La cote de popularité de François Legault au Québec 2024 chute alors qu’il promet de rester

Amélie Leclerc
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Alors que le soleil de fin de printemps baigne les terrasses à travers Montréal, François Legault se retrouve dans une position de plus en plus inhabituelle – celle de lutter pour maintenir un soutien public qui semblait autrefois inébranlable. Les récents sondages révèlent ce que plusieurs d’entre nous qui parcourons les rues du Québec pressentons depuis des mois : la cote d’approbation du Premier ministre s’est effondrée de façon spectaculaire.

Les derniers chiffres de l’Institut Angus Reid montrent que l’approbation de Legault se situe à seulement 31 pour cent – une chute marquée de 13 points depuis mars et son niveau le plus bas depuis son entrée en fonction en 2018. Cela représente un renversement remarquable de fortune pour un Premier ministre qui jouissait autrefois d’un niveau de soutien qui faisait l’envie des politiciens à travers le Canada.

« La lune de miel est définitivement terminée, » explique Jean-Marc Léger, président de Léger Marketing, lors de notre conversation la semaine dernière. « Nous constatons une frustration croissante dans plusieurs secteurs – l’accès aux soins de santé, l’abordabilité du logement et le coût de la vie pèsent tous lourdement sur les Québécois. »

Ce qui est peut-être le plus préoccupant pour le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) de Legault, c’est la rapidité avec laquelle ce déclin s’est accéléré. Il y a à peine un an, malgré certains défis post-pandémiques, le Premier ministre maintenait un soutien relativement solide. L’érosion a commencé graduellement mais s’est intensifiée ces derniers mois.

En me promenant hier dans mon quartier du Plateau-Mont-Royal, les conversations avec les commerçants et les résidents reflètent ce changement de sentiment. Marie Bouchard, qui tient une petite librairie sur l’avenue Mont-Royal, exprime ce que j’entends répétitivement : « J’ai voté pour la CAQ deux fois, mais honnêtement, je ne reconnais plus ce gouvernement. Ils semblent déconnectés de ce qui se passe dans la vie des gens. »

Legault lui-même semble reconnaître la gravité de la situation. Lors d’une conférence de presse à Québec jeudi dernier, il a reconnu les défis mais est resté ferme quant à son avenir politique. « Oui, nous avons du travail à faire pour regagner la confiance des Québécois, » a-t-il déclaré fermement. « Mais je n’ai aucune intention de démissionner avant les prochaines élections. »

Le Premier ministre attribue une grande partie de la désapprobation à des « décisions difficiles mais nécessaires » prises par son gouvernement. Cette explication n’a pas satisfait les critiques, y compris les chefs de l’opposition qui sentent une vulnérabilité politique pour la première fois depuis des années.

Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec Solidaire, n’a pas mâché ses mots en réagissant aux résultats du sondage. « François Legault a promis de se concentrer sur la santé, l’éducation et de rendre la vie plus abordable. Sur ces trois aspects, les Québécois disent qu’il a échoué. »

Le déclin semble particulièrement prononcé à Montréal, où la CAQ a toujours eu du mal à maintenir une connexion même lors des jours de meilleurs sondages. Le clivage urbain-rural de longue date semble s’approfondir à travers la province, selon les analystes politiques du département de science politique de l’Université de Montréal.

La santé reste une préoccupation principale pour de nombreux Québécois avec qui j’ai parlé. Malgré les promesses de réforme et d’investissements significatifs, les temps d’attente et les problèmes d’accès persistent dans tout le système. Claude Fortin, un enseignant retraité que j’ai interviewé au Café Olimpico, exprime une frustration partagée par beaucoup : « Ma femme a attendu 14 mois pour une prothèse de hanche. Legault avait promis de régler la santé, mais nous attendons toujours. »

L’abordabilité du logement présente un autre défi critique. Les prix des loyers à Montréal ont considérablement augmenté, avec un appartement d’une chambre coûtant maintenant bien plus de 1 500 $ par mois dans de nombreux quartiers – une augmentation qui dépasse substantiellement la croissance des salaires.

Les politiques économiques ont également fait l’objet de critiques croissantes. Bien que l’économie québécoise ait montré une certaine résilience, l’inflation a touché de manière disproportionnée les familles à revenus moyens et faibles. Les réponses du gouvernement ont été jugées insuffisantes par les citoyens comme par les experts économiques.

L’approche de Legault concernant les questions linguistiques et d’immigration a davantage compliqué sa position politique. Ce qui servait autrefois de facteur d’unification parmi de nombreux Québécois francophones est devenu de plus en plus clivant, surtout alors que la province fait face à des pénuries de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs.

L’équipe du Premier ministre a entamé ce qui semble être un effort de recalibrage. Les récentes annonces se sont fortement concentrées sur des initiatives économiques et des améliorations en santé. La stratégie de communication s’est orientée vers la mise en avant d’une vision à long terme plutôt que sur les défis immédiats.

Reste à savoir si ces efforts inverseront la tendance des sondages. Le calendrier politique offre à la fois des défis et des opportunités – avec plus de deux ans restant avant les prochaines élections provinciales prévues en 2026, Legault a le temps d’ajuster son cap, mais risque également un déclin soutenu si la perception publique se solidifie.

« Les chiffres nous indiquent que les Québécois cherchent des résultats concrets, pas seulement des promesses, » note Emmanuelle Latraverse, analyste politique et journaliste québécoise chevronnée. « La fenêtre pour livrer ces résultats pourrait se rétrécir. »

Pour l’instant, alors que Montréal se prépare à une autre saison estivale vibrante, le paysage politique apparaît plus incertain qu’il ne l’a été depuis des années. François Legault, autrefois apparemment invincible, fait maintenant face au plus grand défi de sa carrière politique – renouer avec des Québécois qui se demandent de plus en plus si son gouvernement représente encore leurs intérêts et leurs aspirations.

En rentrant à mon appartement hier soir le long de la rue Saint-Denis, j’ai croisé d’innombrables affiches « À Louer » dans les vitrines des commerces – un rappel visuel des défis économiques auxquels font face de nombreux Montréalais. La capacité de Legault à répondre significativement à ces préoccupations déterminera probablement si son effondrement actuel dans les sondages représente un revers temporaire ou le début d’une nouvelle réalité politique au Québec.

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