La tragique collision à la garderie qui a secoué notre communauté de Laval l’année dernière continue de suivre son cours dans le système judiciaire québécois, avec une importante audience désormais prévue pour septembre. Comme de nombreux Montréalais s’en souviennent trop bien, ce déchirant incident a coûté la vie à deux jeunes enfants et en a blessé plusieurs autres lorsqu’un autobus de ville s’est écrasé contre une garderie en février 2023.
Pierre Ny St-Amand, l’ancien chauffeur de la STL âgé de 52 ans qui fait face à plusieurs accusations graves, dont celle de meurtre au premier degré, a fait une brève comparution au tribunal hier. Le procureur de la Couronne a annoncé son intention de faire déclarer St-Amand comme accusé à haut risque – une désignation qui aurait un impact significatif sur ses conditions de détention s’il était déclaré non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux.
« Ce type de désignation comporte des implications sérieuses pour l’accusé, » explique Me Mia Rousseau, avocate en droit criminel à Montréal, qui n’est pas impliquée dans l’affaire. « Cela signifie essentiellement que le tribunal croit que la personne pose un risque substantiel pour la sécurité publique même si elle est déclarée non criminellement responsable. »
L’audience pour déterminer ce statut à haut risque aura lieu du 25 au 27 septembre au palais de justice de Laval. Cela représente un moment critique dans une affaire qui a profondément affecté notre communauté depuis ce matin de février où les services d’urgence se sont précipités à la Garderie Éducative Sainte-Rose.
St-Amand a été arrêté sur les lieux après que l’autobus qu’il conduisait se soit écrasé contre le bâtiment de la garderie. L’incident a coûté la vie à deux enfants : Jacob Gauthier, quatre ans, et Maëva David, cinq ans. Six autres enfants ont été blessés, certains grièvement.
L’accusé fait face à neuf chefs d’accusation au total, notamment de meurtre au premier degré, de tentative de meurtre, de voies de fait graves et d’agression armée causant des lésions corporelles. Il est détenu à l’Institut Pinel de Montréal pour évaluation psychiatrique depuis peu après son arrestation.
Les parents des victimes étaient présents au tribunal hier, comme ils l’ont été tout au long de ce difficile processus. Leur force continue face à une perte inimaginable a été remarquable, bien que leur douleur reste évidente.
« Les familles méritent des réponses et de la justice, » affirme Catherine Lemieux, militante communautaire qui a soutenu les familles touchées. « Ces procédures sont peut-être nécessaires, mais elles forcent aussi les parents à revivre cette terrible journée à chaque comparution. »
Ce qui rend cette affaire particulièrement complexe est l’aspect de l’évaluation de la santé mentale. St-Amand a subi une évaluation psychiatrique de 30 jours l’année dernière, bien que les résultats n’aient pas été rendus publics. La requête de la Couronne pour une désignation à haut risque suggère qu’ils se préparent à la possibilité d’un verdict de non-responsabilité criminelle.
Dr Jean Tremblay, psychiatre légiste au Centre universitaire de santé McGill, explique : « La désignation d’accusé à haut risque a été créée pour traiter les cas où quelqu’un pourrait être déclaré non criminellement responsable mais présente toujours un danger continu pour le public. Cela permet des conditions plus restrictives que celles typiquement imposées par une commission d’examen. »
Si déclaré accusé à haut risque, St-Amand pourrait faire face à des conditions de détention plus strictes et à des audiences de la commission d’examen moins fréquentes que les cas typiques de non-responsabilité criminelle. Ces mesures visent à équilibrer les besoins de traitement avec les préoccupations de sécurité publique.
L’audience de septembre impliquera probablement des témoignages d’experts psychiatriques ainsi que des preuves concernant la nature des infractions. Elle représente seulement une étape dans ce qui continue d’être un long processus juridique pour tous les concernés.
Le soutien communautaire pour les familles touchées reste fort plus d’un an après la tragédie. Plusieurs organismes locaux ont établi des fonds de soutien, et les événements commémoratifs continuent d’honorer les jeunes victimes.
Alors que cette affaire progresse, notre communauté montréalaise continue de faire face à la fois à la tragédie immédiate et aux questions plus larges concernant la santé mentale, la sécurité publique et la capacité du système juridique à traiter les cas impliquant des troubles mentaux potentiels.
L’audience de septembre pourrait apporter quelques réponses, mais pour les familles de Jacob, Maëva et des autres enfants touchés, la quête de compréhension et de guérison se poursuit indépendamment des résultats juridiques. Nos pensées restent avec eux alors qu’ils naviguent dans ce difficile parcours.