La fréquentation accrue du Comiccon de Montréal 2024 liée aux tensions commerciales américaines, selon les organisateurs

Amélie Leclerc
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En me promenant dans le Palais des congrès ce week-end, l’énergie électrique était impossible à manquer. La 16e édition du Comiccon de Montréal s’est terminée hier avec une remarquable augmentation de l’affluence, attirant plus de 65 000 fans – une hausse de 15% par rapport à l’année dernière. La mer de cosplays élaborés et de conversations animées créait une ambiance plus vibrante que toute autre édition que j’ai couverte ces dernières années.

« On observe quelque chose de fascinant cette année », m’a expliqué François Morin, directeur de la programmation du Comiccon de Montréal, lors de notre conversation au milieu du plancher bourdonnant d’activité. « Les vendeurs et artistes américains qui se concentrent habituellement sur les conventions aux États-Unis regardent de plus en plus vers le nord en raison des tensions commerciales qui affectent leurs marges de profit chez eux. »

Ce changement survient alors que les différends tarifaires en cours entre les États-Unis et la Chine ont considérablement impacté le marché des objets de collection. Plusieurs vendeurs à l’événement m’ont confié qu’ils ressentent la pression des coûts accrus pour la marchandise importée.

Michael Roux, propriétaire de Stellar Comics à Boston mais présent pour la première fois au Comiccon de Montréal cette année, a partagé son point de vue : « Quand les coûts d’importation augmentent de 20%, quelque chose doit céder. Le marché canadien, avec ses différents accords commerciaux, est soudainement devenu beaucoup plus attrayant. »

L’effet d’entraînement économique a été substantiel pour le secteur touristique montréalais. Selon Tourisme Montréal, la convention a généré environ 18,3 millions de dollars en retombées économiques pour la ville, les hôtels affichant des réservations presque à pleine capacité tout au long du week-end.

En me promenant à travers la Place d’Armes hier soir, j’ai remarqué les terrasses des restaurants remplies de participants en cape et de familles discutant de leurs expériences à la convention – une vision réjouissante pour les commerces locaux encore en convalescence des pertes de l’ère pandémique.

L’attrait international de la convention était évident dans la diversité des participants. Les organisateurs ont signalé des visiteurs de partout en Amérique du Nord, d’Europe, et même du Japon, nombreux étant attirés par l’impressionnante liste d’invités de cette année qui incluait Elijah Wood, Christopher Lloyd, et notre Karine Vanasse du Québec.

Ce qui a particulièrement attiré mon attention était l’espace élargi dédié aux talents créatifs québécois. La section « Créateurs d’ici » mettait en valeur les artistes de bande dessinée locaux, les développeurs de jeux et les cinéastes, soulignant l’influence croissante de Montréal dans le paysage mondial de la culture pop.

« C’est vraiment spécial de voir notre culture locale célébrée aux côtés des grands noms internationaux », a remarqué Julie Lemieux, une artiste de bande dessinée montréalaise dont le travail a gagné une attention significative tout au long du week-end.

L’opportunité économique n’est pas passée inaperçue auprès des responsables municipaux. La mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui a fait une apparition surprise samedi après-midi, a souligné l’importance de la convention : « Des événements comme le Comiccon renforcent la position de Montréal comme centre culturel tout en créant des opportunités économiques significatives pour nos entreprises locales. »

Les analystes de l’industrie suggèrent que cette tendance pourrait continuer tant que les tensions commerciales internationales persisteront. Sophie Granger de l’Institut économique de Montréal souligne que « nous assistons à une redistribution du circuit des conventions nord-américaines qui pourrait bénéficier aux villes canadiennes pour les années à venir. »

Pour les entreprises montréalaises, le timing ne pourrait être meilleur. La saison estivale des festivals a longtemps été cruciale pour l’économie locale, et l’ajout d’une plus forte participation aux conventions offre une stabilité bienvenue.

En observant des familles parcourir les kiosques d’artistes et des collectionneurs marchander pour des bandes dessinées vintage, les aspects économiques semblaient secondaires face à la joie pure affichée. Pourtant, l’impact financier reste significatif, particulièrement pour les créateurs indépendants.

L’artiste de bande dessinée québécois Louis-Philippe Morin a noté lors de notre conversation que « les ventes ont augmenté de près de 30% par rapport à l’année dernière. Les gens semblent plus disposés à soutenir directement les créateurs. »

Pour l’avenir, les organisateurs ont déjà annoncé les dates pour 2025, avec des plans d’agrandissement de l’espace au sol pour accommoder l’intérêt croissant des exposants internationaux. Ils travaillent également avec les hôtels locaux pour garantir de meilleurs tarifs aux participants alors que la demande augmente.

Le succès de l’événement de cette année souligne la capacité de Montréal à capitaliser sur les dynamiques changeantes du marché tout en restant fidèle à l’expérience centrée sur les fans qui a bâti la réputation du Comiccon au cours des 16 dernières années.

En quittant la convention hier, regardant les cosplayers se déverser sur la rue Saint-Antoine et se fondre dans la foule dominicale régulière, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir à la façon dont ces événements culturels apparemment de niche sont devenus des puissances économiques avec des impacts s’étendant bien au-delà de leur base de fans immédiate.

Pour Montréal, c’est un autre exemple de la façon dont les industries culturelles continuent de jouer un rôle vital dans la résilience économique et l’attrait international de la ville – même lorsque ce coup de pouce provient de circonstances mondiales inattendues.

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