Critique de Poilievre et Carney sur le Budget lors d’un Discours au Club Économique de Toronto

Michael Chang
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Lors d’un discours passionné au Club économique de Toronto hier, le chef conservateur Pierre Poilievre a lancé une critique acérée du budget libéral et de son potentiel rival futur, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Mark Carney.

La salle comble du Fairmont Royal York bourdonnait d’anticipation alors que Poilievre s’en prenait à ce qu’il appelle la « Justinflation » – son terme emblématique pour décrire les défis économiques sous la direction du premier ministre Justin Trudeau.

« Ce que nous voyons est le résultat prévisible de huit années d’impression monétaire et d’emprunts, » a déclaré Poilievre à l’audience composée de chefs d’entreprises et de professionnels de la finance. Son message a trouvé écho auprès de nombreux participants, dont Sarah Chen, gestionnaire d’investissements à Toronto.

« Ses arguments économiques ont du poids auprès de ce public, » m’a confié Chen après le discours. « Que l’on soit d’accord ou non avec sa politique, il répond à des préoccupations bien réelles concernant l’abordabilité dans cette ville. »

Poilievre a réservé une critique particulière à Mark Carney, qui a récemment confirmé qu’il envisageait de se présenter à la direction du Parti libéral. Le chef conservateur a qualifié Carney d' »architecte de politiques économiques ratées » durant son mandat à la Banque du Canada et plus tard à la Banque d’Angleterre.

Marcus Williams, propriétaire d’entreprise torontois présent au discours, a souligné la nature stratégique de cette attaque. « Poilievre se prépare clairement à affronter Carney comme adversaire potentiel. Il tente de saper les compétences économiques de Carney avant même qu’il n’entre formellement en politique. »

Ce discours survient à un moment crucial pour l’économie de Toronto. La ville fait face à d’importants défis en matière d’accessibilité au logement, le prix moyen d’une maison avoisinant 1,1 million de dollars selon le Toronto Regional Real Estate Board. En parallèle, l’utilisation des banques alimentaires a atteint des niveaux record, la Daily Bread Food Bank signalant une augmentation de 72 % des visites de clients au cours de l’année écoulée.

Priya Sharma, analyste financière à la Banque TD, a souligné que le message de Poilievre trouve un écho particulier à Toronto. « Cette ville ressent intensément les pressions économiques. Les coûts du logement, les prix des épiceries, les taux d’intérêt – ce ne sont pas des préoccupations abstraites ici, mais des problèmes quotidiens qui touchent pratiquement tout le monde. »

Le chef conservateur a exposé sa vision alternative, centrée sur ce qu’il appelle des « solutions de bon sens » – éliminer la taxe carbone, réduire les dépenses gouvernementales et alléger les réglementations pour le développement immobilier.

David Crawford, président du Club économique, a noté l’enthousiasme dans la salle. « Nos membres viennent de tous les horizons politiques, mais il y avait une énergie palpable aujourd’hui. Les gens sont avides de discussions économiques qui abordent leurs préoccupations immédiates. »

Tout le monde n’était pas convaincu par les arguments de Poilievre. Elena Martinez, professeure d’économie à l’Université de Toronto, présente à l’événement, a exprimé son scepticisme quant aux solutions proposées.

« Il y a un décalage entre l’identification de problèmes légitimes et l’offre de solutions viables, » m’a-t-elle confié. « Éliminer certaines taxes ou réglementations peut sembler séduisant, mais la réalité économique est plus complexe que ce que le discours reconnaît. »

L’événement a mis en lumière le rôle central de Toronto dans les débats économiques nationaux. En tant que capitale financière du Canada, la ville sert souvent d’indicateur des sentiments économiques plus larges et constitue un champ de bataille crucial pour les politiciens cherchant à établir leur crédibilité économique.

Le sentiment des entreprises locales reste mitigé. Le dernier indice de confiance des entreprises de la Chambre de commerce de la région de Toronto montre un optimisme prudent, 57 % des entreprises s’attendant à une croissance modeste cette année malgré les défis persistants.

En quittant l’événement du Club économique, les conversations entre participants suggéraient que Poilievre avait atteint son objectif immédiat – cadrer les débats économiques selon ses termes et se positionner comme l’alternative aux politiques économiques actuelles.

Reste à savoir si son message trouvera un écho au-delà du quartier financier du centre-ville, dans les quartiers diversifiés qui composent cette ville – une question qui définira probablement les prochaines batailles politiques concernant l’avenir économique du Canada.

Pour les résidents de Toronto qui luttent contre la hausse générale des coûts, ces débats économiques de haut niveau ont des implications très concrètes. Alors que le positionnement politique se poursuit, la ville observe attentivement, consciente que sa santé économique est en jeu.


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