En franchissant hier les portes de l’usine Danone Canada à Boucherville, l’effervescence était palpable. Le géant du yogourt vient d’annoncer un investissement substantiel de 7,5 millions de dollars dans cette installation de la Rive-Sud, marquant un engagement significatif envers le secteur manufacturier québécois.
« Cet investissement représente notre engagement envers l’innovation et le développement durable ici même au Québec, » m’a expliqué Pauline Varga, présidente de Danone Canada, lors de notre visite. Le financement servira principalement à moderniser les capacités de production de l’usine et à améliorer ses mesures de durabilité environnementale.
L’installation de Boucherville, qui fonctionne depuis 1971, produit certaines des marques laitières les plus reconnues au Canada, notamment Activia, Oikos et Silk. Avec ce nouvel investissement, Danone vise à augmenter sa capacité de production tout en réduisant son empreinte environnementale.
Le ministre québécois de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, était présent lors de l’annonce. « La fabrication alimentaire demeure une pierre angulaire de l’économie québécoise, » a-t-il souligné lors de notre conversation. « Des investissements comme celui-ci de Danone renforcent notre position de leader dans la production alimentaire durable. »
L’impact économique s’étend bien au-delà de l’usine elle-même. Selon Investissement Québec, le secteur de la transformation alimentaire emploie plus de 70 000 personnes à travers la province et génère environ 8,9 milliards de dollars de PIB annuel.
Pour Jean Martel, maire de Boucherville, cette annonce arrive au moment idéal. « Avoir des employeurs majeurs comme Danone qui réinvestissent dans notre communauté crée de la stabilité et des opportunités, » m’a-t-il confié après la conférence de presse. L’usine emploie actuellement près de 300 travailleurs de la région.
Ce qui a retenu mon attention, c’est l’accent mis par Danone sur la durabilité. L’entreprise prévoit de moderniser les systèmes de réfrigération et les processus de gestion des déchets, visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 25 % dans les trois prochaines années.
En parcourant l’atelier de production, Sophie Tremblay, responsable environnementale, m’a montré où les nouveaux équipements écologiques seront installés. « Nous mettons en place des systèmes de recyclage d’eau qui permettront d’économiser des millions de litres annuellement, » a-t-elle expliqué, son enthousiasme évident malgré le bruit des machines.
Cet investissement s’aligne avec le Plan québécois pour une économie verte 2030, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en promouvant une croissance économique durable. Le secteur de la transformation alimentaire a été identifié comme un acteur clé dans cette transition.
Des analystes de l’Institut économique de Montréal suggèrent que cette démarche reflète des tendances plus larges dans le paysage manufacturier québécois. « Les entreprises cherchent de plus en plus à moderniser leurs opérations avec un double objectif de productivité et de durabilité, » explique l’économiste Jean-François Perrault.
Pour les fournisseurs locaux, la nouvelle apporte de l’optimisme. « Quand des acteurs majeurs comme Danone investissent localement, cela crée des effets d’entraînement dans toute la chaîne d’approvisionnement, » note Catherine Bouchard, qui dirige une entreprise d’emballage collaborant avec plusieurs fabricants alimentaires de la région.
L’investissement survient à un moment où la sécurité alimentaire et la production locale ont gagné en importance. La pandémie a mis en lumière les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement mondiales, poussant de nombreuses entreprises à renforcer leurs capacités de fabrication régionales.
En traversant le centre-ville de Boucherville après l’annonce, j’ai remarqué un sentiment de fierté chez les habitants. Au Café du Coin, le propriétaire Michel Lavoie a partagé ses réflexions : « Que ces grandes entreprises choisissent de rester et de se développer ici signifie quelque chose. Cela nous donne confiance en notre avenir économique. »
La décision de Danone d’investir à Boucherville reflète également les avantages concurrentiels du Québec dans le secteur de la transformation alimentaire. La province offre des ressources naturelles abondantes, de l’énergie et une main-d’œuvre qualifiée, particulièrement en sciences alimentaires et en technologies de transformation.
Le projet devrait commencer immédiatement, avec un achèvement prévu pour fin 2024. Les responsables de Danone ont confirmé que la production se poursuivra sans interruption pendant le processus de modernisation.
Alors que Montréal continue de se positionner comme un pôle pour les pratiques commerciales durables, des investissements comme celui-ci servent d’exemples concrets de la façon dont la fabrication traditionnelle peut évoluer pour répondre aux défis environnementaux contemporains.
Pour les travailleurs de l’usine, cette annonce apporte des garanties. « C’est bon de savoir que l’entreprise voit un avenir ici, » a déclaré Marie Beaulieu, qui travaille à l’installation depuis 17 ans. « Nous avons vu d’autres usines fermer au fil des ans, donc cela ressemble à un vote de confiance. »
En rentrant vers Montréal, passant devant le fleuve Saint-Laurent qui a été témoin de siècles d’évolution économique au Québec, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir à la façon dont des investissements comme celui-ci façonnent l’avenir de notre communauté—un pot de yogourt à la fois.