L’Institut Mila de Montréal a lancé une initiative novatrice visant à intégrer les communautés autochtones dans le secteur de l’intelligence artificielle en pleine évolution. Ce programme représente une étape importante pour remédier à la sous-représentation des peuples autochtones dans les domaines technologiques tout en créant des voies permettant aux communautés d’exploiter l’IA selon leurs besoins spécifiques.
L’initiative, développée en collaboration avec des leaders et des technologues autochtones, offrira des formations spécialisées et des opportunités de mentorat aux participants des communautés des Premières Nations, Métis et Inuit à travers le Québec et au-delà. Ce qui rend ce programme particulièrement innovant est son engagement à respecter et à incorporer les systèmes de connaissances autochtones parallèlement à une éducation de pointe en IA.
« Il ne s’agit pas seulement d’enseigner la programmation », explique Marie Laviolette, coordinatrice de sensibilisation autochtone chez Mila. « Il s’agit de créer un espace où les perspectives autochtones peuvent façonner le développement de l’IA et garantir que ces outils puissants servent les communautés autochtones d’une manière qui respecte leurs valeurs et leur souveraineté. »
Le programme offrira des options d’apprentissage flexibles, y compris la participation à distance pour les personnes des communautés nordiques, et couvre tout, des compétences de base en programmation aux concepts avancés d’apprentissage automatique. Fait important, les participants travailleront sur des projets directement liés aux besoins de leurs communautés.
Ces projets pourraient inclure des applications de préservation linguistique, des systèmes de surveillance environnementale ou des outils pour soutenir la transmission des connaissances traditionnelles entre générations. En se concentrant sur des applications concrètes qui comptent pour les communautés autochtones, le programme vise à rendre la technologie plus accessible et pertinente.
La position de Montréal comme plaque tournante de l’IA en fait le point de lancement idéal pour une telle initiative. La ville abrite non seulement Mila, l’un des principaux centres de recherche en IA au monde, mais aussi un écosystème croissant d’entreprises technologiques et de startups désireuses de diversifier leurs bassins de talents.
Les statistiques soulignent le besoin urgent de tels programmes. Les peuples autochtones demeurent considérablement sous-représentés dans les domaines des STIM, avec moins de 2 % travaillant dans les secteurs de l’informatique et des technologies de l’information, bien qu’ils représentent près de 5 % de la population canadienne.
« Nous ne cherchons pas simplement à remplir un quota de diversité », affirme Samuel Awashish, un entrepreneur cri impliqué dans la conception du programme. « Les façons de penser autochtones—nos approches holistiques, nos visions du monde centrées sur les relations—ont beaucoup à apporter au développement de l’IA. Nous devons être à la table. »
L’initiative a obtenu des financements de sources publiques et privées, notamment d’Innovation Canada et de plusieurs entreprises technologiques montréalaises engagées à améliorer l’équité dans l’industrie. Ce soutien financier garantit que le programme peut offrir des bourses et éliminer les barrières financières pour les participants.
Au-delà de la formation technique, le programme aborde des questions plus larges comme la création d’espaces culturellement sécuritaires dans les milieux de travail technologiques et la mise en relation des participants avec des mentors autochtones déjà actifs dans le domaine. Cette approche globale reconnaît que les défis de représentation vont au-delà des lacunes en compétences.
« Ce qui m’enthousiasme le plus, c’est de voir les participants réaliser qu’ils ont leur place dans ces espaces », déclare Jennifer Cardinal, une scientifique des données anishinaabe qui sera l’une des formatrices du programme. « Il y a quelque chose de puissant à voir quelqu’un qui vous ressemble, qui partage votre origine, exceller dans un domaine qu’on vous a dit ne pas être pour vous. »
L’initiative survient à un moment critique alors que les technologies d’IA transforment rapidement les industries et les sociétés. Sans perspectives diverses guidant le développement, ces puissants outils risquent de perpétuer les inégalités existantes ou de causer des préjudices involontaires aux communautés marginalisées.
Les leaders autochtones locaux ont exprimé leur enthousiasme quant au potentiel du programme. « Nos communautés ont toujours été innovantes et adaptatives », note l’Aînée Martha Kanatakta, qui siège au conseil consultatif du programme. « Cette initiative reconnaît que les peuples autochtones devraient être créateurs de technologie, pas seulement consommateurs. »
La première cohorte commencera sa formation cet automne, les candidatures ouvrant le mois prochain. Les organisateurs du programme s’attendent à un vif intérêt et prévoient déjà d’augmenter la capacité dans les années suivantes en fonction des retours et des résultats de la communauté.
Pour Montréal, l’initiative représente une autre étape dans l’évolution de la ville en tant que centre technologique qui privilégie l’innovation éthique et l’inclusion. Elle fait suite à d’autres programmes réussis ciblant les groupes sous-représentés dans la technologie, bien que ce soit le premier spécifiquement axé sur la participation autochtone au développement de l’IA.
Alors que l’intelligence artificielle continue de remodeler notre monde, des initiatives comme le programme d’IA autochtone de Mila garantissent que cette révolution technologique inclut et bénéficie à toutes les communautés. En combinant les connaissances traditionnelles avec la technologie de pointe, le programme pourrait contribuer à créer des systèmes d’IA non seulement plus inclusifs, mais aussi plus réfléchis et responsables.
Les personnes intéressées à en savoir plus sur le programme ou à postuler peuvent contacter le bureau de sensibilisation autochtone de Mila ou visiter leur site Web pour obtenir des détails sur les dates limites de candidature et les conditions d’admissibilité.