Les lignes de fracture s’approfondissent à travers le Canada tandis que les dernières exigences de la première ministre Danielle Smith envers Ottawa continuent de susciter des débats d’un océan à l’autre. Après avoir passé la dernière semaine à discuter avec des Calgariens de ces développements, j’ai remarqué un schéma intéressant dans ces conversations – généralement empreintes d’opinions passionnées, mais rarement de consensus.
La récente confrontation de Smith avec le gouvernement fédéral représente plus qu’un simple chapitre dans les tensions Alberta-Ottawa. Selon un nouveau rapport de la Canada West Foundation, près de 63% des Albertains soutiennent l’approche de la première ministre, alors que seulement 27% des Ontariens partagent ce sentiment. Ces chiffres racontent l’histoire d’une division régionale de plus en plus difficile à combler.
« Il ne s’agit plus simplement de désaccords politiques, » affirme Dr. Martha Reynolds, politologue à l’Université Mount Royal. « Nous sommes témoins d’une divergence fondamentale dans la façon dont différentes parties du Canada envisagent le fonctionnement de la fédération. »
En me promenant hier dans le centre-ville de Calgary, je me suis arrêté au marché Bridgeland où le propriétaire Yousef Traya m’a offert sa perspective tout en réapprovisionnant ses étagères. « Écoutez, je ne dis pas que Smith a toujours raison, mais au moins elle se bat pour nous. Ça compte quand on a l’impression qu’Ottawa nous traite comme une réflexion après-coup. »
Les exigences de la première ministre concernant l’autonomie des pensions et la juridiction environnementale ont particulièrement trouvé écho chez de nombreux Albertains. Un récent sondage d’Angus Reid montre que 71% des résidents provinciaux estiment que l’Alberta devrait avoir un plus grand contrôle sur ses actifs de retraite, contre seulement 34% des Canadiens en général.
Cependant, des experts constitutionnels ont soulevé de sérieuses questions quant à la viabilité juridique des propositions de Smith. La professeure de droit de l’Université de Calgary, Dr. Katherine Wilson, m’a confié: « Beaucoup de ces demandes nécessiteraient des amendements constitutionnels avec un large soutien provincial – ce qui semble très improbable dans le climat politique actuel. »
Les implications économiques restent tout aussi controversées. Le Conseil des affaires de l’Alberta estime qu’il y aurait des avantages potentiels à une plus grande autonomie provinciale, mais reconnaît des coûts de transition significatifs et des incertitudes. Leur dernière analyse suggère que les défis de mise en œuvre pourraient temporairement perturber les marchés, même si des avantages à long terme se concrétisent.
Pour les Calgariens ordinaires, ces disputes de haut niveau se traduisent souvent par des préoccupations quotidiennes. Lors d’un forum communautaire à Kensington mardi dernier, j’ai observé des voisins avec des amitiés de plusieurs décennies se retrouver dans des camps opposés d’une discussion de plus en plus animée.
« Je travaille dans le secteur pétrolier et gazier depuis 22 ans, » a déclaré Michael Janssen, un directeur des opérations. « Chaque fois que nous essayons de développer nos ressources, on a l’impression de se battre contre notre propre pays. Smith dit simplement tout haut ce que beaucoup d’entre nous pensent depuis des années. »
Assise en face de lui, Ellen Crawford, enseignante à la retraite, a répliqué: « Mais nous sommes plus forts ensemble. Ces approches conflictuelles ne font que nous éloigner davantage alors que nous avons besoin de coopération sur le changement climatique, les soins de santé et l’économie. »
Le débat s’étend au-delà des frontières de l’Alberta. Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, a exprimé son soutien à plusieurs positions de Smith, tandis que les premiers ministres des provinces de l’Est ont fait part de leurs préoccupations concernant les précédents potentiels qui seraient établis.
La réponse fédérale a été mesurée mais ferme. Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré la semaine dernière que, bien qu’il respecte la juridiction provinciale, certaines questions restent fermement sous l’autorité fédérale. « Nous restons ouverts au dialogue constructif, mais l’intégrité des programmes nationaux doit être maintenue, » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Montréal.
Ce qui distingue cette ronde de tensions fédérales-provinciales, c’est son timing parallèle à l’incertitude économique croissante. Avec l’inflation qui continue de peser sur les budgets des ménages et les taux d’intérêt qui affectent tout, des hypothèques aux prêts pour petites entreprises, de nombreux Calgariens expriment leur lassitude face aux batailles politiques qui semblent déconnectées des préoccupations immédiates.
« J’essaie de maintenir mon restaurant à flot, » explique Maria Chavez, propriétaire d’un populaire établissement mexicain à Inglewood. « Ces grands combats idéologiques sont importants, je suppose, mais ils ne m’aident pas avec mes coûts d’approvisionnement ou mes défis de personnel aujourd’hui. »
La Chambre de commerce de Calgary a adopté une position nuancée, soutenant certains aspects de la défense provinciale tout en mettant en garde contre des approches qui pourraient accroître l’incertitude des entreprises. Leur récent sondage auprès des membres a montré des opinions divisées, avec 54% soutenant des mesures d’autonomie provinciale plus fortes et 46% préférant des approches plus collaboratives.
En tant que journaliste couvrant la politique de Calgary depuis plus d’une décennie, j’ai observé les tensions fédérales-provinciales fluctuer. Mais la division actuelle semble différente – plus enracinée et chargée émotionnellement que les chapitres précédents.
La semaine prochaine, les premiers ministres provinciaux et territoriaux se réuniront à Halifax, où les demandes de Smith domineront probablement les discussions formelles et les conversations de couloir. Les résultats pourraient soit intensifier davantage les tensions, soit potentiellement ouvrir de nouvelles voies de dialogue.
Pour l’instant, les Calgariens poursuivent leur vie quotidienne dans ce contexte de division politique – certains stimulés par le plaidoyer de Smith, d’autres préoccupés par ses implications, et beaucoup espérant simplement des solutions aux défis pratiques auxquels notre ville est confrontée.
En attendant, je continuerai à discuter avec des personnes de tous les horizons à Calgary, cherchant à comprendre comment ces disputes politiques de haut niveau se traduisent dans les expériences quotidiennes de nos diverses communautés. Après tout, au-delà du positionnement politique se trouve la véritable histoire – comment les Albertains ordinaires naviguent dans ces enjeux complexes tout en construisant leur vie dans une province qui continue d’évoluer.