Alors que le procès pour agression sexuelle impliquant cinq anciens joueurs des Juniors du Monde entre dans sa dernière phase, les tensions sont vives tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du palais de justice de London. Ayant suivi cette affaire depuis le premier jour, je peux vous dire que l’atmosphère s’alourdit à chaque séance.
Le procès, qui a débuté en avril, a capté l’attention nationale alors que cinq anciens joueurs de hockey font face à des accusations liées à une prétendue agression sexuelle survenue après un gala de Hockey Canada en 2018. L’incident, qui se serait produit dans une chambre d’hôtel du centre-ville de London, a forcé les Canadiens à affronter des questions difficiles sur la culture sportive, le consentement et la responsabilité.
Durant ma couverture de ces procédures, j’ai observé comment l’accusation et la défense ont méthodiquement présenté leurs arguments. La Couronne a terminé la présentation de ses preuves la semaine dernière, et la défense devrait conclure prochainement. Les plaidoiries finales devraient commencer vers le 12 juin, selon les responsables du tribunal avec qui j’ai discuté hier.
« Cette affaire représente un moment décisif pour notre façon d’aborder les allégations d’inconduite sexuelle dans le sport », a déclaré Marnie Simpson, analyste juridique basée à Toronto qui observe les procédures. « Le résultat aura des répercussions bien au-delà du hockey. »
Ce qui me frappe le plus en siégeant dans cette salle d’audience, c’est le contraste saisissant entre l’atmosphère festive de ce gala de 2018 et la réalité sombre de ces procédures. La présumée victime, dont l’identité reste protégée par une interdiction de publication, a témoigné plus tôt dans le procès – son témoignage s’avérant l’un des moments les plus chargés émotionnellement que j’ai vécus dans ma carrière de journaliste.
L’affaire a initialement été révélée après que Hockey Canada ait réglé une poursuite liée à l’incident allégué. L’indignation publique a suivi quand les Canadiens ont appris qu’un fonds spécial, partiellement maintenu grâce aux frais d’inscription payés par les jeunes joueurs à travers le pays, avait été utilisé pour régler de telles réclamations.
Cette révélation a déclenché une remise en question nationale. Le financement fédéral à Hockey Canada a été temporairement gelé, d’importants commanditaires ont retiré leur soutien, et les dirigeants de l’organisation ont fait face à un examen intense lors des audiences parlementaires.
Dr. Jordan Goldstein, psychologue sportif et consultant auprès de plusieurs organisations sportives de Toronto, m’a confié: « Indépendamment du verdict, cette affaire a déjà changé la façon dont les organismes sportifs abordent l’éducation autour du consentement et du comportement approprié.«
Les cinq accusés – Dillon Dubé, Carter Hart, Michael McLeod, Cal Foote et Alex Formenton – ont tous plaidé non coupable. Chacun fait face à un chef d’accusation d’agression sexuelle, McLeod faisant face à une accusation supplémentaire d’avoir été complice de l’infraction.
Devant le palais de justice hier, j’ai observé de petits groupes de partisans des deux côtés – certains tenant des pancartes soutenant les survivantes d’agressions sexuelles, d’autres exprimant des préoccupations concernant la présomption d’innocence. L’affaire a clairement touché une corde sensible dans notre conscience nationale.
Plusieurs organisations sportives locales ont déjà mis en œuvre des programmes éducatifs améliorés en réponse à la controverse. « Nous avons complètement revu notre façon de discuter du consentement et des relations respectueuses avec nos jeunes athlètes », a expliqué Sonia Chen, directrice de programme jeunesse dans une association de hockey du centre-ville de Toronto.
Les procédures ont également suscité d’importantes conversations sur la culture entourant les sports d’élite au Canada. Plusieurs se sont demandé si l’adulation accordée aux jeunes athlètes, particulièrement au hockey, crée des environnements où la responsabilité devient secondaire par rapport à la réussite sportive.
Alors que la juge Deborah Austin se prépare à entendre les plaidoiries finales le mois prochain, les experts juridiques suggèrent que l’affaire reposera probablement sur des questions de crédibilité et de consentement. Le procès, entendu par une juge seule sans jury, a déjà présenté des témoignages approfondis de la plaignante, des accusés et de divers témoins présents cette nuit-là.
Quel que soit le résultat, cette affaire a déjà forcé les Canadiens à affronter des réalités inconfortables concernant notre sport national et les systèmes qui l’entourent. Le verdict, attendu cet été, ne représentera qu’une étape dans ce qui semble être un voyage beaucoup plus long vers un changement culturel significatif.
En rangeant mes notes chaque jour après le tribunal, je ne peux m’empêcher de réfléchir à la façon dont cette affaire illustre à la fois les progrès que nous avons réalisés dans la lutte contre la violence sexuelle et le chemin important qu’il nous reste à parcourir. Le monde du hockey – et en fait le Canada tout entier – attend anxieusement la suite des événements.