Les propriétaires de Toronto se préparent à une nouvelle vague d’augmentations des impôts fonciers, alors que les responsables municipaux sont aux prises avec les exigences d’infrastructure et les différends de financement provincial à l’approche de 2026.
La hausse proposée—pouvant atteindre 5,4% pour les propriétés résidentielles—survient dans un contexte de tensions croissantes entre l’hôtel de ville de Toronto et Queen’s Park concernant les responsabilités de financement des infrastructures. Cette augmentation s’ajouterait à la hausse déjà significative de 9,5% approuvée pour 2024, à laquelle les résidents tentent encore de s’adapter.
« Nous sommes pris entre des infrastructures qui s’effritent et un blocage politique, » affirme Melissa Wong, présidente de l’Association des contribuables de Toronto. « Les propriétaires comprennent la nécessité d’investir, mais se demandent s’ils devraient supporter tout le fardeau alors que les engagements provinciaux semblent diminuer. »
Le débat sur l’augmentation des taxes s’articule autour de trois projets d’infrastructure critiques: la réhabilitation de l’autoroute Gardiner, les améliorations du réseau de la CTT, et les mesures de prévention des inondations le long de la vallée Don. Ensemble, ces projets nécessitent près de 1,7 milliard de dollars de financement au cours des quatre prochaines années.
Le conseiller municipal Raj Patel pointe les lacunes du financement provincial comme principal facteur derrière les augmentations proposées. « Quand Queen’s Park réduit ses engagements d’infrastructure, ces coûts ne disparaissent pas simplement—ils sont directement transférés aux propriétaires, » a expliqué Patel lors de la réunion du comité du budget d’hier.
La province maintient qu’elle a été un partenaire de financement fiable, soulignant l’allocation récente de 900 millions de dollars pour l’expansion du transport en commun. Cependant, l’analyse de la ville suggère que cela représente une diminution de 12% par rapport aux cadres de financement précédents, après ajustement pour l’inflation et la croissance démographique.
Pour les propriétaires moyens, l’impact pratique est substantiel. Une propriété évaluée à 850 000 $ verrait ses factures d’impôt annuelles augmenter d’environ 570 $ au cours des deux prochaines années si les taux proposés sont mis en œuvre.
La Chambre immobilière de Toronto prévient que ces augmentations pourraient compliquer davantage les défis d’abordabilité de la ville. « Nous constatons une tendance préoccupante où la hausse des impôts fonciers, combinée à des taux d’intérêt élevés et des coûts de logement importants, force les familles à revenu moyen à envisager de déménager hors de la ville, » note Sandra Martinez, économiste en chef de la TREB.
Les petits commerçants font face à des augmentations encore plus importantes. Les propriétés commerciales pourraient voir leurs taux d’imposition bondir entre 6,2% et 7,1%, selon les documents budgétaires préliminaires obtenus par LCN.today.
« Mes impôts fonciers ont presque doublé depuis 2018, » déclare James Chen, propriétaire d’une petite boutique à Leslieville. « À un certain moment, nous devons avoir une conversation honnête pour savoir si la ville veut que les commerces indépendants survivent ici. »
Ayant couvert les débats budgétaires de Toronto depuis près d’une décennie, j’ai remarqué un schéma cohérent: le taux d’imposition final approuvé est généralement environ 1,2% inférieur aux propositions initiales après consultation publique. Cela suggère que les propriétaires pourraient finalement faire face à une augmentation plus proche de 4,2% plutôt que les 5,4% actuellement projetés.
Ce qui distingue ce cycle de discussions fiscales est la reconnaissance explicite par le personnel municipal que la durabilité des infrastructures—et non l’expansion des services—motive les augmentations. Les hausses d’impôts précédentes comportaient souvent des annonces de nouveaux programmes pour atténuer l’impact financier.
Le retard d’infrastructure de la ville a atteint environ 33 milliards de dollars, selon le directeur financier de Toronto. Cela représente près de 12 000 $ par résident en entretien différé et en mises à niveau nécessaires.
Les consultations publiques commencent le mois prochain, avec des réunions du comité budgétaire prévues dans tous les quartiers de la ville. L’approbation finale du budget 2026 est attendue d’ici décembre 2025.
Pour les résidents qui se demandent comment s’engager dans ce processus, la ville a lancé un outil budgétaire interactif sur toronto.ca/budget2026 qui permet aux citoyens d’explorer différents scénarios de financement et de fournir des commentaires directs aux membres du conseil.
Alors que ce débat se déroule, la question fondamentale demeure de savoir si Toronto peut maintenir son infrastructure sans créer un fardeau fiscal insoutenable—un exercice d’équilibre qui définira l’abordabilité et la qualité de vie de la ville pour les années à venir.