Les Groupes Juifs LGBTQ Exclus de la Parade de la Fierté de Montréal en Pleine Controverse

Amélie Leclerc
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La décision du défilé de la Fierté de Montréal d’exclure les organisations LGBTQ+ juives a déclenché un débat intense à travers les diverses communautés de notre ville. Ayant couvert cette célébration depuis plus d’une décennie, j’ai été témoin de l’évolution de la Fierté, passant d’une manifestation à la magnifique vitrine d’inclusivité de notre ville. L’événement de cette année, cependant, reflète les douloureuses complexités qui divisent actuellement de nombreuses communautés.

Les organisateurs de la Fierté ont confirmé avoir interdit aux groupes LGBTQ+ juifs de participer au défilé d’août, citant des préoccupations de sécurité dans le contexte des tensions liées au conflit israélo-palestinien. Cette décision a suivi le retrait de plusieurs organisations pro-palestiniennes qui ont refusé de défiler aux côtés de groupes juifs.

« Nous sommes profondément déçus, » a déclaré Michael Chervin de Queers pour la Palestine lors de notre conversation dans un café du Mile End hier. « La Fierté devrait créer des espaces courageux, pas exclure des communautés en fonction de leur identité. »

La controverse se concentre sur la décision de Fierté Montréal d’interdire à des groupes, dont l’organisation LGBTQ+ juive Ga’avah Montréal, de défiler avec des symboles de l’étoile de David. Les responsables de la Fierté ont expliqué que ce choix est intervenu après « une consultation approfondie » avec des experts en sécurité et des parties prenantes de la communauté.

La rabbin Lisa Grushcow du Temple Emanu-El-Beth Sholom a exprimé une profonde inquiétude quant au précédent établi. « Cette décision contredit tout ce que représente la Fierté, » m’a-t-elle confié lors de notre conversation téléphonique. « Les personnes queer juives font maintenant face à l’exclusion d’un événement censé célébrer toutes les identités. »

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a publiquement critiqué cette décision, écrivant sur les réseaux sociaux: « Les célébrations de la Fierté doivent rester des espaces inclusifs où la diversité sous toutes ses formes est célébrée. »

La Fédération CJA et le Centre consultatif des relations juives et israéliennes ont publié une déclaration commune condamnant ce qu’ils ont appelé « une politique discriminatoire ciblant les personnes LGBTQ+ juives et israéliennes. » Ils ont souligné que la Fierté devrait « s’opposer à la haine et à la discrimination sous toutes leurs formes. »

En me promenant dans le Village hier après-midi, j’ai remarqué que les tableaux d’affichage communautaires étaient couverts d’affiches contradictoires concernant la controverse. Plusieurs commerces locaux ont placé des drapeaux arc-en-ciel à côté d’étoiles de David dans leurs vitrines en signe de solidarité.

La situation de Montréal n’est pas unique. Des tensions similaires sont apparues dans les célébrations de la fierté à travers l’Amérique du Nord. À Toronto le mois dernier, les organisateurs ont été critiqués pour avoir permis aux groupes pro-palestiniens de participer tout en limitant certaines organisations juives.

« Ce qui rend cette situation particulièrement douloureuse, c’est que les individus LGBTQ+ des communautés juives et palestiniennes font face à des défis uniques et méritent d’être célébrés, » a expliqué Marie-Claude Provost, une défenseure des droits humains de longue date que j’ai rencontrée au Centre communautaire de Notre-Dame-de-Grâce. « Créer de faux choix entre les communautés nuit à tout le monde. »

Fierté Montréal a défendu sa position comme nécessaire pour maintenir la sécurité tout en reconnaissant la controverse. « Nous comprenons que cette décision a causé de la douleur, » indique leur communiqué. « Nous restons engagés à créer des espaces inclusifs tout en assurant la sécurité de tous. »

Pour de nombreux Montréalais, cette situation souligne comment les conflits mondiaux peuvent fracturer les communautés locales. Jacques Bouchard, participant de longue date à la Fierté, a partagé son point de vue alors que nous discutions de la question dans un café du Plateau: « J’ai défilé pendant 20 ans pour célébrer l’unité. Cette année, c’est différent – il y a cette tension qui divise des personnes qui devraient être solidaires. »

Plusieurs événements alternatifs émergent maintenant à travers la ville. Un rassemblement populaire « Fierté pour tous » est en cours d’organisation au Parc La Fontaine, mettant l’accent sur l’inclusion de toutes les identités. Pendant ce temps, certaines organisations juives prévoient d’organiser leur propre célébration la semaine suivant le défilé officiel.

Alors que notre ville navigue dans ces conversations difficiles, de nombreux leaders communautaires appellent au dialogue plutôt qu’à la division. « La Fierté a commencé comme une protestation contre l’exclusion, » a noté la respectée historienne LGBTQ+ Catherine Tremblay. « Nous devons nous souvenir de cet héritage tout en trouvant des moyens de faire de la place pour les identités complexes de chacun. »

La situation reste fluide, avec des organisations de tous bords qui planifient des réunions dans les semaines à venir. Ce qui est clair, c’est que la célébration de la Fierté de cette année sera marquée à la fois par des absences et de nouvelles conversations sur ce que signifie la véritable inclusivité dans un monde divisé.

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