J’ai passé la matinée à discuter avec des élèves à travers Montréal alors que la tension monte concernant la nouvelle interdiction des téléphones cellulaires dans les écoles du Québec
La politique controversée, entrée officiellement en vigueur lundi, a suscité des réactions passionnées de la part des adolescents qui estiment que leurs voix ont été ignorées dans ce processus décisionnel.
« Ils ne nous ont même pas demandé ce qu’on en pensait, » affirme Emma Tremblay, une élève de 16 ans de l’École secondaire Saint-Laurent. « On utilise nos téléphones pour tout – vérifier nos horaires, communiquer avec nos parents, et parfois même pour le travail scolaire. »
L’interdiction à l’échelle provinciale empêche les élèves d’utiliser leurs téléphones cellulaires pendant les heures de cours, sauf autorisation spécifique des enseignants à des fins pédagogiques. Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a défendu cette mesure comme nécessaire pour améliorer la concentration et réduire les distractions en classe.
Cependant, de nombreux élèves n’acceptent pas les nouvelles règles sans résistance. Plusieurs groupes d’élèves ont organisé une sortie coordonnée prévue pour jeudi après-midi, avec des participants attendus d’au moins six écoles secondaires de la région montréalaise.
Sarah Cohen, l’une des organisatrices de la manifestation du Westmount High School, a expliqué leurs motivations lors de notre conversation dans un café du quartier. « Il ne s’agit pas seulement de garder nos téléphones. C’est d’être traités comme si nous méritions d’avoir notre mot à dire dans les décisions qui affectent notre vie quotidienne. »
La manifestation a pris de l’ampleur grâce aux médias sociaux, où les élèves ont partagé des dépliants numériques et coordonné leurs efforts en dehors des canaux scolaires. Les parents semblent divisés sur la question, certains soutenant le droit de leurs enfants à manifester tandis que d’autres appuient la position du gouvernement.
Catherine Nguyen, parent montréalaise, estime que l’interdiction répond à des préoccupations légitimes. « Mon fils est constamment distrait par son téléphone. Peut-être que cela l’aidera à se concentrer davantage sur ses études, » m’a-t-elle confié en venant chercher son enfant à l’école hier.
L’Union étudiante du Québec a publié une déclaration soutenant le droit des élèves à la manifestation pacifique tout en reconnaissant les préoccupations légitimes concernant le temps d’écran excessif. Leur porte-parole, Jean-Philippe Marcoux, a noté que « toute politique efficace devrait impliquer toutes les parties prenantes, y compris les élèves eux-mêmes. »
Les administrateurs scolaires se retrouvent pris entre deux feux. Pierre Lavoie, directeur du Collège Mont-Royal, a partagé son point de vue: « Nous comprenons la frustration des élèves, mais nous sommes également obligés d’appliquer les directives ministérielles. Nous essayons de créer une approche équilibrée qui respecte les deux côtés. »
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