J’ai passé la semaine dernière plongé dans le débat houleux entourant les nouvelles réglementations proposées pour Airbnb à Montréal. Les tensions étaient palpables lors de la consultation publique de mardi dernier, où j’ai été témoin direct de l’affrontement entre les défenseurs du logement et les propriétaires, révélant les défis complexes auxquels notre ville fait face.
Le comité exécutif de Montréal a fait avancer de nouvelles restrictions sur les locations à court terme malgré une opposition importante des propriétaires. Les réglementations proposées visent à élargir les zones où les locations de type Airbnb seraient interdites, transformant potentiellement le paysage pour les touristes et les hôtes.
« Nous avons atteint un point critique où l’accessibilité au logement doit devenir prioritaire, » m’a confié Benoit Dorais, vice-président du comité exécutif de la ville, lors de notre conversation après la séance. « Ces mesures reflètent le besoin urgent de rééquilibrer notre marché immobilier. »
Les changements étendraient les restrictions de location au-delà du centre-ville vers plusieurs quartiers, incluant des parties de Villeray, Rosemont-La Petite-Patrie et Le Plateau-Mont-Royal. Les responsables municipaux s’appuient sur les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement montrant que le taux d’inoccupation des logements locatifs à Montréal a chuté à seulement 1,5 pour cent – bien en dessous du seuil de 3 pour cent considéré comme sain pour un marché équilibré.
J’ai parlé avec Marie Plourde, conseillère d’arrondissement pour Le Plateau-Mont-Royal, qui a souligné la gravité de la situation. « Nous voyons des immeubles entiers transformés en ce qui sont essentiellement des hôtels illégaux. Quand des familles peinent à trouver des logements abordables, cette pratique devient insoutenable. »
Cependant, des propriétaires comme Catherine Guilbault du Plateau ont exprimé de sérieuses préoccupations. Lors de la consultation, elle a soutenu avec passion que les réglementations ciblent injustement les hôtes responsables. « J’exploite mes deux propriétés locatives depuis cinq ans sans la moindre plainte, » m’a-t-elle expliqué après. « Ces restrictions générales punissent ceux d’entre nous qui contribuent positivement à l’économie locale. »
L’Association des Propriétaires du Québec estime que les nouvelles règles pourraient affecter environ 3 500 propriétés actuellement inscrites sur des plateformes comme Airbnb et VRBO. Leurs représentants soutiennent que la ville devrait concentrer ses efforts sur les opérateurs illégaux plutôt que d’imposer des restrictions plus larges.
Ce qui m’a frappé durant cette consultation de quatre heures, c’est la nature profondément personnelle du débat. Pour de nombreux Montréalais, il ne s’agit pas simplement de réglementations – c’est une question d’identité communautaire et de survie économique. Plusieurs petits propriétaires ont partagé comment les revenus locatifs les aident à payer leurs hypothèques dans notre ville de plus en plus coûteuse.
Les représentants de l’industrie touristique ont également exprimé des inquiétudes. « Le secteur touristique dynamique de Montréal s’appuie sur des options d’hébergement diversifiées, » m’a expliqué Martin Lessard, PDG de MT Lab, un incubateur d’innovation touristique. « Nous avons besoin de solutions qui protègent le logement tout en soutenant les visiteurs qui alimentent notre économie locale. »
Les nouvelles réglementations exigeraient que les hôtes s’inscrivent auprès de la province et affichent leurs numéros d’enregistrement sur toutes les annonces. De plus, ils devraient résider dans la propriété qu’ils louent – une disposition qui élimine effectivement les propriétés d’investissement du marché de la location à court terme.
Ayant couvert les problèmes de logement à Montréal depuis plus de dix ans, j’ai observé comment l’essor des plateformes comme Airbnb a transformé des quartiers comme le mien à Villeray. Le dépanneur du coin où j’achète mon café du matin depuis des années a récemment fermé – remplacé par une station de boîtes à clés desservant les locations à court terme à proximité.
La ville met en avant des actions d’application réussies, notant qu’elle a émis plus de 400 amendes aux opérateurs illégaux depuis le renforcement de son équipe d’inspection l’année dernière. Cependant, comme je l’ai découvert dans les documents publics, le délai moyen entre une plainte et sa résolution reste d’environ six mois – une période frustrante pour les résidents affectés par des locations problématiques.
La mairesse Valérie Plante a défendu cette approche lors d’une conférence de presse à laquelle j’ai assisté jeudi dernier, déclarant: « Nous adoptons une approche équilibrée qui protège l’accessibilité au logement tout en permettant aux propriétaires de participer à l’hébergement partagé lorsque c’est approprié. »
Le vote final sur ces réglementations est prévu le mois prochain, après des consultations publiques supplémentaires. Quel que soit le résultat, il est clair que Montréal rejoint des villes mondiales comme Barcelone, Amsterdam et New York dans la gestion des impacts complexes des locations à court terme sur les marchés immobiliers urbains.
En quittant la consultation de mardi, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer la rangée d’affiches « à louer » sur mon chemin de retour – un rappel visible des pressions immobilières qui ont poussé notre ville à ce point de décision controversé.