépassé 1,2 billion de dollars, et les paiements d’intérêts seuls dépassent maintenant 40 milliards de dollars par année. Quiconque occupera le poste de DPB devra fournir une analyse claire de ces réalités fiscales.

Jonathan Malloy, professeur de sciences politiques à l’Université Carleton, suggère que ce retard pourrait simplement refléter les priorités du gouvernement. « Ces nominations sont parfois reléguées au second plan jusqu’à l’approche des échéances, » a expliqué Malloy. « Cela ne signifie pas nécessairement quelque chose concernant la performance de Giroux. »

Pour sa part, Giroux affirme qu’il se concentre sur le travail en cours plutôt que sur son avenir. Son bureau a récemment publié des rapports sur les impacts de la tarification du carbone et la durabilité des transferts en santé qui ont généré d’importants débats au Parlement.

« Mon travail n’est pas de me faire des amis au gouvernement, » a déclaré Giroux. « C’est de donner aux parlementaires des informations financières précises pour qu’ils puissent prendre des décisions éclairées au nom des Canadiens. »

L’indépendance du DPB a parfois été mise à l’épreuve. En 2021, le bureau a fait l’objet de critiques lorsqu’il a cherché à obtenir des données sur les paiements de prestations liées à la pandémie, certains ministères résistant initialement aux demandes d’information. Après la pression du public, la plupart des informations ont finalement été fournies.

Alors qu’Ottawa se prépare pour une autre saison budgétaire ce printemps, la question de savoir qui dirigera ce bureau de surveillance crucial au-delà de 2025 reste sans réponse. Quelle que soit la décision du gouvernement, les défenseurs de la transparence financière soulignent que le maintien de l’indépendance du bureau devrait être primordial.

« Le DPB sert le public en allant au-delà des discours financiers politiques, » a déclaré Toby Sanger, directeur exécutif de Canadiens pour une fiscalité équitable. « Cette fonction est trop importante pour qu’on en fasse un enjeu politique. »

En me promenant sur la Colline du Parlement par un matin d’hiver frais, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir à la façon dont les rapports du DPB sont devenus une lecture essentielle pour quiconque couvre la politique fédérale. Que le gouvernement apprécie ou non leurs conclusions, ces analyses forment l’épine dorsale d’un débat éclairé sur l’avenir financier du Canada.

Pour l’instant, Giroux poursuit son travail, laissant les chiffres raconter leur histoire pendant que son propre avenir professionnel demeure un point d’interrogation sur l’horizon politique d’Ottawa.

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