La controverse autour du projet de loi sur l’eau propre en Ontario suscite des appels à la démission du ministre

Michael Chang
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La controverse qui couve autour de la législation sur l’eau potable en Ontario a atteint son point culminant cette semaine, plusieurs chefs des Premières Nations réclamant la démission de la ministre de l’Environnement Andrea Khanjin. Après avoir couvert le paysage politique environnemental de Toronto pendant près d’une décennie, j’ai rarement vu une opposition aussi unifiée des communautés autochtones face à une initiative provinciale.

Au cœur du débat se trouve le projet de loi 177, une législation qui renforcerait la protection de l’eau potable dans toute la province. Selon des documents obtenus grâce à des demandes d’accès à l’information, la ministre Khanjin semble avoir activement œuvré pour empêcher l’avancement du projet de loi, malgré son large soutien public.

« Cela représente une trahison fondamentale de la confiance, » déclare la Chef Emily Fox de la Première Nation de Serpent River. « L’eau potable n’est pas un outil de négociation politique—c’est un droit humain fondamental qui continue d’être refusé à de nombreuses communautés autochtones. »

Le projet de loi, présenté comme une initiative privée par le député néo-démocrate Ian Arthur, aurait établi des exigences de surveillance plus strictes pour les opérations industrielles près des sources d’eau et augmenté les sanctions pour les violations de contamination. Il avait gagné un soutien transpartisan surprenant avant de s’enliser en comité le mois dernier.

Ce qui rend cette situation particulièrement troublante, c’est le moment choisi. La semaine dernière, j’ai visité une installation de traitement d’eau dans le nord de l’Ontario où des ingénieurs ont expliqué les défis considérables auxquels sont confrontées de nombreuses communautés éloignées pour accéder à l’eau potable. Le contraste entre ces difficultés et l’obstruction ministérielle apparente crée un récit frappant sur les priorités provinciales.

L’Association des Iroquois et des Alliés Indiens (AIAI) s’est montrée particulièrement vocale, publiant hier une déclaration qualifiant les actions de la ministre de « poursuite d’un modèle colonial de mépris pour la santé et le bien-être des Autochtones. » Le Grand Chef Joel Abram de l’AIAI a souligné que 32 communautés des Premières Nations en Ontario font toujours face à des avis à long terme concernant l’eau potable.

Contacté pour commentaire, le bureau de la ministre Khanjin a fourni une déclaration soulignant l’engagement du gouvernement envers l’eau propre à travers les programmes existants. « Notre gouvernement a investi plus de 40 millions de dollars dans des initiatives de protection de l’eau depuis 2018, » indique la déclaration. Cependant, les critiques soulignent que ces programmes n’ont pas réussi à résoudre les problèmes systémiques qui affectent de nombreuses communautés.

La Dre Sarah Richards, experte en politique environnementale de l’Université de Toronto, suggère que cette controverse met en lumière des tensions plus profondes. « Ce que nous voyons est un désaccord fondamental sur la gouvernance environnementale, » m’a-t-elle confié lors d’un entretien téléphonique. « L’eau est-elle principalement une ressource économique à gérer ou un bien sacré à protéger? Des visions du monde différentes s’affrontent ici. »

Les implications économiques ne sont pas négligeables non plus. En parcourant les projets de revitalisation du front de mer de Toronto le mois dernier, j’ai été frappé par l’importance de l’eau propre pour la prospérité de notre ville. Marcus Wong, propriétaire d’une entreprise locale de location de kayaks opérant dans le port, a exprimé son inquiétude concernant la controverse. « Les gens viennent ici parce qu’ils font confiance à la propreté de notre eau. Si cette perception change, cela affecte les résultats de tout le monde. »

Un sondage public réalisé par la Coalition ontarienne pour l’eau propre montre qu’environ 76% des Ontariens soutiennent le renforcement des protections de l’eau, avec un soutien constant à travers les affiliations politiques. Ce large consensus rend l’opposition rapportée de la ministre particulièrement déconcertante.

Le premier ministre Doug Ford est resté notablement silencieux sur la controverse. Les analystes politiques suggèrent que cela reflète l’équilibre délicat que le gouvernement tente de maintenir entre la protection de l’environnement et les promesses de développement économique faites aux soutiens industriels.

Pendant ce temps, une coalition de groupes environnementaux prépare une manifestation à Queen’s Park mardi prochain. « Nous ne disparaîtrons pas, » affirme Sheila Johnson, militante pour l’eau. « L’eau propre ne devrait pas être controversée. »

Pour de nombreuses communautés des Premières Nations, cette question va au-delà de la politique environnementale et touche aux questions de réconciliation et de justice historique. Les promesses du gouvernement fédéral de mettre fin à tous les avis à long terme concernant l’eau potable dans les réserves des Premières Nations ont manqué à plusieurs reprises leurs échéances, accordant une importance supplémentaire à la coopération provinciale.

En tant que personne qui a couvert la relation de Toronto avec le lac Ontario pendant des années, j’ai été témoin de première main de l’impact de la qualité de l’eau sur tout, de nos loisirs à notre économie. La controverse actuelle transcende les divisions politiques typiques et touche à des valeurs que la plupart des Ontariens partagent, quelle que soit leur affiliation politique.

Reste à voir si la ministre Khanjin survivra à cette tempête. Mais une chose est claire: les appels à sa démission représentent plus qu’une simple opposition politique—ils reflètent des préoccupations profondes concernant la gouvernance environnementale et les droits des Autochtones qui continueront de façonner le paysage politique de l’Ontario.

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