Les logements abordables au Québec affichent une solide performance d’investissement

Amélie Leclerc
7 Min Read

Dans une province où l’accessibilité au logement semble de plus en plus un rêve lointain pour plusieurs, des données financières encourageantes viennent d’émerger qui pourraient transformer notre vision des investissements en logement social. Une étude récente révèle que les initiatives québécoises en matière de logement social ne répondent pas seulement à des besoins communautaires critiques – elles génèrent également des rendements financiers solides qui profitent à tous.

J’ai passé la semaine dernière à analyser ces résultats, et ils remettent en question plusieurs idées reçues sur les investissements dans le logement public. L’analyse complète menée par le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) et l’Association des groupes de ressources techniques du Québec (AGRTQ) démontre que chaque dollar investi dans le logement social génère environ 2,30 $ d’activité économique.

« Nous avons toujours su que le logement social change des vies, mais maintenant nous avons des preuves concrètes qu’il renforce aussi notre économie, » explique Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU, lors de notre récente conversation à leur siège social de Montréal.

L’étude a examiné plusieurs projets de logement social à travers le Québec, suivant à la fois les impacts directs de la construction et les bénéfices communautaires à long terme. Particulièrement frappant est la façon dont ces investissements créent des emplois significatifs – environ 10,2 emplois par million de dollars investis – avec la plupart des postes restant dans les communautés locales.

En tant que personne qui couvre les défis du logement à Montréal depuis plus d’une décennie, j’ai été témoin d’innombrables familles qui luttent pour trouver des logements abordables. Le mois dernier, j’ai interviewé Marie Tremblay, une mère monoparentale de deux enfants qui travaille à temps plein tout en consacrant près de 60 % de son revenu au loyer dans Notre-Dame-de-Grâce.

« Sans mon appartement subventionné, nous ne pourrions tout simplement pas survivre à Montréal, » m’a confié Marie, sa voix reflétant à la fois le soulagement et une anxiété persistante concernant la stabilité du logement.

Au-delà des histoires humaines, l’argument économique semble de plus en plus solide. La Société d’habitation du Québec rapporte que les développements de logements sociaux génèrent des revenus fiscaux substantiels grâce aux impôts sur le revenu des emplois de construction, aux taxes de vente sur les matériaux et aux taxes foncières continues une fois les projets achevés.

En me promenant dans Rosemont la semaine dernière, j’ai remarqué plusieurs nouvelles coopératives d’habitation parfaitement intégrées dans le quartier. Ce ne sont pas les « projets » stigmatisés des stéréotypes dépassés – ce sont des bâtiments attrayants, écologiquement conscients qui améliorent la vitalité communautaire.

Le gouvernement du Québec alloue actuellement environ 250 millions de dollars par année aux initiatives de logement social, mais les défenseurs soutiennent que cela est dramatiquement inférieur aux besoins réels. Selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement, Montréal fait face à un taux d’inoccupation locatif de seulement 1,5 %, avec des unités abordables encore plus rares.

« Le logement social n’est pas de la charité – c’est une planification économique prudente, » argumente l’économiste Jean Bouchard de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques. « Quand les ménages dépensent moins pour se loger, ils réorientent leurs dépenses vers les entreprises locales, l’éducation et les soins de santé, créant des effets multiplicateurs dans les communautés. »

Le plus convaincant est peut-être la façon dont les développements de logements sociaux semblent mieux résister aux fluctuations économiques que de nombreux investissements privés. Alors que les marchés immobiliers traditionnels ont connu une volatilité pendant les récentes perturbations économiques, les projets de logement social ont maintenu une occupation constante et des rendements stables.

Ma collègue Sophie Bernard, qui se spécialise dans le reportage sur le développement urbain, suggère que ces résultats pourraient influencer les prochaines discussions budgétaires provinciales. « Nous observons un changement potentiel dans la façon dont les décideurs évaluent ces investissements – allant au-delà des arguments sur les bénéfices sociaux pour reconnaître de véritables avantages économiques. »

Les dirigeants municipaux à travers le Québec en prennent note également. La mairesse Valérie Plante a récemment cité l’étude en annonçant des objectifs élargis en matière de logement abordable, notant : « Cette recherche confirme ce que nous soupçonnions depuis longtemps – répondre aux besoins en logement profite à tout le monde, y compris aux contribuables et aux entreprises locales. »

Bien sûr, des défis demeurent. Les coûts de construction continuent d’augmenter, la disponibilité des terrains est limitée, et l’opposition des quartiers retarde parfois les projets. Le FRAPRU estime que le Québec a besoin d’au moins 50 000 unités de logement social supplémentaires pour répondre aux listes d’attente actuelles.

À l’approche de l’hiver, qui apporte une sensibilisation accrue à la vulnérabilité en matière de logement, cette recherche offre un cadre convaincant pour considérer le logement social non pas comme une dépense mais comme un investissement prudent avec des rendements mesurables. Les preuves suggèrent que les initiatives de logement social bien exécutées offrent à la fois des solutions compatissantes et une responsabilité fiscale – une combinaison rare en politique publique.

En rentrant chez moi hier le long de la rue Saint-Denis, je suis passé devant une coopérative d’habitation récemment achevée où des enfants jouaient dans un jardin communautaire tandis que des aînés bavardaient sur des bancs à proximité. Cette scène m’a rappelé qu’au-delà des calculs économiques, ces investissements créent quelque chose de moins quantifiable mais tout aussi précieux – des communautés vibrantes et inclusives où des personnes d’horizons divers peuvent construire des vies stables.

C’est peut-être là le rendement le plus significatif de tous.

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