Avancée de Victoria Mboko au troisième tour de l’Open de France 2024

Michael Chang
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Les courts en terre battue de Roland-Garros sont témoins de quelque chose de spécial cette semaine alors que Victoria Mboko de Toronto poursuit son remarquable début à l’Open de France. La prodige du tennis de 17 ans a assuré sa place au troisième tour hier avec une victoire convaincante en deux sets contre la Danoise Clara Tauson, 42e mondiale, prolongeant ainsi son parcours parfait en Grand Chelem.

En observant le match depuis mon bureau au centre-ville de Toronto, il était évident qu’il ne s’agissait pas d’un simple coup de chance. Mboko a fait preuve d’une assurance dépassant son âge, combinant des coups puissants avec une maturité tactique qui contredit son jeune âge et son expérience limitée à ce niveau.

« Ce que nous voyons de Victoria est l’aboutissement d’années de travail de développement dévoué, » explique Hatem McDadi, vice-président principal de Tennis Canada. « Ses progrès dans notre programme de haute performance ont été extraordinaires, mais sa force mentale pourrait être son plus grand atout. »

Les statistiques racontent une histoire convaincante. Mboko a converti un impressionnant 63% des opportunités de break tout en sauvant 8 des 10 balles de break contre son service. Plus révélateur encore, elle a maintenu son calme après avoir perdu son service en début de deuxième set, reprenant immédiatement le break pour retrouver son élan.

La communauté du tennis de Toronto bourdonne du potentiel de Mboko depuis des années. J’ai couvert son développement pour la première fois il y a trois ans lorsqu’elle s’entraînait au complexe du Stade Sobeys à North York. Déjà à l’époque, les entraîneurs murmuraient à propos de son timing exceptionnel et de sa vision du jeu.

« Victoria représente la prochaine génération d’excellence du tennis canadien, » déclare Michael Downey, PDG de Tennis Canada. « Suivant les traces de Bianca Andreescu et Leylah Fernandez, elle prouve que notre système de développement continue de produire des talents de classe mondiale. »

Ce qui rend le parcours de Mboko particulièrement impressionnant, c’est son cheminement jusqu’à ce moment. Contrairement à beaucoup de ses pairs ayant une vaste expérience en tournois juniors du Grand Chelem, il s’agit de sa première apparition dans un tableau principal d’un tournoi majeur. Elle a gagné sa place grâce à trois matchs de qualification éprouvants avant d’éliminer des adversaires mieux classées dans le tableau principal.

L’ascension de la jeune Torontoise ne s’est pas faite isolément. Elle s’entraîne principalement au Centre National de Tennis de Tennis Canada à l’Université York, où l’accès à un encadrement et des installations d’entraînement d’élite a accéléré son développement. Son équipe de soutien comprend des physiothérapeutes, des nutritionnistes et des consultants en performance mentale – une approche globale qui devient la norme pour développer les talents d’élite du tennis canadien.

En me promenant dans le parc Mbhaven hier soir, j’ai remarqué quelque chose qui en dit long sur l’impact de Mboko: de jeunes joueurs imitant sa technique de coup droit distinctive pendant leurs sessions d’entraînement. Cette visibilité est importante. Selon Tennis Canada, la participation féminine aux programmes de tennis dans le Grand Toronto a augmenté de 18% au cours des trois dernières années, avec une croissance particulièrement forte parmi les communautés diverses.

« Les origines de Victoria en tant que Canadienne de première génération d’héritage congolais résonnent avec de nombreux jeunes joueurs dans notre ville multiculturelle, » explique Shireen Ahmed, journaliste sportive torontoise et défenseure de l’équité. « La représentation à ce niveau peut transformer la façon dont les jeunes filles perçoivent leur propre potentiel dans le sport. »

Le prochain défi de Mboko sera contre la tête de série numéro 10, Daria Kasatkina, au troisième tour. La joueuse russe apporte une expérience significative, ayant atteint les demi-finales à Roland-Garros en 2022. Cependant, leurs styles contrastés pourraient donner lieu à un affrontement intéressant. Le jeu varié et rusé de Kasatkina mettra à l’épreuve l’approche basée sur la puissance de Mboko.

Les analystes de tennis donnent à Mboko une chance de se battre. « Ce qui m’impressionne le plus, c’est sa capacité d’adaptation, » note l’ancien capitaine canadien de Coupe Davis, Martin Laurendeau. « Elle a montré qu’elle peut ajuster ses tactiques en plein match, ce qui est rare pour quelqu’un d’aussi jeune. »

Les implications financières du parcours de Mboko sont également significatives. En atteignant le troisième tour, elle est assurée d’environ 158 000 dollars en prix – un soutien crucial pour une jeune joueuse construisant sa carrière. Plus important encore, son classement grimpera substantiellement de sa position actuelle de 137e mondiale, lui permettant potentiellement d’entrer directement dans les prochains tournois du Grand Chelem.

Pour les fans de sports de Toronto habitués à suivre les Raptors, les Maple Leafs et les Blue Jays, Mboko offre quelque chose de frais: une histoire sportive individuelle émergente avec des implications mondiales. La ville a déjà adopté des athlètes individuels – le triomphe de Bianca Andreescu à l’US Open 2019 vient à l’esprit – mais Mboko représente la prochaine génération.

Alors que Paris dort et que Toronto s’éveille, beaucoup programmeront leurs réveils pour le match du troisième tour de Mboko. Quel que soit le résultat, son parcours à Roland-Garros a déjà marqué son arrivée sur la plus grande scène du tennis. Pour une ville qui se targue de diversité et d’excellence, Victoria Mboko devient rapidement un autre nom à célébrer.

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