Je viens de rentrer d’un site archéologique extraordinaire situé à environ une heure de route de nos rues animées de Montréal. Debout là-bas, observant les chercheurs brosser délicatement des siècles de terre, je n’ai pu m’empêcher de ressentir une connexion profonde avec ceux qui ont parcouru cette terre des milliers d’années avant nous.
La découverte près de Saint-Jean-sur-Richelieu suscite l’enthousiasme des archéologues. Une équipe dirigée par Dre Marie Tremblay de l’Université de Montréal a mis au jour des outils en pierre, des fragments de poterie et des instruments de chasse datant d’environ 4 000 ans. Ces artéfacts appartiennent à ce que les experts appellent la période archaïque tardive, une époque où les chasseurs-cueilleurs nomades commençaient à établir des établissements plus permanents dans notre région.
« Ce qui rend cette découverte particulièrement importante, c’est son état de conservation impeccable, » m’a expliqué Dre Tremblay en me montrant une pointe de flèche en pierre parfaitement préservée. « La composition du sol ici a créé des conditions idéales de préservation, nous offrant un aperçu sans précédent de la vie quotidienne le long du corridor de la rivière Richelieu. »
Les fouilles ont commencé de façon plutôt fortuite après que Pierre Lavoie, un résident local, ait remarqué d’étranges fragments de pierre en promenant son chien au printemps dernier. « J’ai toujours été passionné par l’histoire, » m’a confié Lavoie, les yeux plissés de fierté. « Quand j’ai vu quelque chose qui ne semblait pas naturel, j’ai tout de suite contacté l’université. »
Ce qui a suivi fut une étude archéologique méthodique confirmant que l’œil amateur de Lavoie avait repéré quelque chose de véritablement remarquable. Le ministère de la Culture du Québec a désormais désigné le site comme étant d’importance provinciale, allouant un financement d’urgence pour compléter les fouilles avant l’arrivée de l’hiver.
Parmi les découvertes les plus intrigantes, on trouve des preuves de vastes réseaux commerciaux. Plusieurs artéfacts contiennent des matériaux qui ne sont pas originaires du Québec, suggérant que ces premiers habitants maintenaient des contacts avec des groupes situés à des centaines de kilomètres. Un petit pendentif en cuivre provient probablement de la région des Grands Lacs, tandis que des perles de coquillage distinctives semblent venir des communautés côtières de l’Atlantique.
Dr Richard Williams du Département d’anthropologie de l’Université McGill, qui n’a pas participé à la découverte mais a visité le site, l’a qualifiée de « potentiellement la découverte archéologique la plus importante dans la région de Montréal depuis des décennies. »
En marchant prudemment entre les grilles de fouilles marquées, j’ai remarqué avec quelle minutie l’équipe documente tout. La position de chaque artéfact est photographiée et enregistrée à l’aide de coordonnées GPS avant d’être délicatement prélevée. C’est un travail méticuleux qui exige une patience immense.
« Nous lisons essentiellement une histoire écrite dans les couches de sol, » a expliqué Sophie Beauchamp, une étudiante aux cycles supérieurs travaillant sur le site. « Chaque niveau représente une période différente, et nous remontons l’histoire à rebours. »
Les artéfacts trouveront éventuellement leur place au Musée Pointe-à-Callière à Montréal, bien que les responsables du musée estiment qu’il faudra jusqu’à deux ans pour les cataloguer, les préserver et les préparer convenablement pour l’exposition publique.
Pour la communauté Kanien’kehá:ka (Mohawk) de Kahnawake toute proche, la découverte revêt une importance particulière. L’Aîné Joseph McComber visite régulièrement le site en tant que conseiller culturel. « Ce ne sont pas que des objets pour nous, » a-t-il partagé, sa voix portant le poids des générations. « Ils nous relient directement à nos ancêtres qui comprenaient intimement cette terre. »
L’équipe archéologique a travaillé en étroite collaboration avec des représentants autochtones pour s’assurer que les protocoles culturels sont respectés. Certains objets cérémoniels découverts pourraient finalement être restitués à la communauté plutôt qu’exposés publiquement.
Pour les Montréalais curieux du passé ancien de notre région, cette découverte offre une occasion remarquable. Le site lui-même reste fermé au public pendant les fouilles, mais l’équipe de recherche a lancé un site web interactif où les gens peuvent suivre les découvertes en temps réel.
Ce qui me frappe le plus, en observant les archéologues travailler dans leur rythme méticuleux, c’est comment cette découverte remet en question notre perception de l’histoire de Montréal. Bien avant que Maisonneuve ne pose le pied sur notre île, avant que les premiers navires européens ne naviguent sur le Saint-Laurent, des sociétés complexes prospéraient ici, laissant derrière elles ces indices fascinants de leur existence.
Dre Tremblay pense que ce n’est que le début. « D’après les relevés préliminaires au radar à pénétration de sol, nous soupçonnons que le site s’étend bien au-delà de nos fouilles actuelles, » a-t-elle déclaré. « Nous pourrions continuer à faire de nouvelles découvertes pendant des années. »
En revenant vers Montréal hier après-midi, je ne pouvais m’empêcher de voir le paysage différemment. Les autoroutes et les banlieues familières semblaient soudain n’être qu’un mince vernis sur une histoire beaucoup plus profonde et riche – une histoire qui nous relie tous à cet endroit remarquable que nous appelons chez nous.
Pour ceux qui souhaitent en apprendre davantage, le Musée Pointe-à-Callière organisera une série de conférences spéciales à partir du mois prochain, mettant en vedette l’équipe de recherche et leurs découvertes en cours.