Le soleil de fin d’après-midi baigne la Metis Trail, dans le nord-est de Calgary, projetant de longues ombres sur le pavé où je rencontre la famille Reyes. Leurs yeux sont rougis, leurs voix se brisent parfois lorsqu’ils partagent leurs souvenirs de Samuel Reyes, 20 ans, tragiquement tué dans une agression au couteau au centre-ville le week-end dernier.
« Il était la lumière de notre famille, » confie Maria Reyes, la mère de Samuel, serrant contre elle une photo encadrée de son fils. « Toujours à faire des blagues, toujours prêt à aider tout le monde. Maintenant, il n’y a que le vide. »
L’incident fatal s’est produit vers 2h30 du matin samedi près de la 7e Avenue et de la 1re Rue S.O., un quartier animé en fin de soirée à l’heure de fermeture des bars. Selon les rapports du Service de police de Calgary, une altercation entre deux groupes a rapidement dégénéré, et Samuel a été poignardé à plusieurs reprises. Malgré les efforts des services d’urgence, il a été déclaré mort au Centre médical Foothills.
« Nous observons une tendance alarmante de violence dans notre centre-ville, » m’explique le détective James Morrison lors de notre entretien au quartier général du CPS. « C’est notre quatrième homicide impliquant des armes blanches dans le secteur du centre-ville cette année. »
Les statistiques partagées par Morrison sont inquiétantes. Les crimes violents au centre-ville de Calgary ont augmenté de 17% par rapport à la même période l’an dernier, les incidents liés aux armes montrant la hausse la plus marquée.
Le père de Samuel, Robert Reyes, peine à garder son calme en décrivant le moment où les policiers sont arrivés chez eux. « On ne pense jamais que ce sera notre enfant. Jamais. Il était simplement sorti avec des amis pour fêter un anniversaire. »
Deux suspects ont été placés en garde à vue dimanche soir, selon le CPS. Marcus Williams, 22 ans, fait face à des accusations de meurtre au second degré, tandis qu’un autre individu, dont le nom ne peut être divulgué en raison des restrictions d’âge prévues par la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents, est accusé de complicité.
Samuel étudiait en commerce au SAIT et rêvait d’ouvrir son propre restaurant. Sa sœur aînée, Carolina, me montre ses notes de cours, méticuleusement organisées avec des onglets colorés. « Il était si déterminé, » dit-elle. « C’est ce qui rend tout cela si cruel – tout son potentiel… envolé. »
La famille Reyes a immigré à Calgary des Philippines il y a douze ans, faisant partie de la vibrante communauté philippine qui a enrichi le paysage culturel de notre ville. Samuel était le premier de sa famille à poursuivre des études postsecondaires, travaillant à temps partiel dans une épicerie locale pour financer ses études.
La réponse de la communauté a été rapide et sincère. Une campagne GoFundMe organisée par les camarades de classe de Samuel a déjà recueilli plus de 23 000 $ pour aider la famille à couvrir les frais funéraires. Une veillée aux chandelles est prévue jeudi soir à Olympic Plaza.
« Nous sommes bouleversés par la gentillesse des Calgariens, » dit Maria, « mais nous voulons toujours des réponses. Pourquoi a-t-il été ciblé? Pourquoi nos rues deviennent-elles si dangereuses? »
C’est une question que de nombreux Calgariens se posent. Le conseiller Terry Wong, dont le quartier comprend une partie du centre-ville, m’a fait part de ses sérieuses préoccupations concernant la sécurité publique lors de notre conversation d’hier.
« Nous avons alloué des ressources supplémentaires à la police du centre-ville dans le budget de cette année, » a expliqué Wong, « mais il est évident que davantage doit être fait. Chaque tragédie comme celle-ci nous oblige à réévaluer notre approche de la sécurité urbaine. »
Le chef du CPS, Mark Neufeld, a annoncé hier que les patrouilles du centre-ville seront immédiatement augmentées, avec une attention particulière aux heures tardives de fermeture des bars et des boîtes de nuit.
Pour la criminologue Dre Irene Shankar de l’Université Mount Royal, ces incidents reflètent des problèmes sociétaux plus larges. « Ce que nous voyons n’est pas simplement un problème de police, » a-t-elle expliqué lors de notre conversation téléphonique. « C’est lié aux pénuries de logements abordables, aux lacunes dans le soutien en santé mentale et à la réduction des programmes communautaires. »
À la tombée de la nuit, la famille Reyes m’invite à voir un petit mémorial qu’ils ont créé dans leur salon. Les trophées de basketball de Samuel, sa lettre d’acceptation au SAIT et des dizaines de photos témoignant d’une vie tragiquement écourtée.
« Aucune famille ne devrait vivre cela, » dit Robert doucement. « Nous voulons justice pour Samuel, mais nous voulons aussi du changement. Un vrai changement qui rende notre ville plus sûre. »
La famille assistera à une comparution devant le tribunal des accusés plus tard cette semaine. Pendant ce temps, le CPS continue d’enquêter pour déterminer si l’attaque était ciblée ou aléatoire, le détective Morrison soulignant que plusieurs témoins ne se sont pas encore manifestés.
Alors que Calgary est aux prises avec cette dernière tragédie, le chagrin de la famille Reyes apparaît comme un rappel brutal des effets de la violence dans notre communauté. Leur douleur exige non seulement notre sympathie, mais aussi des actions concrètes pour répondre aux préoccupations croissantes concernant la sécurité du centre-ville.
Pour ceux qui souhaitent soutenir la famille Reyes ou partager des informations sur l’incident, le CPS a établi une ligne dédiée au 403-266-1234. Des informations anonymes peuvent être fournies par l’entremise d’Échec au crime.
Je suivrai cette affaire au fil de son évolution dans notre système judiciaire et examinerai les questions plus larges concernant la sécurité du centre-ville dans les semaines à venir.
