L’affaire d’abandon d’enfant à Montréal maintient la mère en détention

Amélie Leclerc
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J’ai suivi cette affaire de près depuis qu’elle a bouleversé notre communauté la semaine dernière. La mère montréalaise accusée d’avoir abandonné ses trois jeunes enfants restera en détention pendant qu’elle subit une évaluation psychiatrique, a statué hier la juge Marie-Josée Di Lallo au palais de justice de Montréal.

La femme de 29 ans, dont l’identité demeure protégée pour préserver ses enfants, semblait visiblement en détresse lors de la brève audience. Elle fait face à trois chefs d’accusation d’abandon d’enfant après avoir prétendument laissé ses enfants – âgés de 2, 4 et 6 ans – seuls dans leur appartement de l’est de Montréal pendant ce que les autorités croient être près de trois jours.

La police a découvert les enfants après que des voisins aient signalé des pleurs persistants provenant de l’appartement. Les agents ont trouvé les enfants mal nourris et dans des conditions de détresse, mais heureusement sans blessures mettant leur vie en danger. Les trois sont maintenant sous la garde des services de protection de la jeunesse.

La procureure de la Couronne Véronique Laflamme a demandé l’évaluation psychiatrique, citant un « comportement préoccupant » affiché par l’accusée depuis son arrestation. « Les circonstances entourant cette affaire suggèrent des facteurs potentiels de santé mentale qui nécessitent une évaluation professionnelle avant de procéder, » a déclaré Laflamme aux journalistes à l’extérieur du palais de justice.

L’avocat de la défense Michel Bélanger ne s’est pas opposé à l’évaluation mais a souligné l’état vulnérable de sa cliente. « C’est une situation complexe impliquant une mère monoparentale confrontée à d’importants défis personnels, » a-t-il dit. « Nous demandons au public de s’abstenir de jugement jusqu’à ce que tous les faits émergent. »

L’évaluation psychiatrique aura lieu à l’Institut Philippe-Pinel, où des spécialistes évalueront l’état mental de la mère tant au moment de l’abandon présumé que sa capacité actuelle à subir un procès. Ce processus prend généralement 30 jours.

J’ai parlé avec la psychologue pour enfants Dr Sophie Tremblay de l’Université McGill concernant l’impact potentiel sur les enfants. « Des cas comme celui-ci créent un traumatisme important pour les jeunes enfants, » a-t-elle expliqué. « Leur sentiment de sécurité et d’attachement peut être sévèrement compromis, nécessitant une intervention spécialisée et des soins de soutien constants. »

Les statistiques du ministère de la Famille du Québec montrent une augmentation inquiétante des cas d’abandon d’enfants, avec une hausse de 12% signalée l’année dernière. De nombreux travailleurs sociaux pointent l’insuffisance des ressources en santé mentale et des systèmes de soutien pour les parents en difficulté.

La réaction de la communauté a été mitigée. Alors que beaucoup expriment leur indignation, d’autres comme Natalie Dumont du Réseau de soutien aux parents de Montréal appellent à la compassion. « Derrière ces manchettes se trouve souvent un parent en crise sans soutien adéquat, » m’a confié Dumont. « Cela représente un échec collectif de notre filet de sécurité sociale. »

L’affaire reviendra devant le tribunal le 15 août après l’achèvement de l’évaluation psychiatrique. Si elle est reconnue coupable, la mère risque des peines allant de la probation à l’emprisonnement, selon les conclusions concernant son état mental et son intention.

Alors que cette histoire continue de se développer, elle soulève d’importantes questions sur les ressources en santé mentale parentale, l’intervention en situation de crise et les soutiens disponibles pour les familles vulnérables dans notre communauté.

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