J’étais parmi une foule de près de 20 000 amateurs de baseball hier à Cooperstown, terre sacrée du passe-temps américain, témoin de ce qu’on ne peut décrire que comme un moment historique du baseball se déroulant sous nos yeux. Nos Blue Jays de Toronto se sont inclinés 4-1 face aux Dodgers de Los Angeles dans un match qui, malgré le score, a tenu toutes ses promesses.
L’affrontement mettait en vedette un duel de lanceurs d’exception : Max Scherzer pour nos Blue Jays contre Clayton Kershaw des Dodgers. Ensemble, ces futurs membres du Temple de la renommée cumulent sept trophées Cy Young. L’importance de ce moment n’a échappé à personne présent au terrain Doubleday, à quelques pas du Temple de la renommée du baseball où ces deux hommes se retrouveront probablement immortalisés un jour.
« Ce n’est pas simplement un match de saison régulière, » m’a confié le gérant des Blue Jays, John Schneider, avant le premier lancer. « Quand deux lanceurs légendaires s’affrontent à Cooperstown, c’est quelque chose de spécial pour les joueurs comme pour les partisans. »
Kershaw, de retour de blessure, a semblé remarquablement en forme pendant ses cinq manches, n’accordant que trois coups sûrs tout en retirant cinq frappeurs sur des prises. Le gaucher de 36 ans semblait gagner en puissance au fil du match, mélangeant sa courbe signature avec des lancers rapides d’une précision chirurgicale.
De l’autre côté, Scherzer a vaillamment bataillé pendant 4 manches et 2/3, mais a finalement été défait par le circuit décisif de trois points de Mookie Betts en cinquième manche qui a fait basculer un match serré. La frappe a dépassé le mur du champ gauche avec aisance, réduisant au silence la foule pro-Toronto qui avait fait le voyage vers le sud.
« Je me sentais bien sur le monticule, mais j’ai commis une erreur face à l’un des meilleurs frappeurs du baseball, » a reconnu Scherzer après le match. « Dans ce genre d’affrontements, c’est souvent ce qui fait la différence. »
Vladimir Guerrero Jr. a offert le seul moment fort offensif de Toronto avec un simple productif en troisième manche qui a brièvement donné l’avantage 1-0 aux Blue Jays. Ce moment a déclenché d’énormes acclamations du contingent canadien, dont plusieurs agitaient des drapeaux à feuille d’érable à travers l’enceinte historique.
Thomas Anderson, historien du baseball et résident de Cooperstown qui n’a manqué aucun match du Temple de la renommée depuis 1972, a offert une perspective sur ce cadre unique. « Ce qui rend cela spécial, c’est l’intimité du terrain Doubleday. Ces superstars modernes jouant sur le même sol où les légendes du baseball ont évolué – ça connecte les générations d’une façon que peu d’événements sportifs peuvent offrir. »
Les Blue Jays ont raté plusieurs occasions de marquer, laissant huit coureurs sur les sentiers. Une poussée particulièrement prometteuse en septième manche s’est terminée lorsque le releveur des Dodgers Blake Treinen a retiré George Springer sur des prises avec deux coureurs en position de marquer.
L’arrêt-court des Blue Jays, Bo Bichette, qui a frappé 1 en 4, a réfléchi à l’expérience plutôt qu’au résultat. « Jouer à Cooperstown est quelque chose dont je me souviendrai toujours. L’histoire ici est palpable. On peut la sentir quand on met les pieds sur le terrain. »
Selon Baseball Reference, c’était la première fois depuis 2008 que deux lanceurs avec plusieurs trophées Cy Young s’affrontaient à Cooperstown. L’ambiance correspondait à l’importance de l’événement, avec des partisans qui remplissaient les rues du petit village des heures avant le premier lancer.
Les commerçants locaux ont certainement apprécié l’afflux de visiteurs. Sarah Jenkins, qui tient une boutique de souvenirs sur la rue principale, m’a confié que les ventes ont été extraordinaires. « Nous avons eu des partisans de Toronto qui achètent tout ce qui porte un logo des Blue Jays depuis hier. Ce match apporte un impact économique considérable à notre petite communauté. »
Pour les Blue Jays, cette défaite représente un autre revers dans ce qui a été une saison difficile. Ils se retrouvent maintenant à sept matchs de retard dans la course de la division Est de la Ligue américaine. Pourtant, les joueurs semblaient comprendre l’image plus large de la vitrine d’hier.
« Parfois au baseball, il faut apprécier le moment au-delà des victoires et des défaites, » a déclaré le receveur des Blue Jays, Danny Jansen. « Jouer contre Kershaw à Cooperstown est quelque chose dont je parlerai à mes petits-enfants un jour. »
L’équipe retourne à Toronto demain pour entamer une série de trois matchs contre les Rays de Tampa Bay, mais les souvenirs créés dans le cadre le plus historique du baseball perdureront sans aucun doute. En regardant les deux équipes visiter le Temple de la renommée après le match, la compétitivité de l’après-midi a temporairement cédé la place à une appréciation partagée de la riche histoire du baseball.
À Cooperstown, même dans la défaite, nos Blue Jays ont contribué à un chapitre de l’histoire du baseball qui transcende le classement. Le temps d’un après-midi, le jeu s’est reconnecté avec ses racines tout en mettant en valeur ses stars actuelles en parfaite harmonie.