Dans une initiative audacieuse qui témoigne de l’influence croissante de Toronto à l’intersection de la technologie et des sciences humaines, le Collège George Brown a annoncé hier qu’il accueillera un panel novateur sur l’intelligence artificielle et l’éducation en sciences humaines dans le cadre du Congrès 2025.
Le panel, intitulé « Réimaginer les diplômés en sciences humaines dans un marché du travail dominé par l’IA », rassemble une impressionnante brochette de leaders technologiques, philosophes et experts en éducation de partout au Canada. C’est la première fois que cette prestigieuse conférence académique consacre un forum d’une journée entière à examiner comment les disciplines des sciences humaines doivent évoluer en réponse à l’intelligence artificielle.
« Nous assistons à un fascinant point de bascule dans l’éducation, » affirme Dre Leila Nguyen, doyenne des Arts et du Design au Collège George Brown. « Loin de rendre les sciences humaines obsolètes, l’IA crée en fait une nouvelle demande pour la pensée critique et le raisonnement éthique qui constituent l’épine dorsale de ces disciplines. »
Le moment ne pourrait être plus pertinent pour le secteur technologique en pleine expansion de Toronto. Selon un récent rapport de la Chambre de commerce de l’Ontario, les offres d’emploi liées à l’IA dans la région du Grand Toronto ont augmenté de 172% depuis 2021, près de 40% de ces postes recherchant des candidats avec une formation en sciences humaines.
« L’aspect technique de l’IA n’est qu’une pièce du casse-tête, » explique Marcus Wentworth, directeur de l’éthique chez Ethical AI Solutions, une entreprise torontoise. « Les entreprises découvrent qu’elles ont désespérément besoin de personnes qui comprennent le contexte culturel, les implications éthiques et les schémas de comportement humain. C’est là que les diplômés en sciences humaines excellent. »
Le panel explorera plusieurs questions pressantes auxquelles font face les éducateurs et les étudiants. Comment les programmes de sciences humaines devraient-ils adapter leurs programmes pour préparer les diplômés aux milieux de travail intégrant l’IA? Quelles nouvelles carrières émergent à l’intersection de la technologie et des sciences humaines? Et peut-être plus crucialement, comment les perspectives humanistes peuvent-elles contribuer à façonner des systèmes d’IA plus éthiques et inclusifs?
Le Collège George Brown semble particulièrement bien placé pour accueillir une telle conversation. L’établissement du centre-ville a récemment introduit plusieurs programmes innovants fusionnant les compétences techniques en IA avec les approches traditionnelles des sciences humaines, notamment leur nouveau programme de certificat en Humanités numériques qui débutera cet automne.
« Nous brisons les barrières artificielles entre l’éducation technique et humaniste, » déclare la présidente du Collège, Tamara Williams. « Notre emplacement au cœur de Toronto nous place au centre de cette conversation, entourés à la fois de startups technologiques et d’institutions culturelles qui se débattent avec ces mêmes questions. »
L’annonce a suscité un intérêt considérable parmi les étudiants locaux. Emily Chen, étudiante en troisième année de littérature anglaise à l’Université de Toronto qui prévoit d’y assister, m’a confié qu’elle reconsidère sa trajectoire professionnelle en fonction de ces nouvelles opportunités.
« J’ai toujours aimé la littérature, mais je m’inquiétais des perspectives d’emploi, » dit Chen. « Apprendre que les entreprises valorisent réellement mes compétences analytiques et ma compréhension culturelle dans le développement de systèmes d’IA est franchement un soulagement. J’envisage d’ajouter quelques cours de science des données le semestre prochain. »
Le Congrès 2025, le plus grand rassemblement canadien de chercheurs en sciences humaines et sociales, devrait attirer plus de 8 000 participants à Toronto. Le panel sur les humanités et l’IA, prévu pour le 31 mai au campus riverain de George Brown, suscite déjà l’intérêt des étudiants, éducateurs et professionnels de l’industrie.
Dr Adeyemi Oladele de la Société royale du Canada, qui animera le panel, a souligné l’actualité de cette conversation.
« Nous sommes à un point d’inflexion crucial, » note Oladele. « Soit les disciplines des sciences humaines s’adaptent pour interagir de manière significative avec l’IA, soit elles risquent une marginalisation accrue. Ce panel représente un pas important vers la première option. »
Cette annonce s’inscrit dans le cadre de discussions plus larges sur l’avenir de l’enseignement supérieur en Ontario. Le gouvernement provincial a récemment alloué 25 millions de dollars aux programmes qui font le pont entre les compétences technologiques et l’éducation traditionnelle en arts libéraux – un changement par rapport aux modèles de financement précédents qui privilégiaient fortement les domaines STIM.
Pour la communauté croissante de startups en IA de Toronto, le panel représente une opportunité de se connecter avec des talents potentiels issus de parcours non traditionnels.
« Certains de nos membres d’équipe les plus innovants viennent de formations en philosophie, anthropologie et littérature, » affirme Sophia Kim, fondatrice de LinguaLogic, une startup torontoise spécialisée dans le traitement du langage naturel. « Ils apportent des perspectives sur le langage et l’interaction humaine que les employés purement techniques manquent souvent. »
L’événement proposera également des ateliers interactifs où les participants pourront interagir directement avec des outils d’IA conçus pour compléter la recherche et l’enseignement en sciences humaines.
Alors que Toronto continue de se positionner comme un pôle mondial de l’IA, des conversations comme celle-ci soulignent le potentiel de la ville à diriger non seulement l’innovation technique, mais aussi l’intégration réfléchie de ces avancées avec des valeurs humanistes. Pour une ville construite sur le multiculturalisme et la diversité de pensée, ce rôle de leadership semble tout à fait approprié.
Les inscriptions pour le panel ouvriront le mois prochain via le site web du Congrès 2025. Le Collège George Brown offrira également un nombre limité de billets publics pour les résidents locaux intéressés à participer à cette conversation opportune sur l’avenir de l’éducation, du travail et du développement technologique.