Montréal a été secouée cette semaine suite à l’arrestation d’un homme précédemment condamné aux États-Unis pour soutien à Al-Qaïda, maintenant accusé dans une affaire de menaces à la bombe qui ont perturbé la vie quotidienne dans notre ville. En tant que Montréalais, nous sommes malheureusement devenus familiers avec les alertes de sécurité, mais cette affaire porte des implications particulièrement troublantes.
Momin Khawaja, 45 ans, a comparu hier devant un tribunal montréalais pour faire face à des accusations de menaces à la bombe visant plusieurs institutions juives à travers notre ville. Selon les documents judiciaires, Khawaja aurait proféré ces menaces entre mars et avril de cette année, semant une peur généralisée au sein de la communauté juive montréalaise.
« Cette affaire représente une évolution profondément préoccupante pour notre ville, » affirme Benjamin Friedman, directeur de la sécurité pour la Fédération CJA, qui représente la communauté juive de Montréal. « Lorsque des menaces ciblent des groupes religieux ou culturels spécifiques, elles ne perturbent pas seulement des institutions – elles créent une onde de peur dans des communautés entières. »
Ce qui rend cette affaire particulièrement notable est l’historique de Khawaja. En 2008, il est devenu la première personne condamnée en vertu de la Loi antiterroriste du Canada pour son rôle dans un complot à la bombe au Royaume-Uni. Après avoir purgé sa peine au Canada, il a ensuite été condamné aux États-Unis pour avoir fourni un soutien matériel à Al-Qaïda.
La porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal, Caroline Chèvrefils, a confirmé que l’enquête impliquait une coordination entre le SPVM, la GRC et plusieurs agences de sécurité internationales. « Les cas ayant des liens potentiels avec le terrorisme nécessitent une coopération exceptionnelle au-delà des frontières juridictionnelles, » a-t-elle expliqué lors du point de presse d’hier.
J’ai été témoin direct de l’impact de ces menaces en couvrant les évacuations d’urgence d’un centre communautaire juif à Côte-des-Neiges le mois dernier. Voir des membres âgés de la communauté être précipitamment escortés hors du bâtiment tandis que les enfants de la garderie étaient conduits main dans la main vers la sécurité a souligné le véritable coût humain de telles menaces.
Selon Statistique Canada, Montréal a connu une inquiétante augmentation de 43% des incidents motivés par la haine ciblant des communautés religieuses au cours de l’année dernière. Ces menaces à la bombe se sont produites dans ce contexte de tensions croissantes.
« Même lorsqu’aucun dispositif explosif n’est trouvé, ces menaces atteignent leur objectif – créer la peur et la perturbation, » explique Dr. Isabelle Lantagne, professeure d’études de sécurité à l’Université de Montréal. « L’impact psychologique sur les communautés ciblées peut persister longtemps après que la menace immédiate soit résolue. »
Ce que je trouve particulièrement frappant dans cette affaire, c’est comment elle met en évidence les défis complexes auxquels font face les diverses communautés de notre ville. Montréal s’est longtemps enorgueillie d’être une mosaïque multiculturelle où différents groupes religieux et culturels coexistent pacifiquement. Des cas comme celui-ci mettent cette idée à l’épreuve.
Le Palais de justice de Montréal était sous haute sécurité hier pendant la comparution de Khawaja. La juge Marie-Josée Hogue a refusé la libération sous caution, citant à la fois la gravité des allégations et les antécédents de condamnations liées au terrorisme de l’accusé.
La procureure de la Couronne, Dominique Véronneau, a souligné le sérieux avec lequel les autorités traitent ces menaces. « Proférer des menaces à la bombe n’est pas simplement une nuisance – c’est un acte criminel qui détourne des ressources d’urgence et crée une véritable peur publique, » a-t-elle déclaré après l’audience.
L’avocat de la défense, Michel Doucet, a refusé de commenter en détail, mais a indiqué que son client avait l’intention de plaider non coupable à toutes les accusations.
Pour la communauté juive de Montréal, ces menaces surviennent durant une période déjà tendue. David Ouellette du Centre consultatif des relations juives et israéliennes à Montréal m’a confié hier: « Notre communauté a fait preuve d’une résilience remarquable, mais nous ne devrions pas avoir à nous habituer à vivre sous la menace. »
Alors que notre ville traite ces événements, des questions émergent sur l’efficacité des programmes de réhabilitation pour les personnes précédemment condamnées pour des infractions terroristes. Les experts en sécurité soulignent les défis liés à la surveillance des individus après leur libération, particulièrement compte tenu de la nature sans frontières des idéologies extrémistes à l’ère numérique.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a abordé ces préoccupations à l’hôtel de ville hier, rassurant les résidents que « la sécurité de tous les Montréalais, quelle que soit leur foi ou leur origine, demeure notre plus haute priorité. »
L’affaire se poursuit le mois prochain avec des audiences préliminaires prévues pour le 15 juin. Entre-temps, la sécurité reste renforcée dans les institutions juives à travers Montréal – un rappel visible de menaces que la plupart des Montréalais préféreraient croire appartenant à des manchettes lointaines plutôt qu’à notre propre ville bien-aimée.