Les incendies de forêt en Alberta perturbent les opérations du secteur énergétique

James Dawson
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Les incendies qui menacent l’infrastructure énergétique de l’Alberta cette semaine ont envoyé des ondes de choc à travers l’épine dorsale économique de la province, alors que plusieurs grands exploitants pétroliers et gaziers évacuent leur personnel et suspendent leurs opérations face à l’avancée des feux de forêt. Après presque une décennie à couvrir ce secteur, j’ai rarement vu une perturbation aussi généralisée touchant simultanément de nombreuses entreprises.

Cenovus Energy et Canadian Natural Resources Ltd. ont toutes deux été contraintes de déplacer des travailleurs de leurs installations menacées, Cenovus évacuant environ 120 employés de son site de Christina Lake mardi. L’entreprise a décrit cette mesure comme préventive, un terme que j’ai entendu à maintes reprises alors que les producteurs d’énergie privilégient la sécurité des travailleurs tout en tentant de maintenir la production lorsque possible.

En discutant avec des sources de l’industrie hier, le thème récurrent était l’urgence maîtrisée. Un responsable des opérations, qui a demandé l’anonymat en raison des politiques de communication de son entreprise, m’a confié : « Nous avons perfectionné nos protocoles d’évacuation depuis les incendies de Fort McMurray, mais l’ampleur et la vitesse de ces feux présentent encore d’énormes défis logistiques. »

L’Alberta Energy Regulator a confirmé que plusieurs entreprises ont activé leurs plans d’intervention d’urgence. Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est l’étendue géographique de la menace, avec des installations dans tout le centre-nord et le nord-est de l’Alberta potentiellement touchées.

Ces perturbations surviennent à un moment particulièrement délicat pour le secteur énergétique albertain. La province avait enfin retrouvé son élan après des années de revers liés à la pandémie et de prix des matières premières volatils. Le mois dernier encore, j’ai interviewé plusieurs dirigeants basés à Calgary qui exprimaient un optimisme prudent quant aux objectifs de production pour 2023.

Canadian Natural Resources Ltd. a temporairement réduit sa production sur son site de Kirby, bien que les représentants de l’entreprise n’aient pas divulgué d’impacts spécifiques sur la production. Pendant ce temps, MEG Energy a reconnu la proximité des feux de forêt avec ses opérations de Christina Lake, mais maintient la continuité de la production tout en surveillant les conditions.

La complexité de l’infrastructure énergétique albertaine rend ces situations particulièrement difficiles. La plupart des installations ne peuvent pas simplement être éteintes comme une lumière. Les arrêts nécessitent un séquençage minutieux pour protéger l’intégrité des équipements et prévenir les incidents environnementaux. Le processus de redémarrage est tout aussi délicat et chronophage.

Le gouvernement de l’Alberta signale environ 91 feux de forêt actifs dans la province, dont 26 classés comme hors de contrôle en date de mercredi soir. L’Agence de gestion des urgences de l’Alberta coordonne avec l’industrie la gestion des évacuations et le déploiement des ressources.

Le ministre de l’Énergie, Pete Guthrie, a publié hier une déclaration rassurant les Albertains que « des plans d’urgence sont en place pour maintenir les services énergétiques essentiels ». Cependant, il a reconnu que la situation demeure « dynamique et difficile ».

Ce qui est souvent négligé dans ces scénarios, c’est l’impact sur les milliers de travailleurs contractuels qui soutiennent ces opérations. Les entreprises de services basées à Calgary se sont précipitées pour redéployer le personnel et l’équipement loin des zones touchées, créant des goulots d’étranglement logistiques dans tout le secteur.

Les implications financières restent difficiles à quantifier. Lorsque j’ai pressé des analystes pour obtenir des estimations, la plupart ont refusé de faire des projections spécifiques, citant trop de variables. Cependant, Mark Oberstoetter, directeur chez Wood Mackenzie, a suggéré que « des arrêts prolongés dans plusieurs installations pourraient potentiellement affecter les chiffres de production provinciaux pour le trimestre si les conditions persistent ».

D’après ma couverture des saisons d’incendies précédentes, j’ai observé que l’industrie se rétablit généralement rapidement une fois les menaces immédiates dissipées. Les incendies de Fort McMurray en 2016, malgré leur dévastation, ont entraîné des impacts relativement à court terme sur la production pour la plupart des exploitants.

Les conditions météorologiques détermineront finalement l’évolution de cette situation. Environnement Canada prévoit des conditions chaudes et sèches continues dans une grande partie du nord de l’Alberta jusqu’à la fin de semaine, avec seulement des précipitations éparses offrant un soulagement limité.

Pour les communautés proches de ces exploitations, les évacuations représentent plus que des statistiques de production. Elles signalent des effets économiques potentiels en cascade sur les entreprises locales dépendantes de l’activité industrielle. Dans des endroits comme Cold Lake et Fort McMurray, ces perturbations touchent presque tous les aspects de la vie communautaire.

Les services provinciaux de lutte contre les incendies ont déployé plus de 800 pompiers, renforcés par des équipes d’autres provinces. La coordination entre les équipes d’urgence de l’industrie et les ressources gouvernementales s’est nettement améliorée depuis les précédents grands incendies de forêt, un point souligné par plusieurs responsables de la sécurité avec qui j’ai parlé hier.

Alors que les sièges sociaux énergétiques de Calgary surveillent leurs opérations nordiques, la situation souligne la relation de plus en plus complexe entre le secteur énergétique de l’Alberta et les événements liés au climat. L’industrie qui alimente l’économie de notre province fait désormais face à des menaces opérationnelles régulières provenant des conditions environnementales mêmes contre lesquelles les scientifiques nous mettent en garde depuis longtemps.

Je continuerai à suivre ces développements alors que les entreprises évaluent les impacts et ajustent leurs opérations en réponse à cette situation en évolution.

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