Le contre-interrogatoire de la plaignante dans l’affaire très médiatisée d’agression sexuelle impliquant des membres de l’équipe canadienne junior mondiale de hockey de 2018 s’est poursuivi aujourd’hui au palais de justice de London, marquant une autre journée intense dans un procès qui a captivé l’attention nationale.
Les avocats de la défense ont pressé la jeune femme, maintenant dans la mi-vingtaine, concernant les incohérences dans son témoignage sur les événements qui se seraient déroulés dans un hôtel de London après un gala de Hockey Canada en juin 2018. Les questions ont particulièrement porté sur sa mémoire de la chronologie et des communications avant et après l’incident.
« La stratégie de la défense semble être de créer un doute raisonnable en soulignant les lacunes de mémoire, » a noté Me Samantha Patel, avocate criminaliste qui n’est pas impliquée dans l’affaire mais qui la suit de près. « C’est une pratique courante dans les procès pour agression sexuelle, bien que sans doute difficile pour les plaignantes. »
L’ambiance est restée tendue dans la salle d’audience alors que la jeune femme, dont l’identité est protégée par une interdiction de publication, a maintenu ses allégations principales tout en reconnaissant que certains détails demeurent flous en raison de son niveau d’intoxication cette nuit-là et du temps écoulé.
Pour ceux d’entre nous qui couvrent cette affaire, le poids émotionnel est palpable. Ayant couvert plusieurs procès d’agression sexuelle au cours de ma carrière à Montréal, j’ai observé à quel point ces contre-interrogatoires peuvent être éprouvants, surtout dans des affaires très médiatisées impliquant des personnalités connues.
Les procureurs de la Couronne se sont opposés à plusieurs axes de questionnement, la juge Maria Thompson maintenant certaines objections tout en accordant à la défense une latitude considérable dans leur examen. Selon les documents judiciaires, le contre-interrogatoire devrait se poursuivre demain.
À l’extérieur du palais de justice, des sympathisants de groupes de défense contre les agressions sexuelles se sont rassemblés avec des pancartes exprimant leur solidarité avec la plaignante. Pendant ce temps, des amateurs de hockey et des curieux ont créé une atmosphère inhabituelle autour de ce qui serait normalement une procédure judiciaire sobre.
« Cette affaire représente un moment important pour la responsabilisation dans le sport canadien, » a déclaré Rebecca Liu, directrice du Centre d’éthique sportive de Montréal. « Quel que soit le résultat, elle a déjà provoqué des changements substantiels dans la façon dont les organisations sportives traitent les allégations d’inconduite. »
Le procès a des implications plus larges pour Hockey Canada, qui a fait l’objet d’un examen minutieux après qu’il a été révélé que l’organisation avait réglé une poursuite liée à ces allégations. Le tollé public qui a suivi a conduit à des changements de direction et à une refonte complète de l’approche de l’organisation face aux cas d’inconduite sexuelle.
Dr. James Thornton, professeur de gestion sportive à l’Université McGill, a expliqué: « Hockey Canada a mis en œuvre de nouveaux programmes de formation obligatoire et des mécanismes de signalement comme résultat direct de cette affaire. Les effets d’entraînement ont touché presque toutes les organisations sportives du pays. »
Pour contextualiser, les allégations ont été portées à l’attention du public en 2022 lorsqu’il a été révélé que Hockey Canada avait réglé une poursuite de 3,55 millions de dollars intentée par la plaignante contre l’organisation et huit joueurs non identifiés. Cela a incité la police à rouvrir son enquête, menant finalement à des accusations contre cinq anciens membres de l’équipe junior.
Le procès devrait durer plusieurs semaines encore, les avocats de la défense indiquant qu’ils prévoient appeler plusieurs témoins pour contrer le témoignage de la plaignante. Les experts juridiques suggèrent que l’affaire pourrait finalement dépendre de la façon dont les jurés interprètent la question du consentement étant donné les circonstances décrites.
La cour reprendra demain matin à 9h30, la défense devant poursuivre son contre-interrogatoire avant de passer à sa liste de témoins plus tard cette semaine.