Les médecins de famille de Montréal rejettent l’offre de soins de santé du Québec

Amélie Leclerc
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Le bras de fer entre les médecins de famille du Québec et le gouvernement provincial s’est intensifié hier lorsque la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) a massivement rejeté la dernière proposition contractuelle du gouvernement. Lors d’une assemblée extraordinaire virtuelle réunissant plus de 3 000 médecins, un impressionnant 99 % ont voté contre l’offre, envoyant un message clair au ministre de la Santé Christian Dubé.

En me promenant ce matin dans mon quartier du Plateau-Mont-Royal, je n’ai pu m’empêcher de remarquer les expressions inquiètes sur les visages des clients au café du coin. « Ma médecin pourrait partir », m’a confié Marie, une retraitée de 67 ans qui remuait anxieusement son café. « Où irai-je si elle s’en va? »

Ses préoccupations ne sont pas sans fondement. Près de 860 000 Québécois n’ont toujours pas de médecin de famille, et ce rejet pourrait prolonger leur attente. Le Dr Marc-André Amyot, président de la FMOQ, n’a pas mâché ses mots en expliquant la position des médecins : « La proposition du gouvernement échoue complètement à résoudre le fardeau administratif écrasant qui pousse les médecins à abandonner la pratique familiale. »

L’offre rejetée comprenait une modeste augmentation salariale de 6,1 % sur quatre ans, mais contenait ce que de nombreux médecins ont qualifié de « mesures punitives » qui les obligeraient à prendre en charge plus de patients sans alléger leur charge de travail.

« Nous travaillons déjà 50 à 60 heures par semaine », m’a expliqué la Dre Sophie Tremblay lorsque je l’ai contactée à sa clinique de NDG. « Ajouter plus d’exigences en matière de patients sans réparer le système n’est pas une solution – c’est une recette pour l’épuisement professionnel. »

Ce qui est particulièrement frappant dans ce rejet, c’est son moment – juste avant la saison hivernale des maladies respiratoires, lorsque la demande en clinique augmente généralement. À la Clinique Médica sur la rue Sherbrooke, la salle d’attente était déjà bondée hier après-midi, avec des patients attendant jusqu’à trois heures pour voir un médecin.

L’impact sur Montréal pourrait être particulièrement grave. Notre ville fait déjà face à certains des temps d’attente les plus longs pour la médecine familiale dans la province, l’Hôpital de Montréal pour enfants ayant récemment signalé un temps d’attente moyen de 12 heures aux urgences – le double de l’année dernière.

Le premier ministre François Legault a exprimé sa déception face à la décision des médecins, mais a promis que les négociations se poursuivraient. « L’accès à la médecine familiale reste notre priorité », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Québec. Cependant, ses commentaires sur le fait que les médecins doivent « faire leur juste part » ont provoqué une réaction immédiate de la communauté médicale.

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