La menace d’une grève à Postes Canada envoie des ondes de choc dans la communauté d’affaires d’Ottawa alors que les entrepreneurs se préparent à d’importantes perturbations de leurs opérations. Avec les négociations entre Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) dans l’impasse, les entreprises locales s’empressent d’élaborer des plans d’urgence.
« On ressent déjà l’anxiété, » confie Melissa Francois, propriétaire de Westboro Gifts, une boutique qui expédie environ 40 % de ses produits à travers le Canada. « Novembre et décembre représentent près de la moitié de notre chiffre d’affaires annuel. Une grève postale maintenant pourrait être dévastatrice. »
Le syndicat, qui représente environ 55 000 travailleurs postaux, a indiqué que des moyens de pression pourraient commencer dès le 15 novembre si leurs demandes concernant les salaires, les conditions de travail et la sécurité d’emploi ne sont pas satisfaites. Ce moment ne pourrait être pire pour le secteur du commerce de détail d’Ottawa, qui dépend fortement de la période des fêtes.
À Glebe Paper Plus, le propriétaire David Kimmel a déjà affiché des avis encourageant les clients à passer leurs commandes plus tôt. « Nous conseillons aux clients d’envisager des méthodes d’expédition alternatives pour les articles sensibles au facteur temps, » explique Kimmel. « Le problème, c’est que les services de messagerie privés coûtent considérablement plus cher, ce qui réduit nos marges ou nous force à transférer les coûts aux clients. »
L’impact économique s’étend au-delà des détaillants. Les startups de commerce électronique d’Ottawa, en plein essor, sont particulièrement vulnérables. Tech Ottawa, une association industrielle locale, estime qu’environ 300 petites entreprises en ligne dans la région de la capitale nationale dépendent de Postes Canada pour plus de 80 % de leurs livraisons.
Sarah Thornton, fondatrice d’OttawaSnackBox, un service d’abonnement livrant des gourmandises locales, affirme que son entreprise de trois ans fait face à des décisions difficiles. « Nous avons construit notre modèle tarifaire autour des tarifs abordables de Postes Canada. Passer à des messageries privées augmenterait nos coûts d’expédition d’environ 30 %, » note-t-elle. « Nous devons soit absorber ces coûts, soit augmenter les prix pendant une période économique déjà difficile. »
La Chambre de commerce d’Ottawa a mis en place un centre de ressources d’urgence pour aider les entreprises à naviguer dans cette perturbation potentielle. Leur portail en ligne offre des conseils sur les fournisseurs d’expédition alternatifs, des modèles de communication pour les notifications aux clients et des stratégies de gestion des flux de trésorerie pendant les interruptions de service.
« Ce qui rend cette situation particulièrement difficile, c’est l’incertitude, » explique Raymond Duchesne, directeur des services aux membres de la Chambre. « Les entreprises ne peuvent pas planifier correctement sans savoir si la grève durera des jours, des semaines ou potentiellement des mois. »
Pour les petits éditeurs et les entreprises de médias indépendants d’Ottawa, la situation présente des défis uniques. Les imprimés comme les bulletins communautaires et les magazines spécialisés s’appuient généralement sur le service Poste-publications de Postes Canada, qui offre des tarifs considérablement réduits.
Le gouvernement fédéral n’a pas encore indiqué s’il interviendrait avec une législation de retour au travail, bien qu’historiquement, les grèves postales aient vu l’action gouvernementale lorsque les impacts économiques deviennent graves. Le bureau du ministre du Travail a déclaré qu’il « encourage les deux parties à parvenir à un règlement négocié » mais a refusé de commenter une intervention potentielle.
Les institutions financières préparent également leurs clients aux perturbations. La succursale de la Banque TD sur la rue Elgin a affiché des avis rappelant aux clients de passer aux relevés électroniques et aux options bancaires en ligne. « Nous avons constaté une augmentation du nombre de clients demandant de l’aide pour configurer des dépôts directs et des paiements automatiques, » déclare la directrice de succursale Kimberly Wu.
Les fournisseurs médicaux et les pharmacies qui livrent des ordonnances par la poste mettent en œuvre des protocoles d’urgence. La Pharmacie Centretown a conclu des contrats avec des services de messagerie locaux pour s’assurer que les patients vulnérables continuent de recevoir leurs médicaments sans interruption.
« Le coût est significativement plus élevé, » admet le pharmacien Omar Hassan, « mais assurer la continuité des soins est notre priorité. Nous ne pouvons pas avoir des patients qui manquent des doses de médicaments essentiels. »
Des solutions technologiques locales émergent pour combler le potentiel vide de service. L’application de livraison FlashBike, basée à Ottawa, a annoncé une expansion temporaire de sa zone de service pour couvrir plus de quartiers résidentiels. « Nous nous concentrons habituellement sur les livraisons de restaurants et d’épiceries, » explique le cofondateur James Nguyen, « mais nous adaptons notre plateforme pour aider les entreprises locales à maintenir les livraisons pendant toute perturbation postale. »
Alors que les grandes entreprises ont établi des contrats d’urgence avec des sociétés de messagerie majeures, les petites entreprises manquent de telles ressources. Des initiatives communautaires émergent pour combler cette lacune, notamment des associations commerciales de quartier organisant des routes de livraison partagées pour réduire les coûts.
À l’approche de la date limite de grève, la communauté d’affaires d’Ottawa reste optimiste quant à une résolution mais de plus en plus préoccupée par les impacts potentiels. Les jours à venir seront critiques alors que les entreprises finalisent leurs plans d’urgence pendant que les représentants de Postes Canada et du syndicat poursuivent les négociations.
Pour l’instant, on encourage les consommateurs d’Ottawa à soutenir les entreprises locales en faisant leurs achats tôt, en récupérant leurs achats en personne lorsque possible, et en comprenant que des perturbations de livraison pourraient être inévitables dans les semaines à venir.