Le congédiement soudain d’un lanceur d’alerte québécois a déclenché une controverse dans tout le paysage politique montréalais cette semaine. Louis Robert, un agronome comptant 32 ans d’expérience au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), a été licencié après avoir prétendument divulgué des documents à Radio-Canada mettant en évidence l’influence de l’industrie dans la recherche publique sur les pesticides.
« Lorsqu’un fonctionnaire dévoué avec trois décennies de service est congédié pour avoir dit la vérité au pouvoir, nous devons nous demander quelles valeurs nous défendons vraiment dans notre société, » a déclaré Christine St-Pierre, critique libérale en agriculture, lors d’un échange houleux à l’Assemblée nationale.
L’affaire est rapidement devenue un point d’échauffement politique. Les critiques du Parti libéral du Québec soupçonnent que le congédiement découle de pressions politiques inappropriées plutôt que de préoccupations légitimes liées à l’emploi. Ils ont exigé une transparence complète concernant le processus décisionnel qui a mené au licenciement de Robert.
Ce qui rend cette affaire particulièrement troublante, c’est la motivation de Robert. Selon des sources proches de la situation, il a tenté à plusieurs reprises d’alerter ses supérieurs sur l’ingérence de l’industrie privée dans la recherche publique avant de prendre la mesure extraordinaire de contacter des journalistes.
« Il s’agit d’intégrité scientifique et du droit du public à une information impartiale sur ce qui entre dans notre alimentation, » a expliqué Michel Camus, professeur de santé environnementale à l’Université de Montréal. « Quand la recherche est compromise par des intérêts commerciaux, la santé publique en souffre potentiellement. »
Le ministère de l’Agriculture est resté discret, invoquant la confidentialité entourant les questions de personnel. Cependant, un communiqué publié tard hier a reconnu « une révision interne en cours des procédures liées aux partenariats de recherche scientifique. »
Pendant ce temps, devant les bureaux du MAPAQ au centre-ville de Montréal hier, environ 150 partisans se sont rassemblés en solidarité avec Robert. Plusieurs portaient des pancartes indiquant « La vérité n’est pas une faute professionnelle« .
La controverse a profondément résonné chez les Montréalais de tous bords politiques. En tant que journaliste qui couvre cette ville depuis près de vingt ans, j’ai observé comment les questions de transparence gouvernementale touchent une corde sensible ici – peut-être parce que notre société distincte met tant l’accent sur le bien-être collectif.
« Le gouvernement ne peut pas simplement congédier quelqu’un pour avoir exposé un préjudice potentiel aux Québécois, » a remarqué Jean Fortier, ancien président du comité exécutif de Montréal, lors de notre entretien hier. « Cela crée un précédent dangereux pour d’autres fonctionnaires qui envisagent de dénoncer des actes répréhensibles. »