La Commission de surveillance de la police de l’Alberta supervisera les enquêtes sur les inconduites

James Dawson
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Le paysage policier de l’Alberta connaît un changement majeur

Le système de responsabilisation policière de la province subit une refonte substantielle. Le gouvernement de la première ministre Danielle Smith a annoncé hier la création de la Commission de surveillance policière de l’Alberta, un nouvel organisme provincial qui supervisera les enquêtes sur les incidents policiers graves et les allégations d’inconduite.

Il ne s’agit pas d’un simple remaniement bureaucratique. Pour les Calgariens qui ont suivi la relation parfois conflictuelle entre les forces de l’ordre et les organismes de surveillance, cela représente le changement le plus significatif en matière de responsabilité policière depuis des années.

La commission remplacera l’actuelle Équipe d’intervention en cas d’incident grave de l’Alberta (ASIRT) et la Commission d’examen de l’application de la loi. Elle devrait commencer ses activités au début de 2025, selon le ministre de la Sécurité publique, Mike Ellis, qui a fait l’annonce aux côtés de Dale McFee, le nouveau président de la commission.

« Après avoir couvert les questions de surveillance policière à Calgary pendant près d’une décennie, j’ai constaté personnellement comment le système actuel est aux prises avec des arriérés et des ressources limitées », affirme Heather Campbell, ancienne membre de la Commission de police de Calgary. « Cette restructuration semble viser à résoudre ces inefficacités systémiques. »

La nouvelle commission apporte plusieurs changements notables à la façon dont la conduite policière sera enquêtée dans notre province. Le plus important est sans doute l’introduction d’un modèle d’enquête à deux niveaux. Les enquêtes de niveau 1 traiteront des incidents graves causant la mort ou des blessures, tandis que le niveau 2 s’occupera d’autres allégations d’inconduite ou de violations de politiques.

McFee, qui possède une expérience considérable en tant que chef de police d’Edmonton et sous-ministre des services correctionnels et de police de la Saskatchewan, a souligné que la commission mettra l’accent sur « l’équité, la transparence et l’efficacité« . Sa nomination signale l’intention du gouvernement d’apporter une perspective policière pratique à la réforme de la surveillance.

Pour de nombreux défenseurs communautaires de Calgary, les changements apportent à la fois promesse et préoccupation. « Nous réclamons depuis longtemps une surveillance plus robuste et transparente », note Courtney Walcott, conseiller municipal et défenseur de la réforme policière. « Mais l’efficacité de ce nouvel organisme dépendra entièrement de son indépendance réelle face à l’influence politique. »

La création de la commission fait suite aux recommandations de l’examen de la Loi sur la police de 2018, qui a identifié d’importantes lacunes dans les mécanismes de surveillance policière de l’Alberta. L’ASIRT, en particulier, a fait l’objet de critiques persistantes concernant les retards d’enquête, certains cas s’étirant sur des années avant d’être résolus.

Le chef du Service de police de Calgary, Mark Neufeld, a exprimé un optimisme prudent quant aux changements. « Nos agents méritent un processus équitable et rapide lorsque des incidents surviennent, » a-t-il déclaré. « En même temps, le public mérite l’assurance que les enquêtes sont approfondies et indépendantes. »

La commission aura des pouvoirs élargis par rapport aux organismes de surveillance actuels. Elle pourra enquêter non seulement sur les policiers, mais aussi sur les agents de la paix et autres personnels d’application de la loi dans toute la province. De plus, elle aura l’autorité de recommander des changements aux politiques policières et aux pratiques de formation.

Les critiques, cependant, se demandent si la nouvelle structure répond véritablement aux préoccupations fondamentales concernant la responsabilité policière. Tom Engel, président du comité de police de l’Association des avocats de la défense pénale, suggère que la réforme pourrait ne pas aller assez loin. « Le problème n’a jamais été uniquement l’efficacité, » soutient-il. « Il s’agit d’une véritable indépendance et de la volonté de tenir les agents responsables lorsqu’une inconduite se produit. »

La province s’est engagée à verser 6 millions de dollars supplémentaires pour la première année de fonctionnement de la commission. Cela représente une augmentation significative par rapport au budget actuel de l’ASIRT, qui a été mis à rude épreuve avec l’augmentation des dossiers ces dernières années.

Pour les Calgariens ordinaires, l’impact de ces changements pourrait ne pas être immédiatement apparent. Mais en tant que personne ayant couvert de nombreux incidents policiers nécessitant une enquête de l’ASIRT, j’ai observé comment les retards et le manque perçu de transparence peuvent éroder la confiance du public tant dans le processus de surveillance que dans l’application de la loi plus généralement.

Le succès de la commission dépendra probablement de plusieurs facteurs: sa capacité à mener des enquêtes en temps opportun, sa transparence avec le public, et peut-être plus crucial encore, son indépendance vis-à-vis de l’influence politique et policière.

Alors que notre ville continue de croître et d’évoluer, une surveillance policière efficace devient de plus en plus essentielle au maintien de la confiance communautaire. Reste à savoir si cette nouvelle commission représente un pas significatif en avant ou simplement une réorganisation structurelle. Ce qui est certain, c’est que les Calgariens suivront attentivement ce nouveau chapitre dans la responsabilisation policière provinciale.


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