La brume qui flottait au-dessus du Stade McMahon hier n’était pas seulement due à l’excitation d’avant-match. Pour la première fois depuis longtemps, les Stampeders de Calgary et les Roughriders de la Saskatchewan se sont retrouvés en attente à cause d’un facteur complètement hors de leur contrôle – la fumée des feux de forêt.
Debout sur les lignes de touche trois heures avant le coup d’envoi, on pouvait la goûter dans l’air. Cette saveur âcre familière qui est devenue une visiteuse saisonnière indésirable dans notre ville. L’Indice de la qualité de l’air avait grimpé à 8 – fermement dans la catégorie « risque élevé » – ce qui a poussé les officiels de la LCF à retarder le match de près de deux heures.
« La sécurité des joueurs passe toujours en premier, » m’a confié l’entraîneur-chef des Stampeders, Dave Dickenson, alors que les joueurs se promenaient dans le vestiaire pendant cette pause inattendue. « Nous nous sommes préparés pour ce match toute la semaine, mais on ne peut pas se préparer à un air dangereux à respirer. »
La fumée des feux de forêt, provenant des incendies du nord de l’Alberta et de la Colombie-Britannique, a créé une atmosphère surréaliste à McMahon. Les lumières du stade perçaient la brume comme des phares dans un brouillard dense, et les montagnes – normalement visibles depuis les gradins ouest – avaient complètement disparu.
Pour Margaret Wilson, détentrice d’un abonnement de saison qui n’a manqué aucun match à domicile depuis 22 ans, le retard a suscité des émotions mitigées. « J’ai supporté des blizzards et des orages pour regarder mes Stamps, » a-t-elle dit, en ajustant son foulard rouge et blanc remonté sur son nez. « Mais cette fumée, c’est différent. On ne peut pas y échapper. »
Les responsables de la gestion des urgences de la Ville de Calgary ont noté une augmentation de 30% des appels d’urgence liés à des problèmes respiratoires pendant les récents épisodes de fumée. La décision de retarder le match était conforme aux directives sanitaires qui recommandent de limiter les activités extérieures lorsque la qualité de l’air se détériore au-delà de certains seuils.
« Nous constatons que ces événements sont de plus en plus fréquents, » a expliqué le Dr Alan Richardson, spécialiste en pneumologie à l’Université de Calgary. « La combinaison de l’effort physique et de la mauvaise qualité de l’air peut créer des risques importants pour la santé, surtout pour les athlètes qui poussent leur système cardiovasculaire à la limite. »
Lorsque le match a finalement débuté à 21h15, les gradins étaient visiblement plus clairsemés. De nombreux partisans souffrant de problèmes respiratoires avaient choisi de rentrer chez eux, suivant les recommandations de santé publique. Ceux qui sont restés ont assisté à une rencontre quelque peu laborieuse que les Stampeders ont finalement perdue 24-17.
Le quart-arrière Jake Maier a reconnu que ces circonstances inhabituelles ont pu affecter le jeu. « Ce n’est pas une excuse, mais le retard perturbe votre rythme, » a-t-il expliqué après le match, la voix légèrement enrouée. « Vous vous échauffez, vous refroidissez, vous vous échauffez à nouveau. C’est aussi éprouvant mentalement que physiquement. »
Ce n’est pas la première fois que le sport calgarian est aux prises avec des problèmes de fumée. En 2018, les Flames de Calgary avaient délocalisé leurs séances d’entraînement pendant des saisons de feux de forêt particulièrement graves. Cependant, hier marquait le premier report officiel d’un match de la LCF attribué spécifiquement à des préoccupations de qualité de l’air.
Les climatologues d’Environnement Canada ont prédit que l’Ouest canadien fera probablement face à des saisons de feux de forêt plus fréquentes et intenses dans les années à venir. Pour les organisations sportives comme les Stampeders, cela présente un défi logistique croissant.
« Nous développons de nouveaux protocoles spécifiquement pour les événements liés à la qualité de l’air, » a confirmé le président des Stampeders, John Hufnagel. « Tout comme nous avons des plans pour les intempéries, nous avons maintenant besoin de plans d’urgence pour la fumée qui prennent en compte tout, de la santé des joueurs à l’expérience des fans. »
Pour les Calgariens de longue date, la prévalence croissante des jours de fumée représente un changement indésirable dans la réalité climatique de notre ville. Les cieux d’un bleu éclatant qui encadrent typiquement le Stade McMahon ont été de plus en plus obscurcis par une brume gris-brun pendant les mois d’été.
Les commerces locaux autour du stade ont également ressenti l’impact. Rita Sandhu, propriétaire du Touchdown Sports Bar en face de McMahon, a décrit une soirée chaotique. « Nous avions salle comble, puis tout s’est vidé quand le retard a été annoncé, puis s’est rempli à nouveau, puis s’est partiellement vidé quand certains ont décidé de ne pas rester pour le coup d’envoi tardif. Il était impossible de prévoir le personnel correctement. »
La décision de la LCF a finalement privilégié la santé plutôt que le calendrier – un choix que la plupart des partisans à qui j’ai parlé ont soutenu malgré les désagréments. L’abonné Tom Briscoe a résumé le sentiment de beaucoup: « Je veux voir des plaquages brutaux sur le terrain, pas être en train de lutter pour respirer dans les gradins. »
Alors que les modèles climatiques continuent d’évoluer, le retard d’hier pourrait représenter une nouvelle normalité pour les événements extérieurs dans notre ville. Pour une culture sportive construite autour de la prévisibilité et de la tradition, s’adapter à ces perturbations environnementales présente des défis tant pratiques que psychologiques.
Les Stampeders doivent s’entraîner en plein air demain, bien que les responsables de l’équipe aient indiqué qu’ils surveillent les prévisions de qualité de l’air et disposent de plans de contingence intérieurs. Pour une équipe qui connaît déjà des difficultés cette saison, ces perturbations environnementales ajoutent une couche supplémentaire de complexité à leur course aux séries éliminatoires.
En traversant le stationnement après le match, l’odeur de fumée s’accrochait aux vêtements et aux cheveux – un rappel sensoriel de la façon dont notre climat changeant s’infiltre dans tous les aspects de la vie à Calgary, même dans nos traditions de football bien-aimées.