En 14 ans de couverture des développements urbains de Montréal, j’ai rarement observé une mobilisation communautaire comparable à celle qui se forme autour de l’aéroport international Pierre Elliott Trudeau. La tension entre l’expansion aéroportuaire et la qualité de vie a atteint un point critique, avec des résidents de plus en plus vocaux concernant leurs préoccupations.
« Mes fenêtres tremblent littéralement quand certains avions passent au-dessus, » explique Marie Thibault, résidente de Dorval depuis plus de vingt ans. « C’est devenu pire ces dernières années, surtout tôt le matin et tard le soir quand on essaie de se reposer. »
Selon les données récentes d’Aéroports de Montréal (ADM), les plaintes concernant le bruit des aéronefs ont augmenté de 37% par rapport aux niveaux pré-pandémiques. Cette hausse coïncide avec le retour progressif de l’aéroport à sa pleine capacité opérationnelle et les projets d’expansion proposés incluant des trajectoires de vol supplémentaires au-dessus de zones résidentielles.
Le groupe communautaire « Ciels Silencieux Montréal » a recueilli plus de 4 200 signatures sur leur pétition exigeant une application plus stricte des règlements sur le bruit et une évaluation complète des impacts environnementaux avant toute expansion.
La Dre Caroline Bergeron, chercheuse en santé environnementale à l’Université McGill, souligne les preuves croissantes des effets de la pollution sonore. « L’exposition chronique au bruit des avions a été liée à des troubles du sommeil, des déficiences cognitives chez les enfants et un risque accru de problèmes cardiovasculaires, » m’a-t-elle confié lors de notre conversation dans son bureau sur le campus la semaine dernière.
L’autorité aéroportuaire maintient qu’elle respecte toutes les directives fédérales. « Nous prenons les préoccupations de la communauté au sérieux et avons investi 26 millions de dollars dans des mesures d’atténuation du bruit au cours des cinq dernières années, » a déclaré Jean Landry, porte-parole d’ADM, dans un courriel.
Cependant, les résidents de Saint-Laurent, d’Ahuntsic-Cartierville et d’autres quartiers touchés soutiennent que ces mesures sont insuffisantes. Lors d’une récente assemblée publique à laquelle j’ai assisté, la salle débordait de citoyens inquiets. Plusieurs ont exprimé leur frustration quant au manque perçu de transparence dans les plans de développement de l’aéroport.
Le conseiller municipal Marvin Rotrand plaide pour une implication municipale plus forte. « Bien que les aéroports relèvent de la juridiction fédérale, la ville a la responsabilité d’assurer le bien-être des résidents, » a-t-il expliqué. « Nous poussons pour une représentation au comité consultatif sur le bruit aéroportuaire et une plus grande consultation publique. »
La situation reflète des tensions plus larges entre le développement économique et les préoccupations environnementales auxquelles font face de nombreuses communautés montréal