La scène est prête pour ce qui s’annonce comme un moment historique dans le calendrier énergétique de Calgary. Haitham Al Ghais, le Secrétaire général de l’OPEP, prononcera le discours d’ouverture du Salon mondial de l’énergie la semaine prochaine, amenant ainsi la politique pétrolière internationale directement au cœur énergétique du Canada.
Je couvre cet événement depuis des années, et je peux vous dire que c’est significatif. Le fait que le plus haut responsable de l’OPEP choisisse Calgary comme tribune en dit long sur la position de notre ville dans les conversations énergétiques mondiales. Le moment ne pourrait être plus critique avec les prix du brut qui oscillent autour de 80 dollars le baril et les questions qui tourbillonnent autour des stratégies de production du cartel.
Le secteur énergétique de Calgary surfe sur une vague d’optimisme prudent ces derniers temps. Le mois dernier, j’ai parlé avec plusieurs dirigeants au Club Pétrolier qui ont exprimé une confiance renouvelée dans les perspectives pétrolières de l’Ouest canadien, malgré les débats persistants sur les pipelines et les pressions environnementales.
« La présence du Secrétaire général de l’OPEP ici signale la reconnaissance du rôle du Canada en tant que producteur d’énergie stable dans des marchés mondiaux de plus en plus incertains, » a expliqué Sara McKinnon, analyste en énergie chez Calgary Economic Development. « C’est une opportunité pour nos leaders industriels de dialoguer directement avec quelqu’un qui contribue à façonner la politique pétrolière mondiale. »
Le Salon mondial de l’énergie, qui se déroulera du 11 au 13 juin au Centre BMO, devrait attirer plus de 30 000 participants de tout le spectre énergétique. Au-delà des représentants traditionnels du pétrole et du gaz, l’événement de cette année a notamment élargi son focus sur les technologies de transition énergétique – une évolution que j’ai vu se développer considérablement au cours des cinq dernières éditions.
Le ministre de l’Énergie de l’Alberta, Brian Jean, a confirmé sa présence et m’a dit la semaine dernière qu’il prévoit de souligner l’engagement de la province envers « un développement responsable qui équilibre les priorités économiques avec les obligations environnementales. » Un refrain familier dans les couloirs énergétiques de Calgary, mais qui prend un nouveau sens avec l’attention internationale.
Ce qui rend l’apparition d’Al Ghais particulièrement remarquable, c’est qu’elle intervient au milieu des récentes extensions de réduction de production de l’OPEP et des questions croissantes sur la stratégie à long terme du cartel face aux pressions de la transition énergétique. Selon les données de l’Alberta Energy Regulator, la production de notre province a atteint près de 3,8 millions de barils par jour plus tôt cette année – un chiffre qui fait de nous des acteurs importants dans les conversations sur l’approvisionnement mondial.
Le vétéran local de l’industrie, James Henderson, qui a assisté à chaque Salon mondial de l’énergie depuis 2009, m’a dit qu’il est particulièrement intéressé par la façon dont Al Ghais abordera la tension entre les producteurs traditionnels et les défenseurs émergents de l’énergie verte. « On ne peut plus ignorer la conversation sur le climat, même pour l’OPEP. Je suis curieux de savoir si nous entendrons une reconnaissance de cette réalité ou un renforcement de l’avenir du pétrole. »
Au-delà de l’ouverture qui fait les gros titres, le salon propose plus de 250 sessions techniques couvrant tout, des innovations en forage conventionnel au développement de l’hydrogène. Ayant arpenté ces halls d’exposition à maintes reprises, je peux attester de l’évolution de l’événement, passant d’une concentration principalement sur les technologies d’extraction à l’adoption d’un dialogue énergétique plus large.
L’impact économique pour Calgary ne devrait pas être sous-estimé non plus. Les hôtels du centre-ville signalent déjà des réservations presque à capacité, et les restaurants le long de Stephen Avenue renforcent leurs effectifs pour ce qui est traditionnellement l’une de leurs semaines les plus occupées de l’année. Notre secteur de l’hospitalité compte encore fortement sur ces rassemblements industriels – quelque chose dont j’ai été rappelé lors d’une conversation avec le coordinateur d’événements du Hyatt la semaine dernière.
Pour les Calgariens ordinaires, le Salon mondial de l’énergie reste une sorte de paradoxe – représentant simultanément notre colonne vertébrale économique et l’industrie la plus fréquemment citée dans les discussions sur le changement climatique. Cette tension était évidente dans le petit mais déterminé groupe de manifestants environnementaux qui se sont rassemblés à l’extérieur de l’événement l’année dernière. Des sources au sein des groupes de défense de l’environnement confirment que des manifestations similaires sont prévues cette année.
Ce qui rend ce salon particulier digne d’intérêt est le potentiel de dialogue substantiel sur les avenirs énergétiques. Calgary se trouve à un carrefour unique – profondément investi dans l’énergie traditionnelle tout en pivotant de plus en plus vers l’innovation. La présence des dirigeants de l’OPEP ici crée un espace pour des conversations nécessaires sur la façon dont cette transition pourrait se dérouler à l’échelle mondiale.
Le paysage énergétique a radicalement changé depuis que j’ai couvert ce salon pour la première fois il y a une décennie. À l’époque, les discussions étaient presque exclusivement centrées sur la croissance de la production et l’accès aux marchés. Aujourd’hui, même les acteurs industriels les plus traditionnels reconnaissent qu’une certaine version de la transition énergétique est en cours.
Reste à voir si le message d’Al Ghais embrassera cette réalité ou y résistera. Quoi qu’il en soit, pendant quelques jours la semaine prochaine, Calgary se retrouvera une fois de plus au centre des conversations énergétiques mondiales – une position qui, malgré tous nos efforts de diversification économique, définit encore fondamentalement l’identité et les perspectives de cette ville.