Le projet de loi 106 sur la santé à Montréal suscite l’opposition des médecins

Amélie Leclerc
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La pluie ne les a pas découragés. Des centaines de médecins en blouse blanche se sont rassemblés hier devant l’Assemblée nationale à Québec, leur message étant clair et urgent : le projet de loi 106 menace les fondements mêmes des soins aux patients dans notre province.

En me tenant parmi la foule, la passion était palpable. Dre Marie Rochette, médecin de famille de l’est de Montréal avec 27 ans d’expérience, tenait fermement sa pancarte artisanale sur laquelle on pouvait lire « Les patients avant la politique », la détermination se lisant dans son regard.

« Ce projet de loi mécomprend fondamentalement notre façon de pratiquer la médecine, » m’a-t-elle confié, sa voix à peine audible au-dessus des chants de « On vous écoute! » qui parcouraient la foule. « Ils nous demandent de sacrifier la qualité des soins pour des quotas arbitraires. »

Le projet de loi 106, présenté le mois dernier par le ministre de la Santé Christian Dubé, vise à accroître l’accessibilité aux soins de santé en exigeant que les médecins de famille acceptent davantage de patients et travaillent des heures supplémentaires dans les hôpitaux et les urgences. La législation menace de pénalités les médecins qui ne s’y conforment pas, incluant de possibles réductions de salaire allant jusqu’à 30 pour cent.

La Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) estime que le projet de loi forcerait les médecins de famille à travailler jusqu’à 12 heures supplémentaires par semaine aux urgences. Dr Marc-André Amyot, président de la FMOQ, n’a pas mâché ses mots en s’adressant aux manifestants.

« Nous sommes déjà étirés au-delà de nos limites, » a-t-il déclaré. « Ajouter des heures obligatoires ne fera que pousser davantage d’entre nous vers une retraite anticipée ou hors de la province. »

Selon les données du ministère de la Santé, le Québec fait actuellement face à une pénurie d’environ 1 000 médecins de famille. Plusieurs craignent que le projet de loi 106 aggrave ce déficit plutôt que de l’améliorer.

Le gouvernement maintient que cette législation est nécessaire pour résoudre les problèmes critiques d’accès. Près de 860 000 Québécois n’ont pas de médecin de famille, avec des temps d’attente pour les soins non urgents s’étirant souvent sur plusieurs mois. Le premier ministre François Legault a défendu le projet de loi la semaine dernière, déclarant : « Les situations difficiles exigent des décisions difficiles. »

Mais les patients eux-mêmes semblent divisés. Monique Therrien, 67 ans, de Notre-Dame-de-Grâce, est sans médecin de famille depuis trois ans.

« Je comprends pourquoi les médecins sont contrariés, » a-t-elle déclaré lors d’une conversation dans une pharmacie locale où elle récupérait des renouvellements autorisés par un pharmacien en vertu des lois québécoises sur l’élargissement du champ d’exercice. « Mais quelque chose doit changer. Je suis sur des listes d’att

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