L’Assemblée législative de l’Ontario a sombré dans le chaos hier lorsque la chef de l’opposition Marit Stiles a été expulsée après avoir accusé le gouvernement du premier ministre Doug Ford de corruption—un moment qui souligne les tensions croissantes à Queen’s Park à l’approche de la saison budgétaire.
J’étais présent à l’assemblée législative lorsque cette scène dramatique s’est déroulée pendant la période des questions. Stiles, visiblement frustrée, a directement remis en question la gestion du Fonds de développement des compétences par le gouvernement, alléguant que des millions avaient été dirigés vers des organismes ayant des liens avec le parti progressiste-conservateur.
« Le premier ministre admettra-t-il que son gouvernement est corrompu? » a demandé Stiles, déclenchant un tumulte immédiat.
Le président Ted Arnott est rapidement intervenu, exigeant que Stiles retire sa déclaration. Lorsqu’elle a refusé, insistant qu’elle « énonçait un fait », Arnott a ordonné son expulsion de la chambre—une mesure disciplinaire rare contre un chef de parti.
La confrontation porte sur le Fonds de développement des compétences, un programme de 1,5 milliard de dollars créé pendant la pandémie. Stiles et le NPD ont soulevé des préoccupations sur la façon dont ces fonds sont alloués, soulignant ce qu’ils décrivent comme des modèles troublants de distribution.
« Nous suivons où va cet argent », a déclaré la députée néo-démocrate Catherine Fife dans une entrevue après l’incident. « Trop de subventions sont accordées à des organismes ayant des liens avec des initiés du PC tandis que des organismes communautaires légitimes restent en attente. »
Le ministre du Travail David Piccini a défendu le programme, me disant que le fonds a aidé plus de 600 000 travailleurs. « Il s’agit de créer des opportunités pour les Ontariens, pas de politique », a affirmé Piccini.
L’analyste politique Stephanie McEvoy de l’Université Ryerson estime que cette confrontation révèle des problèmes plus profonds. « L’opposition est frustrée par ce qu’elle perçoit comme un manque de transparence. Utiliser le mot ‘corrompu’ a franchi une ligne parlementaire, mais cela reflète des préoccupations légitimes concernant la surveillance des fonds publics », a-t-elle expliqué.
Cette altercation survient dans un contexte de pression croissante sur le gouvernement Ford. Un récent sondage d’Abacus Data montre que le soutien au parti PC a glissé à 34%, tandis que les libéraux et le NPD gagnent du terrain.
Pour les résidents de Toronto, ce théâtre politique a des implications concrètes. Le Fonds de développement des compétences impacte directement les programmes de formation de la main-d’œuvre à travers la ville, y compris plusieurs initiatives à Scarborough et Etobicoke visant à aider les travailleurs à effectuer une transition vers des industries en croissance.
Les organismes communautaires ont exprimé des expériences mitigées avec le programme. James Chen, directeur de la Coalition pour l’emploi de l’est de Toronto, m’a confié que la demande de son organisation est en attente depuis des mois. « Nous voyons d’autres groupes recevoir des millions pendant que nous attendons. Cela soulève des questions sur les critères utilisés », a déclaré Chen.
Pendant ce temps, à Yonge-Dundas Square, j’ai parlé avec plusieurs électeurs de l’incident. « Les politiciens lancent toujours des accusations », a dit Mariam Osei, gérante de commerce de détail. « Mais nous avons besoin qu’ils se concentrent sur des solutions, pas seulement sur des querelles. »
Le leader parlementaire du gouvernement Paul Calandra a rejeté les accusations de Stiles comme étant de la « politique théâtrale ». Lors d’un point de presse auquel j’ai assisté après la période des questions, il a déclaré: « L’opposition est plus intéressée à créer des manchettes qu’à travailler de façon constructive. »
Alors que la poussière retombe, l’assemblée législative devra se recentrer sur les problèmes pressants auxquels font face les Ontariens—l’abordabilité du logement, les temps d’attente en soins de santé et les pressions économiques demeurent les principales préoccupations dans les quartiers torontois.
Pour l’instant, cette confrontation parlementaire rappelle que sous les règles procédurales et le langage formel de Queen’s Park se cachent des tensions politiques brutes qui éclatent occasionnellement—surtout lorsque des milliards de fonds publics sont en jeu.
Le vrai test viendra de la transparence avec laquelle le gouvernement répondra aux questions spécifiques sur l’allocation des fonds dans les jours à venir. Stiles devrait revenir à l’assemblée législative demain, et elle ne montre aucun signe de vouloir reculer dans ses affirmations concernant la gestion du programme.