Dans ce qui s’annonce comme l’une des fins de saison les plus palpitantes du baseball récent, les Blue Jays de Toronto et les Yankees de New York se retrouvent à égalité en tête de la division Est de la Ligue américaine avant le dernier match de la saison ce dimanche. L’ambiance au Rogers Centre est électrique alors que les deux équipes se préparent pour ce qui équivaut à un match décisif pour la couronne divisionnaire.
« Je n’ai pas vu la ville aussi énergisée depuis les séries éliminatoires de 2015-2016, » confie Marion Kemp, abonnée de longue date des Blue Jays, que j’ai aperçue arborant son maillot vintage de Joe Carter à l’extérieur du stade hier. « C’est ça, l’essence du baseball – tout se joue lors de la dernière journée. »
Les implications sont énormes. Le vainqueur de la division avance directement aux Séries de division de la Ligue américaine, tandis que le second devra passer par la carte wildcard – un chemin nettement plus difficile vers la Série mondiale.
Le gérant des Blue Jays, John Schneider, est resté calme durant la conférence de presse d’avant-match hier, mais n’a pas pu dissimuler l’importance de l’affrontement d’aujourd’hui. « On s’est battu toute la saison pour cette opportunité, » a déclaré Schneider aux journalistes. « Nos gars comprennent l’enjeu, mais ils se concentrent pour aborder ça comme n’importe quel autre match. »
C’est plus facile à dire qu’à faire. En me promenant dans les coursives avant le match d’hier, je n’ai pu m’empêcher de remarquer la tension palpable parmi les partisans. Même les placeurs, habituellement stoïques, semblaient emportés par l’excitation.
Le duel au monticule opposera Yusei Kikuchi de Toronto à Gerrit Cole de New York dans ce qui promet d’être un affrontement épique. Kikuchi a été étonnamment régulier cette saison, tandis que Cole a performé à son niveau d’as habituel malgré une absence en juillet pour un problème mineur au coude.
L’attaque de Toronto a été menée par Vladimir Guerrero Jr., qui entame le dernier match avec une moyenne de ,306 et 35 circuits. « Vladdy a été notre pilier toute la saison, » explique Guillermo Martinez, entraîneur des frappeurs des Blue Jays. « Mais ce qui rend cette équipe spéciale, c’est la façon dont différents joueurs se démarquent quand on en a le plus besoin. »
Selon les dernières données de Baseball Reference, les Blue Jays et les Yankees ont partagé leur série saisonnière 9-9 jusqu’à présent, soulignant davantage à quel point ces équipes sont de force égale. Les similitudes statistiques vont au-delà de leurs confrontations directes – les deux équipes se classent dans le top 5 pour la moyenne de points mérités et dans le top 7 pour les points marqués.
L’impact économique de cette ambiance digne des séries éliminatoires n’a pas échappé aux commerces locaux. « Les ventes ont augmenté d’environ 40% par rapport aux matchs à domicile ordinaires, » indique Miguel Santos, gérant du Pint Public House près du Rogers Centre. « S’ils gagnent aujourd’hui, on s’attend à une folie absolue. »
L’Alliance du tourisme sportif de l’Ontario estime que chaque match éliminatoire génère environ 3,7 millions de dollars d’activité économique pour Toronto. Même cette finale de saison régulière suscite une effervescence et des dépenses dignes des séries.
Les prix des billets sur les plateformes de revente ont explosé, certaines places au niveau 100 se vendant à plus de 500$. StubHub a rapporté hier qu’il s’agit du match de saison régulière des Blue Jays le plus demandé dans l’histoire de leurs statistiques.
Le gérant des Yankees, Aaron Boone, a minimisé la pression, déclarant aux médias new-yorkais : « Nous sommes en mode séries depuis des semaines. » Mais l’enjeu ne pourrait être plus élevé pour les deux clubs.
Pour Toronto, remporter la division serait particulièrement savoureux après que les pronostics de présaison les avaient placés en troisième position derrière New York et Boston. « Personne en dehors de notre vestiaire ne croyait qu’on serait ici, » m’a confié George Springer, voltigeur des Blue Jays, lors d’une brève entrevue dans le vestiaire. « C’est ce qui rend ce groupe spécial – nous n’avons jamais cessé d’y croire. »
L’histoire entre ces franchises légendaires ajoute une autre dimension au drame. Bien que les Yankees détiennent l’avantage historique avec 27 titres de la Série mondiale, les Blue Jays ont joué les trouble-fête aux ambitions new-yorkaises à plusieurs reprises ces dernières années.
Si le match d’aujourd’hui se termine à égalité après neuf manches, des manches supplémentaires détermineront le vainqueur de la division. Il n’y a pas de lendemain – pas de 163e match comme par le passé en raison du format révisé des séries éliminatoires de la MLB.
Alors que je rédige ce reportage depuis la tribune de presse du Rogers Centre, la pratique au bâton vient de se terminer. L’équipe des opérations du stade fait les derniers préparatifs pour ce qui sera probablement une salle comble approchant les 50 000 partisans.
Quel que soit le résultat, les amateurs de baseball de Toronto sont témoins de quelque chose de spécial – un match de saison régulière avec toute l’intensité et les conséquences du baseball d’octobre. Le premier lancer est prévu pour 15h07 HE, et pour l’une de ces équipes, ce sera le début d’un chemin direct vers les aspirations au championnat.
Pour Toronto, une ville qui a adopté cette équipe à travers les hauts et les bas, aujourd’hui représente tout ce qui fait la grandeur du baseball – quand tout un marathon de 162 matchs se résume à un dernier sprint glorieux.