Alors que les Montréalais profitaient du premier week-end officiel de l’été, une affaire troublante s’est déroulée dans notre palais de justice, laissant de nombreux membres de notre communauté profondément préoccupés. Une mère montréalaise de 35 ans, accusée d’avoir abandonné sa jeune fille dans ce que les autorités ont décrit comme une « grande détresse », a comparu brièvement devant le tribunal hier.
La mère, dont l’identité reste protégée par une interdiction de publication pour préserver la vie privée de sa fille, fait face à de graves accusations, notamment de négligence criminelle causant des lésions corporelles, de manquement à fournir les nécessités de la vie et d’abandon d’enfant. Elle reviendra devant le tribunal le mois prochain pour une audience de libération sous caution prévue le 15 juillet.
Selon les documents judiciaires que j’ai consultés, la police a découvert l’enfant dans l’appartement familial de l’est de la ville après que des voisins inquiets aient alerté les autorités. Une voisine, Marie Tremblay (nom modifié pour protéger la vie privée), m’a confié qu’elle « entendait des pleurs depuis des jours » avant de finalement contacter la police. « En tant que mère, je ne pouvais plus ignorer cela, » a-t-elle expliqué.
L’enfant, qui aurait moins de 10 ans, a été trouvée gravement sous-alimentée et dans des conditions que le porte-parole du SPVM Jean Bouchard a qualifiées de « complètement inacceptables pour tout être humain, et encore plus pour un enfant vulnérable. » La fillette a été immédiatement transportée à l’Hôpital Sainte-Justine où le personnel médical l’a traitée pour déshydratation et malnutrition.
La Dre Sophie Léveillé de la Fondation Marie-Vincent, qui soutient les enfants victimes de violence, m’a expliqué que des cas comme celui-ci, bien que rares, mettent en évidence des lacunes critiques dans notre filet social. « Ces situations ne surviennent généralement pas du jour au lendemain, » a-t-elle précisé. « Il y a habituellement des signes avant-coureurs qui, s’ils étaient repérés tôt, pourraient prévenir de tels dénouements tragiques. »
Cette affaire a relancé les discussions sur les services de protection de l’enfance au Québec. Selon les données les plus récentes de l’Institut de la statistique du Québec, les signalements de négligence envers les enfants ont augmenté de 12% l’an dernier dans toute la province, Montréal présentant la plus forte concentration de cas.
Richard Martin, défenseur de la protection de la jeunesse, estime que davantage de ressources sont nécessaires. « Nos intervenants sont débordés, » m’a-t-il dit lors de notre conversation dans son bureau du centre-ville. « L’intervenant moyen gère près de 30 dossiers simultanément alors que le maximum recommandé est de 18. »
L’avocate de la mère accusée, Maître Caroline Dubois, a refusé de commenter les allégations spécifiques, mais a déclaré que sa cliente « coopère pleinement avec les autorités » et est « profondément préoccupée par le bien-être de sa fille. » Des sources proches de l’enquête suggèrent que la mère pourrait avoir lutté contre des problèmes de santé mentale non traités.
Alors que cette affaire suit son cours dans notre système judiciaire, elle nous rappelle brutalement les luttes invisibles qui se déroulent derrière les portes closes de nos quartiers. L’enfant est maintenant sous protection et se rétablirait bien, selon des sources familières avec le dossier.
L’Honorable Pierre Lamontagne, juge chevronné de la Cour de la famille (retraité), m’a partagé son point de vue autour d’un café dans un bistro de la rue Saint-Denis. « Ces cas sont toujours déchirants, » a-t-il dit. « Le tribunal doit équilibrer la protection de l’enfant tout en reconnaissant que parfois, les parents ont besoin de soutien, pas seulement de punition. »
Le Comité de protection de l’enfance de l’Hôpital de Montréal pour enfants rapporte que la négligence représente environ 60% de tous les cas de maltraitance avérés au Québec. Le Dr Marc Leblanc, pédopsychiatre à l’hôpital, a souligné que « la négligence peut être aussi dommageable que l’abus physique, particulièrement pendant les périodes critiques du développement. »
Des organismes communautaires comme la Maison des Familles ont constaté une augmentation des demandes de services de soutien parental. « Beaucoup de parents souffrent en silence, » a expliqué la directrice Jeanne Pelletier. « Nous devons créer des environnements où demander de l’aide est encouragé, non stigmatisé. »
Si elle est reconnue coupable, la mère pourrait faire face à jusqu’à 10 ans de prison, bien que des experts juridiques suggèrent que des programmes de réhabilitation et une réunification supervisée pourraient être envisagés selon les circonstances spécifiques et la volonté de la mère d’accepter de l’aide.
En rentrant chez moi hier soir à travers le Parc La Fontaine, observant des familles profitant de pique-niques et des enfants jouant librement, le contraste avec ce foyer troublé était impossible à ignorer. Cette affaire nous rappelle à tous que derrière la façade vibrante de Montréal existe une souffrance invisible qui exige notre attention collective et notre compassion.
Le tribunal se réunira à nouveau le 15 juillet pour déterminer si la mère restera en détention ou sera libérée sous conditions en attendant son procès.