Les couloirs de l’Hôtel de Ville bourdonnaient de tension hier alors que les membres du Conseil municipal apportaient d’importants ajustements au budget 2024 de Calgary. Après des heures de débat qui se sont prolongées tard dans la soirée, les conseillers ont approuvé une augmentation du financement des services de transport en commun et de loisirs tout en réduisant simultanément les dépenses liées aux actions climatiques.
Ayant couvert ces séances budgétaires pendant plus d’une décennie, j’ai rarement vu une telle réorganisation des priorités municipales. Cette décision reflète la pression croissante des résidents qui se sont exprimés clairement: les besoins immédiats en services priment sur les initiatives environnementales à plus long terme.
« Nous répondons directement à ce que les Calgariens nous ont dit lors des assemblées publiques et à travers leurs courriers, » a expliqué le conseiller du quartier 12, Evan Spencer, lors d’une brève conversation dans le couloir après le vote. « Les gens veulent des autobus fiables et des programmes de loisirs abordables pour leurs familles, maintenant. »
Les changements approuvés comprennent 5 millions de dollars supplémentaires pour Calgary Transit afin de résoudre les problèmes de fiabilité du service qui tourmentent le système depuis la pandémie. Quiconque a attendu un autobus qui n’est jamais arrivé par -30°C comprend pourquoi cela est devenu une priorité.
Les centres de loisirs de toute la ville recevront une augmentation de 3,5 millions de dollars, visant principalement à réduire les frais de programme et à prolonger les heures d’ouverture. C’est une bonne nouvelle pour les familles qui ressentent encore les difficultés économiques malgré la position économique relativement solide de l’Alberta.
Ces augmentations s’accompagnent d’un compromis important: le Conseil a réduit d’environ 5 millions de dollars le budget préalablement alloué à la mise en œuvre de la stratégie climatique. Le fonds climatique, établi pour aider Calgary à atteindre ses objectifs d’émissions, disposera désormais de ressources considérablement réduites pour des initiatives comme la modernisation des bâtiments et les projets d’énergie renouvelable.
Sandra Meikle, militante environnementale locale de Climate Action YYC, a exprimé sa profonde déception. « Cette décision repousse effectivement nos engagements climatiques de plusieurs années. Nous comprenons que les besoins immédiats sont importants, mais le changement climatique n’attend pas un cycle budgétaire convenable. »
La réaffectation des fonds a été adoptée par un vote serré de 8 contre 7, soulignant les profondes divisions au sein du Conseil sur l’équilibre entre les demandes de service à court terme et les engagements environnementaux à long terme. La mairesse Jyoti Gondek, qui a en partie fait campagne sur l’action climatique, a finalement voté contre ces changements.
Lors d’un échange particulièrement animé, le conseiller du quartier 10, Andre Chabot, a défendu cette réorientation des ressources: « Quand les familles ne peuvent pas se permettre des cours de natation ou que les aînés ne peuvent pas se rendre à leurs rendez-vous médicaux parce que les autobus ne circulent pas, ces besoins immédiats doivent être prioritaires. »
Les impacts financiers pour les Calgariens moyens seront mitigés. Les usagers des transports en commun devraient théoriquement bénéficier d’un service plus fiable dans les mois à venir. Les frais de loisirs dans les installations municipales devraient diminuer d’environ 5 à 10% pour la plupart des programmes d’ici l’été, ce qui pourrait faire économiser à une famille de quatre personnes environ 200$ par an en activités.
Ce qui m’a le plus frappé en observant les débats d’hier, c’est à quel point ils reflétaient les conversations qui se déroulent autour des tables de cuisine à travers Calgary. Les familles font des compromis similaires entre les besoins immédiats et les investissements futurs. La décision du Conseil municipal reflète cette même tension qui se joue à l’échelle municipale.
Alors que Calgary se prépare à mettre en œuvre ces changements, le véritable test sera de voir si l’amélioration de la fiabilité des transports en commun et des programmes de loisirs plus accessibles se concrétisent dans les mois à venir. Pour les initiatives climatiques, les défenseurs se regroupent déjà pour réclamer des sources de financement alternatives ou un soutien provincial pour combler le vide.
Après avoir couvert la politique municipale de Calgary pendant près de quinze ans, ces ajustements budgétaires semblent signaler un changement plus large dans la façon dont le Conseil aborde l’allocation des ressources en période d’incertitude économique. La question demeure de savoir si cela représente un pivot temporaire ou une refonte plus fondamentale des priorités de la ville.
Pour l’instant, les Calgariens peuvent s’attendre à voir des services de transport et de loisirs améliorés d’ici l’été, tandis que les initiatives climatiques progresseront probablement à un rythme considérablement plus lent que prévu.