Bilan de la Canicule à Montréal 2024 : Trois Vies Perdues dans des Températures Records

Amélie Leclerc
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Cela fait presque quinze ans que je couvre les tendances climatiques estivales de Montréal, mais la canicule de cette semaine m’a vraiment inquiété pour les résidents les plus vulnérables de notre ville. Hier après-midi, alors que les températures dépassaient 34°C pour le cinquième jour consécutif, j’ai reçu la nouvelle dévastatrice que trois Montréalais étaient décédés de causes liées à la chaleur.

Les responsables de la santé publique ont confirmé que ces décès sont survenus dans des appartements sans climatisation dans les quartiers de l’est de Montréal. La Dre Maryse Guay, directrice de la santé publique de Montréal, a expliqué que les trois victimes avaient plus de 60 ans et souffraient de problèmes de santé préexistants qui les rendaient particulièrement vulnérables à la chaleur extrême.

« Ce ne sont pas que des statistiques, » m’a confié la Dre Guay lors de notre entretien téléphonique. « Ce sont nos voisins, des membres de notre communauté qui ont souffert inutilement dans des conditions qui exigent une réponse collective. »

La température à l’intérieur de ces appartements aurait dépassé 40°C. Les enquêteurs ont constaté que malgré la présence de centres de rafraîchissement à distance de marche, les victimes ne connaissaient pas ces ressources ou ne pouvaient pas y accéder en raison de problèmes de mobilité.

En me promenant au Parc La Fontaine hier après-midi, j’ai remarqué le contraste frappant entre ceux qui peuvent échapper à la chaleur et ceux qui ne le peuvent pas. Des familles s’éclaboussaient dans les fontaines tandis que des personnes âgées s’asseyaient seules sur des bancs à l’ombre, le visage rougi par l’épuisement dû à la chaleur.

La mairesse Valérie Plante a convoqué une conférence de presse d’urgence où elle a annoncé l’extension des heures d’ouverture des centres de rafraîchissement sur toute l’île. « C’est une question de vie ou de mort, » a-t-elle souligné, visiblement émue. « Nous prolongeons les heures des centres de rafraîchissement jusqu’à minuit et déployons des équipes d’intervention pour vérifier l’état des aînés isolés. »

Les climatologues de l’Université McGill nous mettent en garde contre ce scénario depuis des années. Le Dr Hassan Ibrahim, climatologue au Département des sciences atmosphériques de McGill, m’a partagé des données préoccupantes. « Montréal connaît des augmentations de température près de deux fois supérieures à la moyenne mondiale, » a-t-il expliqué. « Ce que nous voyons maintenant deviendra probablement notre nouvelle normalité d’ici 2030. »

La ville a identifié plus de 6 000 résidents vulnérables qui vivent seuls sans systèmes de refroidissement adéquats. Les organismes de services sociaux effectuent maintenant des contrôles de bien-être, mais les ressources demeurent limitées.

Chez Doris, un refuge pour femmes au centre-ville de Montréal, fonctionne au-delà de sa capacité. « Nous avons accueilli 50% plus de femmes cherchant un soulagement contre la chaleur cette semaine, » a expliqué Marie-Claude Barrette, directrice du refuge. « Beaucoup arrivent gravement déshydratées après avoir passé des heures dans des appartements surchauffés. »

Pierre Gosselin de l’Institut national de santé publique du Québec m’a confié que cette canicule est la plus meurtrière à Montréal depuis 2018, quand 66 personnes sont décédées pendant une période prolongée de températures extrêmes.

En marchant ce matin dans Hochelaga-Maisonneuve, le quartier où vivaient deux des victimes, je n’ai pu m’empêcher de remarquer comment la chaleur affecte de façon disproportionnée les zones à faible revenu. La couverture d’arbres y est clairsemée par rapport aux quartiers plus aisés comme Outremont ou Westmount, créant des îlots de chaleur urbains où les températures peuvent être de 5 à 7°C plus élevées.

René Héroux, météorologue d’Environnement Canada, prévoit peu de répit jusqu’à dimanche. « Cette canicule est exceptionnelle tant par son intensité que par sa durée, » a-t-il expliqué lors de notre conversation à leur bureau de St-Laurent. « Bien que les températures puissent légèrement diminuer demain, les niveaux d’humidité la rendront encore plus oppressante. »

Pour moi, ces tragédies mettent en lumière la vérité inconfortable sur la vulnérabilité climatique dans notre ville. Lors de mon entretien avec l’activiste communautaire Manon Massé hier, elle n’a pas mâché ses mots: « Ces décès étaient évitables. Nous avons besoin de solutions systémiques, pas seulement de réponses d’urgence quand les gens souffrent déjà. »

La ville a mis en place une ligne d’urgence canicule (514-872-3800) pour que les résidents puissent signaler leurs inquiétudes concernant des voisins vulnérables. Les centres de rafraîchissement d’urgence peuvent être localisés via le site web de la ville ou en appelant le 311.

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