Suite à plusieurs incidents très médiatisés, le Service de police de Toronto reçoit enfin des directives claires sur quand et comment présenter des excuses au public. Après des années de pression communautaire, la commission de police s’apprête à approuver ce jeudi un cadre officiel d’excuses, marquant un changement important dans la façon dont les forces de l’ordre de notre ville reconnaissent leurs erreurs et bâtissent la confiance.
La politique proposée, que j’ai examinée hier, établit des critères spécifiques pour déterminer quand des excuses devraient être présentées et qui devrait les formuler. Cette initiative survient après que de nombreux défenseurs communautaires ont longtemps soutenu que des excuses significatives sont essentielles pour reconstruire les relations entre la police et les communautés marginalisées.
« Il ne s’agit pas simplement de dire désolé, » explique Akwasi Owusu-Bempah, professeur associé à l’Université de Toronto spécialisé dans les questions policières. « Il s’agit de responsabilité et de montrer que l’institution reconnaît qu’un préjudice a été causé. Cette reconnaissance est souvent la première étape vers la guérison. »
Le cadre aborde un défi fondamental : les dirigeants policiers ont historiquement été réticents à présenter des excuses formelles, craignant des responsabilités juridiques. Cependant, la Loi sur les excuses de l’Ontario, adoptée en 2009, protège les excuses d’être utilisées comme preuve de faute dans les procédures civiles – une protection qui n’a pas été pleinement utilisée par les forces de l’ordre.
Lors de ma conversation avec Audrey Campbell, ancienne coprésidente du Comité consultatif de la communauté noire du Service de police de Toronto, elle a souligné que « les excuses doivent être sincères et soutenues par des actions. Les communautés peuvent faire la différence entre des excuses performatives et celles qui représentent un véritable engagement envers le changement. »
Le moment semble particulièrement pertinent suite à plusieurs incidents controversés, notamment la fouille à nu en 2020 de Knia Singh, un éminent avocat noir qui a été détenu lors d’un contrôle routier de routine. L’affaire a entraîné des accusations disciplinaires contre les agents impliqués.
Ce qui rend ce cadre unique est son attention aux détails. Il stipule que les excuses doivent spécifiquement reconnaître le préjudice causé, accepter la responsabilité, exprimer des remords et s’engager à prendre des mesures concrètes pour prévenir des incidents similaires. La politique désigne également qui doit présenter les excuses en fonction de la gravité et de la nature de l’incident – allant du chef de police aux commandants de division.
Le maire adjoint Michael Thompson m’a dit hier que « bâtir la confiance nécessite transparence et responsabilité. Quand la police reconnaît ouvertement ses erreurs, cela démontre du respect pour la communauté qu’elle sert. »
Cette politique ne fait pas l’unanimité. Certains représentants de l’association des policiers ont exprimé en privé des préoccupations concernant les impacts potentiels sur le moral des agents, tandis que certains militants communautaires se demandent si des excuses formalisées mèneront à un changement culturel significatif au sein de la force.
Toronto rejoindrait d’autres grandes villes comme Chicago et New York qui ont établi des protocoles d’excuses formels pour leurs services de police. Des études du John Jay College of Criminal Justice suggèrent qu’une reconnaissance transparente des erreurs est corrélée avec de meilleures relations communautaires et une coopération accrue du public avec la police.
Pour l’avenir, le véritable test sera la mise en œuvre. Les excuses seront-elles présentées rapidement? Sembleront-elles authentiques aux communautés affectées? Plus important encore, seront-elles accompagnées de réformes concrètes qui abordent les problèmes systémiques?
En tant que Torontois, nous méritons un service de police capable de reconnaître ses lacunes et de démontrer son engagement à faire mieux. Cette politique représente une étape prometteuse vers cet objectif – mais comme toute politique, sa valeur sera ultimement mesurée par son impact dans les rues de notre ville diversifiée.
La Commission des services policiers de Toronto se réunit jeudi à 9h pour voter sur ce cadre, et des délégations publiques devraient s’exprimer sur ce changement politique important.