L’air au Rogers Centre ce week-end porte une excitation indéniable alors que Shane Bieber se prépare pour ses débuts tant attendus avec les Blue Jays. Après des mois de réadaptation suite à une chirurgie de type Tommy John, l’ancien as de Cleveland est prêt à apporter sa précision à la rotation de Toronto.
« Il y a certainement de l’excitation, mais j’essaie de garder mes émotions sous contrôle, » m’a confié Bieber lors de la séance médiatique d’hier. Le calme apparent du lanceur droitier cache à peine l’anticipation qui bouillonne en lui. « Cette ville a une énergie contagieuse. J’ai hâte de ressentir ce soutien quand je monterai au monticule. »
Bieber, acquis lors d’un échange à la date limite le mois dernier alors qu’il était encore en convalescence, représente un pari calculé de la direction des Jays. À 29 ans, l’ancien gagnant du Cy Young apporte une moyenne de points mérités en carrière de 3,27 et un contrôle d’élite à un personnel de lanceurs qui avait désespérément besoin de stabilité.
« Nous avons suivi sa récupération de près, » a expliqué l’entraîneur des lanceurs des Blue Jays, Pete Walker. « Ses séances d’entraînement ont été exceptionnelles. La vélocité est là et, plus important encore, ses lancers cassants ont cette vivacité familière. »
Le parcours de réadaptation n’a pas été sans défis. La chirurgie Tommy John, qui répare le ligament collatéral ulnaire du coude d’un lanceur, nécessite généralement 12 à 18 mois de récupération. Le retour de Bieber arrive au 14e mois.
« Les protocoles modernes de réadaptation ont considérablement progressé, » a noté Dre Julie Tremblay, spécialiste en médecine sportive à l’Hôpital Général de Toronto. « Les athlètes d’aujourd’hui bénéficient de programmes de récupération plus personnalisés qui peuvent accélérer en toute sécurité les délais de retour tout en minimisant les risques de blessures récurrentes. »
Pour les partisans des Blue Jays, l’arrivée de Bieber représente plus qu’un simple bras supplémentaire. Elle signale l’engagement de l’organisation à bâtir une rotation compétitive pour la saison prochaine, malgré les résultats décevants de cette année.
Marc Thibault, détenteur d’un abonnement de saison arborant un maillot de Bieber fraîchement acheté à l’extérieur du stade, ne pouvait contenir son enthousiasme. « C’est exactement le genre de mouvement dont nous avions besoin. Même si cette saison est perdue, voir la direction planifier l’avenir nous donne espoir. »
Les implications financières ne peuvent être négligées. Bieber gagne 13,1 millions de dollars cette saison et entrera dans sa dernière année d’admissibilité à l’arbitrage cet hiver. Des sources au sein de l’organisation suggèrent que des discussions préliminaires concernant une prolongation à long terme ont déjà commencé.
« Il est exactement le type de joueur et de personne que nous voulons voir représenter cette organisation à long terme, » a déclaré le directeur général Ross Atkins lors d’une brève conversation près de l’abri des joueurs. « Son éthique de travail et sa préparation sont exceptionnelles. »
L’impact sur le terrain pourrait être immédiat. Le lancer signature de Bieber – une courbe dévastatrice qui plonge brusquement – a semblé particulièrement efficace pendant sa récupération. Selon les analyses de l’équipe, la vitesse de rotation et le profil de mouvement correspondent aux métriques d’avant sa blessure.
L’analyste locale de baseball Suzanne Lavoie croit que l’influence de Bieber s’étend au-delà de ses propres départs. « Il apporte une mentalité de champion et une routine de préparation que les jeunes lanceurs peuvent imiter. C’est une valeur inestimable pour un personnel en développement. »
Pour Bieber lui-même, rejoindre Toronto représente à la fois un nouveau départ et un retour en territoire familier. Il a affronté les Blue Jays à plusieurs reprises pendant son passage à Cleveland, notamment lors d’une performance mémorable en 2020 où il a retiré 11 frappeurs de Toronto sur des prises.
« J’ai toujours aimé lancer ici, » a déclaré Bieber, regardant autour du stade. « Le monticule est confortable, et il y a quelque chose de spécial à performer dans un marché majeur avec des partisans qui comprennent vraiment le jeu. »
L’équipe médicale des Blue Jays a développé un plan soigneusement calibré pour la charge de travail de Bieber. Il sera limité à environ 80 lancers pour ses débuts, avec des augmentations graduelles au fil de la saison.
« Nous pensons à long terme, » a souligné le préparateur physique en chef Georges Poirier. « Chaque décision concernant le programme de Shane priorise sa santé pour 2025 et au-delà. »
L’investissement de Toronto dans Bieber reflète une philosophie organisationnelle plus large. Plutôt qu’une reconstruction complète, la direction semble s’engager à se réoutiller autour de vétérans établis tout en intégrant de jeunes talents.
Alors que le Rogers Centre se remplit pour le match de ce soir, l’atmosphère semble différente. Il y a un optimisme renouvelé tandis que les partisans font la queue pour regarder la pratique au bâton, plusieurs arborant des maillots et t-shirts de Bieber créés à la hâte.
« C’est pour ça qu’on aime le baseball, » m’a confié Élise Bélanger, une partisane de longue date, en attendant dans la file de la concession. « Même dans une saison difficile, il y a toujours quelque chose à anticiper. Ce soir, c’est de voir un lanceur d’élite commencer son chapitre torontois. »
Pour Bieber, ce soir marque l’aboutissement d’innombrables heures de réadaptation, d’incertitude et de détermination. Alors qu’il montera au monticule dans le bleu de Toronto pour la première fois, il portera non seulement ses propres attentes, mais aussi les espoirs renouvelés d’une ville passionnée de baseball, impatiente de connaître les succès de demain.