Titre : Polémique sur le voile du panneau d’accueil de Montréal entraîne son retrait

Amélie Leclerc
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La récente suppression d’un panneau de bienvenue montréalais représentant une femme portant le hijab a déclenché un débat passionné dans notre ville. Après des mois de controverse, les responsables de l’Hôtel de Ville ont confirmé hier que le panneau a été définitivement retiré de son emplacement stratégique à l’entrée de l’arrondissement Ville-Marie.

Le panneau, installé au printemps dernier dans le cadre de la campagne sur la diversité de la ville, présentait plusieurs personnes représentant la composition multiculturelle de Montréal, dont une femme portant le couvre-chef traditionnel musulman. Ce qui avait commencé comme une initiative pour mettre en valeur l’inclusivité est rapidement devenu un point sensible dans le dialogue québécois sur les symboles religieux dans les espaces publics.

« La décision de retirer le panneau reflète notre engagement à maintenir la neutralité religieuse dans les communications municipales, » a expliqué Marie Tremblay, porte-parole du bureau du maire. « Nous cherchons un équilibre entre la célébration de la diversité et le respect des principes de laïcité du Québec. »

La controverse fait écho aux tensions qui ont émergé lors des débats sur le projet de loi 21, la loi sur la laïcité du Québec adoptée en 2019, qui interdit à certains employés publics de porter des symboles religieux dans l’exercice de leurs fonctions. Les critiques soutiennent que le retrait du panneau de bienvenue représente un autre exemple de marginalisation, tandis que ses partisans le considèrent comme cohérent avec le cadre de laïcité de la province.

Ahmed Bensalem, directeur du Centre culturel islamique de Montréal, a exprimé sa déception face à cette décision. « Cela envoie un message troublant sur qui est visiblement le bienvenu dans notre ville, » m’a-t-il confié lors de notre conversation au centre hier. « Beaucoup de femmes musulmanes ont l’impression que cela efface leur présence de l’identité publique montréalaise. »

Parallèlement, les responsables provinciaux ont largement soutenu cette mesure. François Legault, premier ministre du Québec, a brièvement abordé la question lors de la conférence de presse d’hier, déclarant : « Les municipalités doivent refléter les valeurs adoptées par les Québécois, y compris la séparation entre l’État et la religion. »

Le retrait du panneau survient après plusieurs réunions houleuses du conseil municipal où les résidents ont exprimé des opinions fortement divisées. J’ai assisté à la session la plus récente, où des intervenants de diverses communautés ont défendu passionnément les deux côtés de la question. La salle bourdonnait de tension lorsque les conseillers ont finalement voté en faveur du retrait par 28 voix contre 15.

La réaction de la communauté a été tout aussi divisée. À Côte-des-Neiges, où j’ai passé l’après-midi d’hier à parler avec les résidents, les opinions variaient considérablement d’un commerce à l’autre. Claudette Boucher, propriétaire d’une pâtisserie locale, a soutenu la décision : « Quand j’ai grandi au Québec, nous nous sommes battus pour séparer l’Église de l’État. Ceci est cohérent avec ces valeurs. »

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