Les universités de Montréal cherchent à augmenter le financement pour attirer les talents mondiaux

Amélie Leclerc
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J’ai passé la majeure partie de ma semaine à discuter avec des administrateurs universitaires à travers Montréal, et on sent une urgence palpable mêlée d’opportunité dans leurs voix. Alors que les tensions géopolitiques remodèlent le paysage académique mondial, les établissements d’enseignement de notre ville se positionnent pour devenir des acteurs encore plus importants sur la scène internationale.

« Montréal se trouve à un carrefour crucial », explique Dre Sophie Marchand, vice-rectrice aux relations internationales de l’Université McGill. « Nous avons cette remarquable concentration d’universités de classe mondiale dans une ville vibrante, sécuritaire et bilingue. Le moment ne pourrait être mieux choisi pour renforcer notre position de plaque tournante de l’éducation mondiale. »

Cette initiative survient alors que les universités de notre ville appellent Ottawa et Québec à augmenter les investissements dans les programmes qui attirent les talents internationaux, particulièrement à l’heure où les bouleversements politiques dans diverses régions du monde poussent chercheurs et étudiants à chercher de nouveaux foyers académiques.

Le président de l’Université Concordia, Graham Carr, a récemment souligné que « les juridictions concurrentes agissent de façon agressive » pour attirer les talents mondiaux. Lors de notre rencontre autour d’un café dans un petit bistro du Plateau jeudi dernier, il a insisté sur le fait que Montréal risque de prendre du retard sans investissement stratégique.

L’appel des universités ne vise pas simplement à augmenter les inscriptions. Il reflète une compréhension plus profonde de la façon dont les talents internationaux contribuent à notre écosystème local d’innovation. Montréal s’est déjà établie comme un centre de recherche en intelligence artificielle, grâce en grande partie aux chercheurs et étudiants internationaux qui ont fait de notre ville leur chez-soi.

« Quand nous attirons des esprits brillants du monde entier, tout le monde en bénéficie », affirme Marie-Claude Boivin, directrice des partenariats internationaux à l’Université de Montréal. « Ces universitaires apportent des perspectives nouvelles, forgent des connexions mondiales et restent souvent pour lancer des entreprises ou contribuer à la société québécoise. »

Cette demande de financement coïncide avec les restrictions croissantes sur la liberté académique dans plusieurs pays. Les États-Unis ont connu des contraintes politiquement motivées dans certains domaines de recherche, tandis que l’environnement académique de Hong Kong a subi d’importants changements. Ces transformations ont créé ce que les administrateurs universitaires décrivent comme une « opportunité de migration des talents » pour Montréal.

Des programmes soutenant le recrutement international existent déjà, mais les dirigeants universitaires soutiennent qu’ils sont insuffisants face à l’ampleur de l’opportunité. Le programme des Chaires de recherche du Canada a joué un rôle crucial pour attirer des chercheurs établis, mais les institutions recherchent des voies élargies pour les scientifiques en début de carrière et un soutien plus large aux étudiants internationaux.

Le week-end dernier, j’ai visité le nouveau complexe scientifique de l’UQAM avec son doyen de la recherche, qui m’a montré des espaces de laboratoire vides qui pourraient être occupés « en quelques mois » si un financement adéquat pour le recrutement international était disponible.

Le ministère de l’Enseignement supérieur du Québec a manifesté son intérêt pour cette proposition mais souligne que toute expansion nécessiterait une coordination minutieuse avec les politiques d’immigration. « Nous reconnaissons l’énorme valeur qu’apportent les talents internationaux », m’a confié un porte-parole du ministère, « mais nous devons nous assurer que notre approche s’aligne sur les priorités plus larges du Québec en matière de main-d’œuvre et de culture. »

En parcourant les couloirs des campus ces jours-ci, on peut déjà entendre des dizaines de langues – témoignage de l’attrait actuel de Montréal. Nos universités accueillent actuellement plus de 35 000 étudiants internationaux, contribuant à hauteur d’environ 1,9 milliard de dollars annuellement à l’économie provinciale, selon les chiffres du Bureau de coopération interuniversitaire.

Mais les dirigeants universitaires envisagent quelque chose de plus ambitieux : établir Montréal comme la destination nord-américaine par excellence pour les talents académiques internationaux en quête d’un environnement multilingue, culturellement riche et offrant un solide soutien à la recherche.

« Nous ne sommes pas seulement en concurrence avec Toronto ou Vancouver », note Dre Marchand. « Nous sommes en compétition avec Boston, Londres et Singapour. L’investissement nécessaire pour gagner cette compétition est substantiel, mais le retour serait transformateur pour l’avenir de Montréal. »

En quittant ma dernière entrevue hier après-midi, regardant les étudiants traverser le campus de McGill sous les arbres d’automne, je n’ai pu m’empêcher de réfléchir à ce qui est en jeu. Il ne s’agit pas simplement de prestige institutionnel ou d’impact économique – bien que les deux importent. Il s’agit du type de ville que Montréal deviendra dans les décennies à venir.

Saisirons-nous ce moment pour nous établir davantage comme un carrefour mondial pour les esprits brillants? Les universités ont présenté leur plaidoyer. C’est maintenant à nos gouvernements de répondre.

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