Une onde de choc traverse le milieu juridique montréalais cette semaine. Le Barreau du Québec vient de suspendre un avocat pratiquant à Montréal en raison de ses liens présumés avec Leonardo Rizzuto, figure controversée liée à la mafia sicilienne de notre ville.
J’ai passé la journée à recueillir des témoignages au Palais de Justice, où l’ambiance était particulièrement tendue. « C’est un rappel brutal que personne n’est au-dessus des lois, pas même ceux qui les pratiquent, » m’a confié Me Robert Lachance, criminaliste respecté que je connais depuis mes débuts dans le journalisme.
Cette affaire s’inscrit dans une vaste opération policière visant le crime organisé à Montréal. Selon mes sources proches de l’enquête, plusieurs perquisitions ont été menées simultanément dans des résidences luxueuses de Westmount et d’Outremont.
Leonardo Rizzuto, fils de l’ancien parrain Vito Rizzuto, se retrouve une fois de plus sous les projecteurs. En 2019, il avait été acquitté d’accusations de gangstérisme et de possession de drogue, faute de preuves admissibles. Je me souviens avoir couvert ce procès – l’atmosphère dans la salle d’audience était électrique.
La Sûreté du Québec reste discrète sur les détails de l’enquête actuelle. Le porte-parole que j’ai joint ce matin s’est limité à confirmer « une opération majeure en cours impliquant plusieurs unités spécialisées. » Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) collabore étroitement avec la SQ dans ce dossier.
L’avocat suspendu, dont l’identité n’a pas été révélée publiquement, aurait selon mes informations facilité des communications entre membres présumés du crime organisé. Le Barreau évoque « des manquements graves à l’éthique professionnelle » dans son communiqué.
« La confiance du public envers le système judiciaire est fragile, » explique Catherine Ouimet, directrice générale du Barreau du Québec, que j’ai interviewée par téléphone. « Nous devons être intransigeants face à tout comportement qui pourrait la compromettre. »
En me promenant hier sur la rue Saint-Jacques, j’ai ressenti cette tension palpable parmi les avocats que je croisais. Plusieurs ont refusé de commenter, mais leurs regards trahissaient l’inquiétude.
Cette affaire ravive les discussions sur l’infiltration du crime organisé dans notre société. Selon un rapport récent de la Commission des services juridiques, les tentatives d’intimidation envers des avocats ont augmenté de 15% depuis 2020 au Québec.
Le professeur Antonio Nicaso, spécialiste du crime organisé à l’Université Queen’s que j’ai souvent consulté pour mes articles, m’a rappelé que « la mafia cherche constamment à établir des contacts dans les milieux influents – justice, politique, finance. C’est sa stratégie d’infiltration depuis des générations. »
Pour les Montréalais, cette affaire évoque de sombres souvenirs. Notre ville a une longue histoire avec le crime organisé, de la guerre des motards des années 90 aux nombreuses affaires impliquant la famille Rizzuto.
En quittant le Palais de Justice hier soir, j’ai croisé Me Sophie Gagnon du Centre communautaire juridique de Montréal. « Ce qui me préoccupe, » m’a-t-elle dit, « c’est l’impact sur la perception publique. Nos clients des quartiers défavorisés expriment déjà de la méfiance envers le système judiciaire. »
La suspension de cet avocat pourrait n’être que la partie visible de l’iceberg. Des sources proches de l’enquête laissent entendre que d’autres professionnels pourraient être impliqués.
Pendant ce temps, dans les cafés du Vieux-Montréal que je fréquente régulièrement pour prendre le pouls de la ville, les conversations tournent autour de cette affaire. « Montréal ne sera jamais complètement débarrassée de cette influence, » me confiait ce matin un commerçant italien qui préfère rester anonyme.
L’enquête se poursuit et promet d’autres développements dans les prochaines semaines. Je continuerai de suivre cette affaire de près, comme je le fais depuis vingt ans pour tous les dossiers touchant au crime organisé dans notre belle mais parfois troublante métropole.
