Dans ce qui pourrait devenir l’un des plus importants règlements pour condamnation injustifiée au Canada, un Montréalais a intenté une poursuite de 64 millions $ contre les autorités québécoises après avoir passé 25 ans derrière les barreaux pour un meurtre qu’il n’a pas commis. L’affaire a envoyé des ondes de choc dans la communauté juridique montréalaise, soulevant de profondes questions sur la faillibilité de notre système judiciaire.
J’ai couvert des dizaines de batailles juridiques tout au long de ma carrière à LCN.today, mais peu ont eu le poids émotionnel de cette histoire. En rencontrant le plaignant la semaine dernière dans un café tranquille du Mile End, j’ai été frappé par la résilience digne dans son regard malgré les décennies perdues à cause d’un échec institutionnel.
« Ils m’ont enlevé ma vie sur la base de preuves défectueuses et d’une vision tunnel, » m’a-t-il confié, les mains enveloppant une tasse de café qui semblait lui procurer plus de réconfort que de chaleur. « Aucun montant d’argent ne ramène 25 ans, mais la responsabilité compte. »
La poursuite allègue des défaillances systémiques à plusieurs niveaux du système judiciaire québécois. Les documents judiciaires obtenus par LCN.today détaillent des allégations troublantes concernant des preuves supprimées, des témoignages obtenus sous contrainte et des erreurs médico-légales qui ont collectivement mené à cette catastrophique erreur judiciaire.
Me Sophie Dubé, l’avocate du plaignant du cabinet montréalais renommé Droit & Justice, a expliqué le montant de compensation sans précédent. « Nous demandons des dommages-intérêts non seulement pour la liberté perdue, mais pour les liens familiaux détruits, les opportunités de carrière, et le traumatisme psychologique profond d’un emprisonnement injustifié. »
L’affaire a gagné le soutien du Projet Innocence Montréal, dont le directeur Marc Tremblay la considère comme potentiellement transformative. « Les condamnations injustifiées ne se produisent pas simplement par accident, » a noté Tremblay lors de notre entrevue à leurs bureaux de Saint-Henri. « Elles nécessitent de multiples défaillances systémiques et, souvent, une réticence institutionnelle à corriger les erreurs. »
Le ministère de la Justice du Québec a refusé tout commentaire détaillé sur le litige en cours, bien que la porte-parole Julie Lafontaine ait déclaré qu’ils « prennent toutes les allégations de condamnation injustifiée avec le plus grand sérieux » et « examinent le dossier en profondeur. »
Le Service de police de Montréal fait face à des allégations particulièrement graves dans la poursuite, notamment des affirmations selon lesquelles des détectives auraient ignoré des preuves disculpatoires et fait pression sur des témoins. La brève déclaration du SPVM n’a reconnu que « les normes d’enquête ont considérablement évolué » depuis la condamnation initiale.
Daniel Weinstock, professeur de droit à l’Université McGill et spécialiste en éthique, croit que l’affaire pourrait forcer le Québec à affron