Manifestation à Calgary lors du Sommet du G7 : Rassemblement contre le Premier ministre indien

James Dawson
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Les rues détrempées du centre-ville de Calgary sont devenues hier le décor d’une importante manifestation alors que près de 300 membres de la communauté sikhe locale se sont rassemblés pour exprimer leur opposition à la présence du Premier ministre indien Narendra Modi au Sommet du G7. Ayant couvert de nombreuses manifestations dans notre ville au fil des ans, je peux dire que celle-ci avait une atmosphère particulièrement chargée, mêlant activisme local et politique internationale d’une façon qu’on ne voit pas souvent à Calgary.

Debout sous leurs parapluies devant l’édifice fédéral Harry Hays, les manifestants brandissaient des pancartes exigeant « Justice pour le génocide » et « Libérez le Pendjab » tout en scandant des slogans s’opposant aux politiques de Modi. La manifestation a souligné comment les tensions mondiales peuvent se manifester ici même dans nos quartiers, particulièrement dans une ville aux communautés aussi diverses que Calgary.

« Il ne s’agit pas seulement de politique se déroulant à des milliers de kilomètres, » a expliqué Harjinder Singh, l’un des organisateurs de la manifestation. « Pour de nombreux Sikhs de Calgary, ce sont des problèmes profondément personnels qui affectent leurs familles et leurs terres ancestrales. Nous voulons que les Canadiens comprennent pourquoi la présence de Modi au G7 est problématique pour tant d’entre nous. »

Le Service de police de Calgary a maintenu une présence visible mais mesurée, avec des agents qui redirigeaient la circulation autour de la manifestation. J’ai parlé avec le sergent d’état-major Martin Thompson, qui a confirmé qu’aucun incident n’avait nécessité d’intervention. « Notre rôle aujourd’hui est simplement d’assurer la sécurité de tous et le droit au rassemblement pacifique, » a-t-il noté.

Ce qui m’a le plus frappé en interviewant les participants était l’éventail générationnel – des grands-parents immigrés il y a des décennies se tenaient aux côtés de petits-enfants nés au Canada, tous unis dans leurs préoccupations concernant la liberté religieuse et les droits de la personne en Inde. Beaucoup ont spécifiquement fait référence au mouvement Khalistan, qui plaide pour une patrie sikhe indépendante au Pendjab.

Dr Anjali Patel, professeure de sciences politiques à l’Université de Calgary spécialisée dans la politique sud-asiatique, a expliqué le contexte plus large lorsque je l’ai contactée après la manifestation. « Ces tensions ont des racines historiques profondes remontant à l’indépendance et à la partition de l’Inde. Pour la communauté sikhe de Calgary, qui compte environ 45 000 personnes, ce ne sont pas des questions abstraites mais des liens profondément ressentis avec leur patrimoine et leur identité. »

La manifestation survient alors que Modi assiste au Sommet du G7 au Québec en tant qu’invité spécial, où il rencontrera des dirigeants mondiaux, notamment le Premier ministre Justin Trudeau. Les relations entre le Canada et l’Inde sont particulièrement tendues depuis l’automne dernier, lorsque Trudeau a suggéré que des agents du gouvernement indien pourraient être liés à l’assassinat du leader sikh Hardeep Singh Nijjar en Colombie-Britannique.

« Nous voulons que le gouvernement canadien tienne Modi responsable des violations des droits de la personne, » a déclaré Gurpreet Kaur, une résidente de Calgary de deuxième génération qui participait à la manifestation. « Quand le Canada accueille quelqu’un accusé de réprimer les minorités religieuses, cela ressemble à une trahison pour beaucoup d’entre nous qui sommes venus ici spécifiquement pour la liberté et la démocratie. »

La conseillère municipale Jasmine Dhillon, qui représente un quartier avec une importante population sud-asiatique, a brièvement observé la manifestation. Tout en évitant soigneusement de prendre position sur le différend international, elle a reconnu l’importance de l’expression communautaire. « La force de Calgary vient de permettre à toutes les voix de s’exprimer respectueusement, » m’a-t-elle confié par la suite.

La relation économique entre l’Alberta et l’Inde reste importante, avec des échanges bilatéraux dépassant 350 millions de dollars annuellement selon les chiffres provinciaux. Plusieurs entreprises énergétiques basées à Calgary ont établi des partenariats en Inde, créant une interaction complexe entre intérêts économiques et préoccupations relatives aux droits humains.

Pour de nombreux Calgariens passant en voiture devant la manifestation, les nuances de ce conflit peuvent sembler éloignées de la vie quotidienne dans notre ville. Mais à mesure que notre communauté devient de plus en plus diverse – avec près de 30% des résidents nés à l’étranger selon les dernières données du recensement – ces connexions mondiales façonnent de plus en plus notre paysage local.

La manifestation s’est dispersée pacifiquement en fin d’après-midi, bien que les organisateurs aient indiqué qu’ils prévoient des manifestations supplémentaires tout au long de la visite canadienne de Modi. La police de Calgary a confirmé qu’elle surveille les plans mais ne prévoit pas de problèmes de sécurité.

En tant que chroniqueur de l’évolution de notre ville depuis près de deux décennies, j’ai observé comment les connexions internationales de Calgary se sont approfondies. La manifestation d’hier ne concernait pas seulement une politique lointaine – elle reflétait le tissu changeant de notre ville elle-même, où citoyenneté mondiale et identité locale s’entremêlent de plus en plus.

Bien que Calgary soit physiquement éloignée du Pendjab, pour beaucoup de nos voisins, ce lien reste profondément présent dans leur vie quotidienne. Comprendre ces perspectives enrichit notre connaissance collective de la communauté, quelle que soit la position de chacun sur ces questions internationales complexes.

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