Je me souviens encore du frisson qui a parcouru la salle du conseil mardi dernier lorsque le débat sur la surveillance de l’administration municipale a atteint son point culminant. Après avoir couvert l’hôtel de ville pendant près d’une décennie, on développe un certain flair pour reconnaître quand le théâtre politique habituel se transforme en quelque chose de plus significatif.
Plusieurs conseillers municipaux de Calgary réclament maintenant une révision indépendante de la structure administrative de la ville, soutenant que le système actuel manque de surveillance adéquate et de transparence. En tant que témoin de l’évolution progressive de ces préoccupations, je peux vous assurer qu’il ne s’agit pas simplement d’une posture politique routinière.
Le conseiller Dan McLean s’est imposé comme l’une des voix principales appelant à cette révision, pointant du doigt ce qu’il décrit comme un « bourbier bureaucratique » qui entrave une gouvernance efficace. « Nous avons besoin d’un regard neuf pour évaluer comment les décisions sont prises, » m’a confié McLean lors d’une brève entrevue après la réunion du conseil. « La structure actuelle n’offre tout simplement pas assez de responsabilité envers les contribuables. »
La frustration découle de ce que plusieurs conseillers perçoivent comme une administration qui fonctionne avec trop d’autonomie et trop peu de directives du conseil. Cette dynamique a créé des points de friction concernant plusieurs grands projets municipaux au cours des dernières années.
La mairesse Jyoti Gondek a reconnu ces préoccupations mais appelle à la prudence face à une restructuration hâtive. « Nous devons réfléchir soigneusement à tout changement de notre modèle administratif, » a-t-elle souligné lors de la réunion de mardi. « La stabilité dans la gouvernance est importante, surtout lorsque nous gérons des initiatives complexes de développement urbain. »
Les appels à une révision surviennent alors que Calgary fait face à des contraintes budgétaires et à des réalités économiques changeantes. La transition de notre ville vers une moindre dépendance au secteur énergétique a exercé une pression supplémentaire sur l’efficacité administrative.
Selon les documents municipaux que j’ai examinés, la structure administrative de Calgary n’a pas fait l’objet d’une évaluation indépendante complète depuis 2016. Cette évaluation, réalisée lorsque Naheed Nenshi était maire, recommandait plusieurs changements qui, selon les critiques, n’ont jamais été pleinement mis en œuvre.
La révision proposée examinerait les relations hiérarchiques, les protocoles de prise de décision et l’équilibre des pouvoirs entre les élus et les gestionnaires municipaux. Ces questions structurelles peuvent sembler techniques, mais elles ont un impact direct sur la rapidité avec laquelle les nids-de-poule sont comblés, comment les permis d’aménagement sont approuvés et, ultimement, comment les deniers publics sont dépensés.
La conseillère du quartier 1, Sonya Sharp, qui a appuyé la motion de révision, a souligné des cas précis où les décisions administratives semblaient contredire les directives du conseil. « Quand nous approuvons une politique et que nous constatons ensuite une mise en œuvre qui ne reflète pas notre intention, c’est un problème de gouvernance, » a expliqué Sharp lors de notre conversation à un événement communautaire le week-end dernier.
Ce qui rend cette situation particulièrement remarquable, c’est la coalition inhabituelle qui se forme autour de cette question. Des conseillers qui s’alignent rarement politiquement trouvent un terrain d’entente dans leur frustration face aux processus administratifs.
L’administration municipale, dirigée par le directeur municipal David Duckworth, a répondu prudemment à ces critiques. Dans une déclaration qui m’a été fournie hier, Duckworth a noté : « Nous accueillons favorablement les commentaires du conseil et nous sommes déterminés à améliorer nos processus. Notre équipe travaille avec diligence pour mettre en œuvre la vision du conseil tout en gérant les opérations quotidiennes de la ville. »
Mais certains conseillers restent sceptiques. L’un d’eux, s’exprimant sous couvert d’anonymat en raison de la sensibilité des discussions en cours, a partagé que « beaucoup d’entre nous avons le sentiment que les recommandations du conseil sont filtrées à travers trop de couches bureaucratiques, émergeant méconnaissables au stade de la mise en œuvre. »
Les données du bureau du vérificateur municipal montrent que la structure administrative de Calgary comprend environ 15 000 employés répartis dans 35 unités d’affaires. Cette vaste organisation gère tout, du fonctionnement du transport en commun aux approbations de développement, avec un budget de fonctionnement annuel dépassant 4 milliards de dollars.
Pour les Calgariens ordinaires, les implications de ce débat peuvent ne pas être immédiatement évidentes. Cependant, comme je l’ai observé en couvrant de nombreuses initiatives municipales, la structure administrative a un impact direct sur l’efficacité de la prestation des services et détermine ultimement comment vos impôts se traduisent en services municipaux.
La motion pour une révision indépendante devrait revenir au conseil pour approbation finale le mois prochain, des consultants potentiels étant déjà identifiés. Si elle est approuvée, la révision prendrait probablement six à huit mois, les recommandations étant présentées au conseil au début de l’année prochaine.
Alors que Calgary continue de naviguer dans la reprise post-pandémique et les défis de diversification économique, cette question de gouvernance souligne une tension fondamentale dans la politique municipale – trouver le juste équilibre entre l’administration professionnelle et la surveillance démocratique.
Ayant observé des révisions similaires se dérouler à Edmonton et à Ottawa ces dernières années, je peux vous dire que ces processus révèlent souvent des tensions plus profondes qu’il n’y paraît initialement. La question ne concerne pas seulement les organigrammes – elle touche à qui dirige véritablement l’orientation de notre ville.
Pour l’instant, les Calgariens devraient rester attentifs. L’issue de ce débat pourrait déterminer non seulement qui prend les décisions à l’hôtel de ville, mais aussi dans quelle mesure ces décisions répondront aux besoins de la communauté pour les années à venir.