Canada : Avis de Voyage pour Passeport Neutre en Genre vers les États-Unis

Sara Thompson
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Dans un développement qui crée de l’incertitude pour certains voyageurs canadiens, les responsables d’Ottawa conseillent la prudence aux Canadiens possédant des passeports à genre neutre qui prévoient se rendre aux États-Unis. Cet avis survient alors que les préoccupations augmentent concernant le traitement incohérent aux postes frontaliers.

« Nous avons reçu plusieurs signalements de citoyens avec des passeports marqués ‘X’ qui ont subi des questionnements supplémentaires ou des retards, » explique Samantha Reynolds d’Affaires mondiales Canada. « Bien que la plupart des voyageurs ne rapportent aucun problème, nous croyons que les Canadiens devraient être informés des complications potentielles. »

L’avis s’adresse spécifiquement aux quelque 20 000 Canadiens qui ont opté pour le marqueur de genre « X » sur leurs passeports depuis que le Canada a introduit cette option en août 2021. Cette désignation offre une alternative à ceux qui ne s’identifient pas exclusivement comme homme ou femme.

J’ai parlé avec Jamie Wilson, un résident d’Ottawa qui a subi un interrogatoire prolongé à un poste frontalier terrestre le mois dernier. « L’agent semblait confus par mon passeport. Ce qui aurait dû être un passage de routine s’est transformé en une épreuve de 45 minutes impliquant plusieurs agents, » m’a confié Wilson lors de notre conversation dans un café local près de la Colline du Parlement.

Les États-Unis ont commencé à offrir des passeports à genre neutre à leurs propres citoyens en avril 2022, mais les procédures frontalières n’ont pas été uniformément mises à jour à tous les points d’entrée. Cette disparité a créé une mosaïque d’expériences pour les voyageurs.

Ellie Chen de l’Association canadienne des libertés civiles souligne que cette incohérence est le problème fondamental. « Nous observons un modèle inquiétant où le traitement dépend entièrement de l’agent qui traite vos documents, » a expliqué Chen lors de notre conversation téléphonique. « Certains voyageurs ne signalent aucun problème tandis que d’autres font face à des interrogatoires invasifs. »

L’avis ne suggère pas aux Canadiens d’éviter de voyager, mais recommande à ceux avec des passeports marqués X de prévoir du temps supplémentaire aux passages frontaliers et d’apporter des pièces d’identité additionnelles lorsque possible.

Transports Canada a établi un mécanisme de rétroaction pour que les voyageurs signalent leurs difficultés, espérant constituer des données qui pourraient aider à résoudre les problèmes systématiques par voies diplomatiques. « Chaque incident signalé nous aide à identifier des tendances et à travailler avec nos homologues américains sur des solutions, » note Reynolds.

Le secrétaire parlementaire du ministre des Affaires étrangères, Jordan Baker, a abordé la situation lors de la période de questions d’hier. « Nous respectons le droit souverain de toute nation d’établir des exigences d’entrée, mais nous nous attendons également à ce que tous les détenteurs de passeport canadien soient traités avec dignité, quelle que soit leur identité de genre. »

En rentrant chez moi après avoir couvert un événement communautaire au Marché By la fin de semaine dernière, j’ai entendu deux voyageurs discuter de leurs récentes expériences à la frontière. Leurs histoires contrastées – l’une sans problème, l’autre difficile – illustraient parfaitement l’imprévisibilité à laquelle les voyageurs canadiens font actuellement face.

Les responsables américains maintiennent que tous les voyageurs subissent les mêmes processus de contrôle de sécurité, indépendamment du marqueur de genre. Cependant, le porte-parole de la U.S. Customs and Border Protection, Miguel Hernandez, a reconnu que « des efforts de formation continus » sont en cours pour assurer une application cohérente des protocoles.

Pour des voyageurs comme Alex Nguyen, que j’ai rencontré lors d’une réunion locale de défense des droits, l’incohérence crée de l’anxiété. « J’ai de la famille à Boston que je visite régulièrement. Maintenant, je me demande chaque fois si ce sera un passage facile ou difficile, » ont-ils partagé.

Les experts juridiques suggèrent d’apporter des documents au-delà du simple passeport lorsque possible. « Des pièces d’identité supplémentaires émises par le gouvernement, surtout celles qui correspondent aux informations sur vos documents de voyage, peuvent aider à accélérer le processus si des questions surgissent, » conseille l’avocate en immigration Priya Sharma.

La situation met en lumière la nature évolutive des documents d’identité dans les voyages internationaux. Lorsque le Canada a introduit le marqueur X, il a rejoint une liste croissante de pays, dont l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Danemark, offrant des options non binaires.

« Il s’agit en fin de compte d’assurer que tous les Canadiens puissent voyager avec dignité, » explique Dr. Michael Thompson de l’Institut des droits de la personne de l’Université d’Ottawa. « À mesure que plus de pays adoptent une documentation inclusive, les systèmes frontaliers doivent s’adapter en conséquence. »

Pour ceux qui planifient un voyage, le gouvernement recommande de consulter le site officiel des conseils aux voyageurs pour obtenir les informations les plus à jour. La situation continue d’évoluer, avec des discussions diplomatiques en cours entre les responsables canadiens et américains.

Au fil des années où j’ai couvert les diverses communautés d’Ottawa, j’ai été témoin de première main comment des questions apparemment administratives comme les marqueurs de passeport peuvent profondément affecter la vie des gens et leur sentiment de reconnaissance. Cette situation nous rappelle que le cheminement vers des systèmes pleinement inclusifs progresse souvent de façon inégale, même entre des alliés proches comme le Canada et les États-Unis.

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