Jeudi dernier, j’ai interviewé Estelle Ramirez, une retraitée de 73 ans de Notre-Dame-de-Grâce dont les économies de toute une vie ont été décimées par une arnaque téléphonique sophistiquée. Son histoire m’a bouleversé, surtout lorsqu’elle m’a décrit comment l’appelant connaissait des détails sur ses activités bancaires récentes.
« C’était horrible. Je l’ai cru complètement, » m’a confié Estelle, les mains tremblantes en me montrant le compte d’épargne vide sur son application bancaire. « Il avait l’air si professionnel, connaissait mon numéro de compte, et a même mentionné mon retrait récent de 200$. »
L’escroc a appelé Estelle en prétendant appartenir au service de sécurité de sa banque, l’avertissant d’une activité suspecte sur son compte. Ce qui a rendu cette arnaque particulièrement efficace, c’était la connaissance des détails bancaires personnels de la victime et le numéro de téléphone usurpé qui affichait la ligne légitime du service clientèle de sa banque.
La police de Montréal rapporte une augmentation de 32% de ces arnaques « d’usurpation bancaire » ciblant les aînés au premier trimestre 2024. Selon l’agente Marie Tremblay de la division des fraudes du SPVM, les escrocs exploitent la technologie et la manipulation psychologique avec des effets dévastateurs.
« Ils créent un sentiment d’urgence et de peur, » a expliqué Tremblay lors de notre conversation au poste 11. « Ils convainquent les victimes que leur argent est en danger et doit être transféré immédiatement vers un ‘compte sécurisé’ — qui est en réalité contrôlé par les fraudeurs. »
Estelle a transféré 25 000$ vers ce qu’elle croyait être un compte de sécurité temporaire dans sa propre banque. Lorsqu’elle a réalisé que quelque chose n’allait pas et a contacté sa véritable banque, l’argent avait déjà disparu.
François Leblanc, expert en cybersécurité chez Desjardins, me confie que les institutions financières ne demandent jamais de transferts d’urgence par téléphone. « Les banques ont des protocoles de sécurité sophistiqués qui n’impliquent pas de transferts urgents vers de nouveaux comptes, » a-t-il souligné. « Si quelqu’un vous appelle en prétendant que votre argent est en danger, raccrochez immédiatement et appelez votre banque directement en utilisant le numéro sur votre carte. »
Ce qui m’a frappé dans le cas d’Estelle, c’est que l’arnaqueur connaissait les détails de ses transactions récentes. Cela suggère soit des fuites de données, soit du « shoulder surfing » — où des criminels observent les victimes entrer des informations aux guichets automatiques ou faire des opérations bancaires sur des réseaux Wi-Fi publics.
Robert Chin, voisin d’Estelle, a lancé une campagne de sensibilisation communautaire à NDG suite à cet incident. « Nous organisons des ateliers au