Je me souviens encore du frisson qui m’a traversé en siégeant au troisième rang de l’Assemblée législative de l’Alberta hier. On aurait pu entendre une mouche voler lorsque la ministre Tanya Fir s’est levée pour annoncer la nouvelle stratégie décennale de l’Alberta pour combattre la violence fondée sur le genre.
« Ce n’est pas qu’une simple politique – il s’agit de sauver des vies, » a déclaré Fir, la voix ferme mais émue en dévoilant ce plan exhaustif qui a nécessité près de deux ans de développement.
En tant que personne qui couvre les enjeux communautaires à Edmonton depuis plus d’une décennie, j’ai interviewé trop de survivantes dont les histoires me tiennent encore éveillé la nuit. Cette annonce semblait différente – plus substantielle que les engagements gouvernementaux précédents.
La nouvelle Stratégie albertaine contre la violence fondée sur le genre vise à coordonner les efforts à travers de multiples secteurs avec un investissement initial de 5,2 millions de dollars. Le plan s’articule autour de quatre piliers clés : prévention, protection, partenariat et poursuite judiciaire.
« Nous adoptons une approche impliquant l’ensemble de la société, » a expliqué Fir. « Aucune organisation ou palier gouvernemental ne peut s’attaquer seul à cette crise. »
Ce qui m’a le plus frappé, c’était de voir des représentants des communautés rurales et urbaines hocher la tête en signe d’approbation. La stratégie albertaine reconnaît les défis uniques auxquels font face différentes populations – les femmes autochtones subissent des taux de violence trois fois plus élevés que les femmes non-autochtones, tandis que les victimes en milieu rural sont souvent confrontées à un accès limité aux services.
Jan Reimer, directrice générale du Conseil des refuges pour femmes de l’Alberta, a qualifié la stratégie « d’étape cruciale » tout en soulignant le besoin d’un financement durable. « Ces services sauvent des vies, mais ils nécessitent un soutien constant pour être efficaces, » m’a-t-elle confié après l’annonce.
Le plan inclut l’expansion des options d’hébergement d’urgence et l’amélioration des services de soutien aux survivantes. Il se concentre également sur la prévention par des initiatives éducatives ciblant les jeunes.
Après la présentation officielle, j’ai parlé avec Samantha Mason, une survivante devenue défenseure des droits. « Cette stratégie aborde plusieurs lacunes dont nous parlons depuis des années, » a-t-elle dit. « Mais la mise en œuvre sera le véritable test. »
Les statistiques du Service de police d’Edmonton montrent une inquiétante augmentation de 12% des appels liés à la violence conjugale depuis 2019. La surintendante Kellie Morgan croit que l’accent mis par la nouvelle stratégie sur une réponse coordonnée pourrait aider à inverser cette tendance.
« Quand les agences travaillent en silos, des personnes passent entre les mailles du filet, » a expliqué Morgan. « Ce cadre crée des voies d’intervention plus claires. »
Des critiques ont remis en question si le financement initial correspond à l’ampleur ambitieuse de la strat